Communication NOV I
LES
NOVALIENS
LES ARTS
LES ARTS
DANS LA QUOTIDIENNETÉ
NOVALIENNE
De l'homme-singe à l'homme-signe
« Nous ne voulons rien d'autre
avec une humble espérance
que la plénitude éternelle
de la rose,
une suprême éternité de fleur. »
Salvador Espriu
SOMMAIRE
DE LA COMMUNICATION NOV I
1
- Les diverses formulations artistiques
2
- Arts graphiques et peinture
3
- La mosaïque murale
4
- Art sculptural et luminal
5
- La métamorphose architecturale
6
- L'urbanisme
7
- L'esthétique industrielle
8
- Les arts de vêture et de parure
9
- L'art des parfums
10
- L'orfèvrerie
11
- La poésie et la littérature
12
- La musique et le chant
13
- La chorégraphie
14
- La voie scénographique (le théâtre)
15
- La filmographie
(Photographie,
vidéographie, cinématographie et télévision)
A chaque forme du dire, sa qualité substantielle, son organisation formelle, son propre espace projectif. Toute classification hiérarchique est vaine. On ne saurait classifier les techniques de formulations artistiques en arts d'imitation ou d'invention, encore moins en arts mineurs ou majeurs, ni en arts stylisés ou informels. Chaque formule esthétique, bien que renfermant virtuellement tous les autres arts, garde sa propre expression, sous-tendue par une même exigence : L'authenticité créative et la formulation symboliste.
Pour
la clarté de notre parcours, survol d'une culture novalienne en
œuvre, nous relèverons les arts suivants :
En
un premier volet, nous aborderons brièvement les arts graphiques, la
mosaïque, la sculpture, l'architecture que nous privilégions, car
elle exalte la plupart des arts graphiques, l'urbanisme, enfin, ainsi
que l'esthétique artisanale et industrielle et les arts de vêture
et de parure, compléments indispensables à toute culture.
Dans
le second volet, nous aborderons la littérature et la poésie, la
mise en livre, le chant, la musique, la danse, la scénographie
(théâtre, music-hall), la filmographie, sans oublier la Bande
Dessinée.
Nous
aborderons, en de monographies ultérieures, les fondements
symboliques des arts que nous conclurons par une approche décisive
de nouvelles structures linguistiques.
L'art,
pour nous, n'est pas un chemin pour arriver au musée. L'art est vie.
Et la culture, pratique du bonheur.
(Nous
excluons de cette rubrique l'habileté du grand-art chirurgical,
l'art médical, les arts oratoires du prétoire comme l'art militaire
de la stratégie...)
Le tableau est métaphore théâtrale. Ce récit pictural se livre en spectacle. Scénographie, aveu public d'un exorcisme, le tableau encadre un ancrage de sens dans la probité du regard et du geste.
I - 2 - A - L'anti-art
Evitons d'évoquer les peintres infatués, dits, par malentendu, contestataires, qui ont mystifié par leur fumisterie un public - d'ailleurs jamais lassé de se laisser mystifier. Leurs toiles livraient, en série, des éclaboussures sommaires, quelques giclées rageuses pour myopes pervertis, des coups de rames par coup de tête, des griffures et bavures verbeuses, un brouillage d'aplats, délire organisé en transes, des grimaces de couleurs (dites joliment effets de matière...), bref une peinture de rage impuissante, témoins d'un siècle qui vécut tous les maux possibles du mal-être et qui témoigna de son désarroi devant toutes les barbaries.
Orientée
par les marchands, l'art est devenu une inflation nihiliste
au nom de l'inspiration, de la sincérité expérimentale, déclarée
péremptoirement instinctive, au nom de l'arbitraire-roi. Et des
informels célèbres ont osé se prétendre adeptes du
zen. Ils n'ont rien compris à sa rigueur. Leurs anti-œuvres-canulars, comme leur
« vérisme », sont du domaine strictement poétique. La
maturation artistique condamne l'automatisme, confondu avec la spontanéité et
la sincérité. L'artiste devrait savoir justifier chaque coup de
pinceau. Le dessin n'est-il pas comme la première expression de
l'estime de soi ?
(Se
reporter aux liens renvoyant aux artistes incontournables)
I
- 2 - B - Le dessin
Armature mathématique, probité de la calligraphie gestuelle, le dessin, c'est le dessein, quoique exprimé par une séduction rapide. La main trace la vision, la dé-couvre, la donne à lire. La photo a libéré la peinture du soucis de fidélité, de la reproduction des apparences, certes mais le dessin, art de création, arrache son secret à l'objet et le recrée. Le dessin articule les signifiés sur des symboles indiciels les plus puissants et sur des émotions les plus sereines.
I - 2 - C - Les couleurs
Le pouvoir expressif de la toile est mesuré selon les rapports chromatiques. La couleur, matérialité pure, dynamisme sensoriel déployé signifiance métaphorique, synchronisme entre l'aperçu et le perçu, modulations qui délimitent les valeurs de toute affirmation, rythme organique, alternance des intensités, cadence intime, calme ou agite le regard selon l'effet escompté. L'émotion y est pure, immédiate.
I - 2 - D - Les lignes
Le regard seul détermine les lignes. il n'y a que continuité, mouvement pur.
I - 2 - E - Le cadre spatial
Toute œuvre picturale s'encadre elle-même, se clôture. Le cadre spatial, espace de représentation, souligne l'individualité d'un spectacle signifiant qui s'autodétermine sans d'autre référence que lui-même. Il se suffit. Son homogénéité n'est pas nécessairement logiquement démontrable. Chaque partie, chaque syntagme pictural est d'ailleurs un centre occasionnel signifiant. Essentielle labilité. Tous les sens regardent par les yeux.
I - 2 - F - Sémiologie picturale
La synthèse harmonieuse des parties, unifiant le multiple dans un ensemble organique, champ d'organisation syntaxique autonome, où s'articulent le lisible et le visible, où tout se retrouve et se répond, dit le dessein et l'art de l'artiste et nous révèle à nous-même, miroir.
I
- 2 - G - La conception graphique assistée par ordinateur-outil
Aux outils traditionnels, vient s'ajouter l'ordinateur, accomplissant une symbiose homme-machine : L'artiste joint un laboratoire à sa vie.
L'ordinateur
prend en charge le travail qui nécessitait un très long travail
d'équipe en atelier à caractère spécifiquement artisanal. Par la
simulation intelligente des processus de création, il ouvre un champ
immense d'expériences offrant d'importantes ressources en richesses
inventives formelles. L'ordinateur par ses applications amplifie la
complexité imaginative de l'artiste, développe une idée de
composition définie par un algorithme organisé par l'artiste
signataire, maître d'œuvre, responsable sans partage, lui offrant
une très large conscience de possibles toujours renouvelés, ainsi
qu'une aide technique à la réalisation dont il ne disposait pas
encore.
L'intelligence
applicative de l'ordinateur explore systématiquement la totalité du
champ des possibles formels jusqu'à épuisement, compose avec
l'artiste et réalise toutes les œuvres possibles dont l'artiste a
fourni la matrice, le modèle original, le motif unique,
irremplaçable, personnalisé par son style, son objectif particulier
- l'œuvre initiale, autonome, résultat premier de la création
inventive. L'ordinateur (calculatrice numérique, son premier sens)
devient ordonnateur d'effets incomparables.
L'artiste-démiurge,
organisateur constructif, arrangeur génial, créateur d'innovations,
promu programmeur ordonnateur, créateur d'algorithmes, obtiendra
donc, grâce à ce relais de travail, une multiple diversité à
partir d'un modèle unique - variations innombrables autour et à
partir d'un thème concerté. Œuvres similaires, certes, exemplaires
particuliers, copies, mais qui conservent toute leur valeur sans être
banalisées. La virtualité est une promesse de réalité.
L'artiste,
d'ailleurs, ne conservera et ne signera que les meilleures de ses
œuvres. Multiplicité restreinte grâce à un tri instinctif, à un
filtrage socio-culturel, à un choix privilégiant les formes
stylistiques, les solutions les plus séduisantes, selon des critères
variables de sensualisme analytique, d'efficace harmonique ou
d'originalité exclusive... La beauté plastique étant, même,
susceptible de contrôle expérimental.
Les
domaines d'application sont de plus en plus nombreux et la créativité
humaine de plus en plus habile. Ils vont de la création de paysages
oniriques à la conception en trois dimensions du design des trains à
grande vitesse, de la simulation de pilotage d'avions ou de
sous-marins aux aventures ludiques, de la gestion simulée à la
stratégie historique, de la conception architecturale et
urbanistique à l'exploration de l'espace, de l'information à la
formation, de la création musicale assistée à la robotique et aux
effets spéciaux cinématographiques, etc.
Diagramme
de la relation artiste-ordinateur
L'artiste
créatif ➯ définit sa conception et son objectif ordonnateur ➯
utilise son ordinateur-outil ➯ crée la matrice originale de son œuvre sur une application dédiée ➯ en explore le champ graphique des possibles ➯ et peut créer autant d'œuvres similaires que nécessaire.
utilise son ordinateur-outil ➯ crée la matrice originale de son œuvre sur une application dédiée ➯ en explore le champ graphique des possibles ➯ et peut créer autant d'œuvres similaires que nécessaire.
Mais relevons que l'artiste n'utilisera la machine ordinatrice que pour exprimer une variété d'assemblages dus principalement au jeu des algorithmes, à une gratuité ludique, souvent vide de sens - maniérisme et artifices des arts optique, géométrique, cinétique... tels les portraits aux lumières croisées, les montages de symboles magiques, les lumino-graphismes décoratifs, ou les motifs de tissus, dus souvent au plus pur des hasards, etc. Cette normalisation de la qualité par une diffusion quasi massive sur le réseau de l'Internet par les Guildes des artistes concernées n'exclut absolument pas leur valeur sociale. Mais la limite.
I - 2 - H - L'avenir
La peinture-émotion chromatique sera-t-elle réservée comme thérapeutique, exercice de défoulement auto-orgasmique toujours expérimental, quelles que soient par ailleurs leurs qualités ? Le Bleu Klein nous fera toujours vibrer... La peinture de chevalet conservera éternellement toute sa valeur, mais elle servira d'œuvre-base aussi bien à la mosaïque murale qui s'intégrera dans l'architecture, à la tapisserie qu'à la sculpture...
Mais
toute formulation artistique doit, à notre sens, exprimer une
réalité vivante symbolique, et non un motif figé, mort, répété
mécaniquement à satiété.
I - 3 -
MOSAÏQUES MURALES
C'est là que nous situons, pour une grande part, l'avenir de la peinture de chevalet. La mosaïque achève la peinture de chevalet. Elle est sa destinée. Elle s'insère directement dans l'architecture. Mieux encore que la tapisserie qui connut ses heures de gloire dans un passé déjà lointain.
Les
mosaïques, avec leur 28.000 nuances de couleurs, brisent la
monotonie des murs et mettent en valeur le travail architectural. Se
trouvent ainsi favorisées une coopération étroite entre
architectes, peintres et mosaïstes, et une coordination heureuse
entre art et artisanat, conception et réalisation.
I - 4 -
ART SCULPTURAL ET LUMINAL
L'œuvre accomplie est célébration d'une vision, d'un symbole. Elle offre au regard un codage sémantique constitué par tous les éléments disponibles. L'art sculptural s'achève architecture, fondement esthétique de la société novalienne.
L'art
luminal, variante moderne de l'art sculptural, relève aussi de l'art
cinétique. La lumière est l'ultime matériau de l'âge spatial,
l'ultime développement évolutionnaire.
Tout
devient festival pour le regard : Les enseignes populaires, les
annonces publicitaires, les cités sont, toutes, la nuit, des
sculptures de lumière, des « light shows », abstraction
faite de leur rôle économique.
Mais,
face à ces lumières, on reste froid. Elles agressent trop le regard
jusqu'à tenter de l'engloutir, comme autant de miroirs dévorants,
et sans rien lui donner. Sollicité, cerné, l'individu fuit en
dehors de lui-même. Sans être jamais concerné ni obligé de
tourner son regard vers sa propre réalité, à l'intérieur de
lui-même, - objectif de tout acte artistique authentique. (Cf La
vidéographie)
I - 5 -
LA MÉTAMORPHOSE ARCHITECTURALE
Le citoyen a tendance à assassiner la planète. Actuellement, que voyons-nous ? S'étendent, lèpres, les mégalopolis, villes géantes, massives, jamais assouvies, à la croissance hasardeuse, villes impersonnelles, villes dévaluées, dégradées, dégradantes, symboles soit de la bureaucratie soit de l'individualisme agressif et avare. Nous y buvons de l'eau morte. Et nous y respirons, à petits poumons haletants, le cancer quotidien.
I - 5 - B - Le fait urbain
L'identité de chaque commune (tel un phalanstère d'autrefois) ou insula affirmée, est soulignée par l'architecture, œuvre d'art collective. Chaque centre homogène, entité urbanistique, exprime une aspiration, un choix décisif, un mode de vie. Architecture paysage, spectaculaire, matrice de l'homme vivant, architecture signifiante emblématique, elle rappelle au regard un aspect partiel ou entier de l'engagement collectif de la commune. Elle s'offre à lire, descriptive, (initiatique souvent), et tonique, expression pure, dépouillée, sans fatras, d'une volonté, de l'affirmation d'un courage. Chaque verticalité architecturale transmet un message gravé dans la forme. Spectacle symbolique qui libère des laideurs.
I - 5 - D - Construire, c'est sculpter
Le bâtisseur est un artiste créateur aux talents universels, non un exécutant machinal. L'équipe, formée de techniciens - esthéticiens - scénographes, révolutionne déjà l'art de bâtir. Chaque architecte est responsable de son œuvre. Une Union des métiers des bâtisseurs-architectes cautionne la programmation rationnelle de l'édification architecturale de la planète en accord avec les pouvoirs publics locaux et régionaux.
I - 5 - E - La synthèse architectonique
Les Unions professionnelles des travaux publics (architectes, urbanistes et ingénieurs) assument donc la responsabilité de l'édification du lieu urbain, avec la participation effective de ses futurs habitants - qui se considèrent non pas comme consommateurs d'espaces aménagés par des spécialistes inconnus, mais comme coopérants autant à l'édification qu'à l'animation, en vue d'une synthèse architectonique hommes/espace/formes/couleurs... Bien au-delà donc de l'impératif fonctionnel immédiat.
I - 5 - F - Formes-poèmes
Selon la zone, la nature du sol, le projet à réaliser, les structures-poésies architecturales s'agenceront en forme de tours, de tours à corolles, en épis de maïs, d'X, d'étoile, de toile d'araignée, de fleur, d'entonnoir, en Y ou en V, cône inversé, en A, en arbre, en cuvette, etc. Il ne s'agit pas de délire architectural mais bien d'œuvres d'art. Observons Brasilia, Dubaï et ses architectures audacieuses, Shangaï, le centre Pompidou-Metz, le musée des Confluences à Lyon, Interlace à Singapour, etc.
I - 5 - G - Le projet et la forme
Il s'agit donc d'adapter l'architecture aux besoins et objectifs intimes de chaque commune, et non pas, comme c'est souvent le cas, les habitants aux projets des architectes urbanistes.
I - 5 - H - L'habitat
Après l'édification, commence l'habitat. Chaque ensemble, planté de préférence sur pilotis, groupera, dans les étages inférieurs, les parkings, des postes de déchargement pour les fournisseurs. Le sous-sol sera réservé aux générateurs électriques autonomes et aux incinérateurs de déchets récupérés. La production électrique sera assurée soit par des éoliennes gigantesques au sommet des immeubles, soit par des panneaux solaires.
- Paramètres liés aux sites régionaux : Pentes / Vallées / Forêts / Plans d'eau / Falaises / Plaines /
- Paramètres liés aux aménagements à réaliser : Puncta / Insula / Espace libre / Espaces nourritiels / Espaces industriels / etc.
- Paramètres liés aux effets à contrôler : Eliminer tout risque de nuisance écologique / contrôler la pollution / Améliorer le cadre de vie
- Paramètres liés au facteur Temps pour la réalisation
- Paramètres liés aux matériaux de construction choisis
- Paramètres liés aux moyens de liaison urbains et interurbains (trains, bus, voiries...)
- Paramètres liés aux moyens budgétaires
- Paramètres liés aux moyens humains des différentes Unions de métier qui participent à l'élaboration du projet...
I - 6 - A - La cité insulaire
Les cités actuelles fractionnent le travail, l'habitation, le loisir. Ce vice fondamental occasionne une perte inutile de temps et d'espace : Les HLM dortoirs y sont tristes. Les usines bourdonnantes, le jour, le métro gris, les tramways bondés, caractérisent ces lieux de non-vie. Les rues sont devenues lieu de passage rapide au lieu de domaine de rencontre, où les vieillards solitaires, méprisés, promènent leurs ennuis, les enfants leur soif bridée d'aventure ou les femmes leurs peurs, couverts par une circulation automobile dense, le bruit, la pollution et l'indifférence généralisée...
L'architecture
contient le principe de tous les arts. Nous privilégions cet art
parce qu'il intègre, accomplit, exalte tous les autres arts. Notre
objectif présent sera donc de chercher à re-sacraliser l'art
architectural.
(Se
reporter aux liens renvoyant aux architectes incontournables)
I
- 5 - A - Mégalopolis
Le citoyen a tendance à assassiner la planète. Actuellement, que voyons-nous ? S'étendent, lèpres, les mégalopolis, villes géantes, massives, jamais assouvies, à la croissance hasardeuse, villes impersonnelles, villes dévaluées, dégradées, dégradantes, symboles soit de la bureaucratie soit de l'individualisme agressif et avare. Nous y buvons de l'eau morte. Et nous y respirons, à petits poumons haletants, le cancer quotidien.
Ces
bidons-villes, cirques de béton, générant la pollution, perturbent
le climat proportionnellement à leur dimension. Leur action érosive
corrosive sur la température de l'air, la proportion de vapeur d'eau
dans l'air, perturbe la vitesse des vents, la quantité d'énergie
solaire absorbée ou réfléchie à la surface du sol, favorisant des
turbulences atmosphériques et énergétiques, et, par conséquent,
dégrade l'activité humaine, devenue névrosée, happée par le
temps mort des transports.
Verrons-nous
bientôt naître des villes surmontées de coupoles transparentes, au
printemps artificiel perpétuel, où l'habitation serait
commercialisée au seul profit de ces quelques promoteurs argentés -
qui ont, eux-mêmes, par les investissements aveugles de leurs
capitaux dans l'industrie, provoqué la pollution de la terre et la
dégradation écologique ?
C'est
pour éviter de telles aberrations et arrêter la pollution, que nous
proposons une solution rationnelle viable : La formation de
punctae-communes et d'insulae architecturales semi-autonomes et leur
dispersion sur toutes les régions viables de la planète.
I - 5 - B - Le fait urbain
Après
avoir fait l'analyse du fait urbain, con-urbain et régional, nous en
avons dégagé certains principes :
1)
La ville insulaire est un organisme vivant possédant une structure
et une logique propre. Les rapports sont analogues, entre la ville et
le corps humain. Le corps n'est pas un rassemblement hétérogène
anarchique d'éléments disparates, greffés les uns sur les autres,
ni une prolifération cancéreuse. Une cohérence intime parfaite en
lie, au contraire, les parties.
2)-
La physiologie urbaine exprime le mode de vie de la société, car la
ville est le point fort de l'espace socio-économique. Le cadre est
secrété par la société et en porte témoignage durant des
siècles.
3)-
La ville est le lieu privilégié de vie commune, d'échanges, de
rencontres, d'apprentissage, de confrontation, de régulation,
d'innovation et de valorisation. L'insula est une collectivité
socialement et économiquement ouverte.
Ainsi,
selon ces principes, verrons-nous la planète entière, architecture
totale, recouverte d'un vaste réseau maillé d'architectures
punctiformes, rythmant l'espace.
Chaque
unité architecturale, la puncta, ou chaque ensemble, l'insula, sera
édifiée sur une partie de l'aire nourritielle que la commune s'est
choisie. Soit 250 m2 pour 1 km2 (dont
750 m2 de cultures) pour près de 75 habitants, ou
bien, 2500 m2 pour 10 km2 (dont
7500 m2 de cultures) pour près de 750 habitants...
Symbiose totale homme/espace vital.
I - 5 - C - L'identité architecturale
I - 5 - C - L'identité architecturale
L'identité de chaque commune (tel un phalanstère d'autrefois) ou insula affirmée, est soulignée par l'architecture, œuvre d'art collective. Chaque centre homogène, entité urbanistique, exprime une aspiration, un choix décisif, un mode de vie. Architecture paysage, spectaculaire, matrice de l'homme vivant, architecture signifiante emblématique, elle rappelle au regard un aspect partiel ou entier de l'engagement collectif de la commune. Elle s'offre à lire, descriptive, (initiatique souvent), et tonique, expression pure, dépouillée, sans fatras, d'une volonté, de l'affirmation d'un courage. Chaque verticalité architecturale transmet un message gravé dans la forme. Spectacle symbolique qui libère des laideurs.
Architecture
inventive, non massive. Que chaque unité architecturale soit un mât,
et non pas seulement une ancre.
I - 5 - D - Construire, c'est sculpter
Le bâtisseur est un artiste créateur aux talents universels, non un exécutant machinal. L'équipe, formée de techniciens - esthéticiens - scénographes, révolutionne déjà l'art de bâtir. Chaque architecte est responsable de son œuvre. Une Union des métiers des bâtisseurs-architectes cautionne la programmation rationnelle de l'édification architecturale de la planète en accord avec les pouvoirs publics locaux et régionaux.
I - 5 - E - La synthèse architectonique
Les Unions professionnelles des travaux publics (architectes, urbanistes et ingénieurs) assument donc la responsabilité de l'édification du lieu urbain, avec la participation effective de ses futurs habitants - qui se considèrent non pas comme consommateurs d'espaces aménagés par des spécialistes inconnus, mais comme coopérants autant à l'édification qu'à l'animation, en vue d'une synthèse architectonique hommes/espace/formes/couleurs... Bien au-delà donc de l'impératif fonctionnel immédiat.
Ainsi
individualiser chaque puncta, chaque insula, par une architecture
unitaire d'ombre ou de lumière, selon le climat, solides ou mobiles.
Utiliser tous les matériaux disponibles sur les lieux mêmes, ou
récemment inventés et, alors, importés. En tenant bien compte de
l'influence réciproque des rayonnements terre/matériau... Utiliser
aussi bien le plastique, la fibre de verre, les lamifiés, l'acier,
l'aluminium, le bois, la pierre ou la toile... Architecture non plus
musculaire, lourde, mais légère, presque féminine. Continue comme
un corps où chaque détail organique est essentiel à l'harmonie de
l'ensemble.
La
maîtrise d'œuvre saura utiliser aussi des structures métalliques
préfabriquées et les monter à volonté. Le maçonnage et le
scellage seront remplacés par l'assemblage et le boulonnage. L'on
pourra ainsi bâtir des structures évolutives, au fur et à mesure
de la croissance de la commune, et démonter un ensemble déserté.
Tous les éléments seront récupérés. Grâce à l'armature légère,
on disposera d'une grande variété de formes et d'aménagements
intérieurs, facilement modifiables ultérieurement selon
l'utilisation projetée : Logements flexibles, aux cloisons
pouvant se déplacer au gré de l'habitant, comme dans les
habitations japonaises traditionnelles. Et les Corporations locales
ou universelles de bâtisseurs sauront utiliser aussi bien des
architectures sans structures liées, espaces couverts polyvalents
(tentes immenses comme par exemple la
Canopée du Forum des Halles à Paris...).
I - 5 - F - Formes-poèmes
Selon la zone, la nature du sol, le projet à réaliser, les structures-poésies architecturales s'agenceront en forme de tours, de tours à corolles, en épis de maïs, d'X, d'étoile, de toile d'araignée, de fleur, d'entonnoir, en Y ou en V, cône inversé, en A, en arbre, en cuvette, etc. Il ne s'agit pas de délire architectural mais bien d'œuvres d'art. Observons Brasilia, Dubaï et ses architectures audacieuses, Shangaï, le centre Pompidou-Metz, le musée des Confluences à Lyon, Interlace à Singapour, etc.
Par
l'étagement en espalier des habitations et jardins, espaces verts
actifs, s'ouvrent toutes les possibilités de communication. Au
centre du patio-jardin, un gigantesque obélisque symbolisera la
verticalité, mât central, tour, antenne réceptrice-émettrice...
La
mise en couleur sera orchestrée de façon à réanimer la matière,
à créer un certain climat de sérénité, d'harmonie, ou à varier
à l'infini les émotions chromatiques au moyen de vitrages et de
verres colorés, de l'aluminium anodisé, des plastiques...
Organisation esthétique symboliste de l'architecture selon
l'environnement, privilégiant le regard et, conséquemment,
l'intelligence de soi et du monde.
I - 5 - G - Le projet et la forme
Il s'agit donc d'adapter l'architecture aux besoins et objectifs intimes de chaque commune, et non pas, comme c'est souvent le cas, les habitants aux projets des architectes urbanistes.
Chaque
commune devrait choisir, selon son projet vocationnel, la forme se
son habitat et de son lieu de travail, de réalisation. C'est parce
que des hommes ont un sujet d'intérêt commun, qu'ils se sont
groupés en puncta, fondant un ensemble homogène, exprimé justement
par l'architecture qu'ils se sont choisis. Utopie ?
L'orientation
de l'architecture par une référence idéologique et esthétique (à
fonction symbolique) et une volonté expérimentale vocationnelle,
comme le chromosome d'une cellule porte l'objectif final, détermine
l'avenir et les mécanismes de croissance urbaine. Bien plus que la
valeur vénale attachée à l'idée de propriété, longtemps
considérée comme atout économique décisif nous privilégions la
valeur qualitative liée à la réalisation d'une unique œuvre
d'art : la vie.
I - 5 - H - L'habitat
Après l'édification, commence l'habitat. Chaque ensemble, planté de préférence sur pilotis, groupera, dans les étages inférieurs, les parkings, des postes de déchargement pour les fournisseurs. Le sous-sol sera réservé aux générateurs électriques autonomes et aux incinérateurs de déchets récupérés. La production électrique sera assurée soit par des éoliennes gigantesques au sommet des immeubles, soit par des panneaux solaires.
Dans
les premiers étages, les services.Ils seront réservés aux
boutiques, à une épicerie coopérative, aux ateliers de travail non
polluants, aux restaurants d'auto-service... Plus haut, les
habitations communales pavillonnaires entourées de verdure. Au
sommet, les salles de formation pédagogique, de méditation, de
relaxation thérapeutique, les équipements sportifs complets, un
héliport pour engins devenus silencieux, ainsi que les installations
informationnelles (bibliothèque, discothèque, filmothèque,
récepteur et transmetteur...).
Les
appartements et les studios (non des alvéoles) aux cloisons mobiles
et larges baies vitrées, seront dépouillés, sans trop d'ornements
superflus. L'indispensable n'est pas toujours luxueux. Chaque
appartement est un lieu de recueillement et d'individuation, foyer
bien que lieu de passage. Les murs entièrement insonorisés
conserveront une température égale permanente, quelles que soient
les conditions atmosphériques extérieures. Confort presse-bouton,
certes. Les lits seront sanglés aux murs, ou, simplement, des tapis
ou des moquettes et des coussins couvriront le parquet. Le mobilier
créé spécialement par des artisans exprimera le goût des
habitants. Bien que ce soient la sobriété et la simplicité qui en
dessinent le caractère.
L'ensemble
ne se ferme pas comme une coquille, mais s'ouvre au monde comme une
fleur.
I - 5 - I - L'organigramme d'une édification se dessine comme suit
I - 5 - I - L'organigramme d'une édification se dessine comme suit
(voir l'organigramme sur la version PDF téléchargeable.)
I - 5 - J - Ecosystème
I - 5 - J - Ecosystème
Le tableau définit les principaux paramètres à considérer dans l'élaboration de tout plan architectural urbanistique :
- Paramètres liés au projet du groupe humain qui décide la création
- Paramètres pour la préservation du milieu naturel : Eau / Air / Bruit / Flore / Faune/- Paramètres liés aux sites régionaux : Pentes / Vallées / Forêts / Plans d'eau / Falaises / Plaines /
- Paramètres liés aux aménagements à réaliser : Puncta / Insula / Espace libre / Espaces nourritiels / Espaces industriels / etc.
- Paramètres liés aux effets à contrôler : Eliminer tout risque de nuisance écologique / contrôler la pollution / Améliorer le cadre de vie
- Paramètres liés au facteur Temps pour la réalisation
- Paramètres liés aux matériaux de construction choisis
- Paramètres liés aux moyens de liaison urbains et interurbains (trains, bus, voiries...)
- Paramètres liés aux moyens budgétaires
- Paramètres liés aux moyens humains des différentes Unions de métier qui participent à l'élaboration du projet...
I - 6 -
L'URBANISME
I - 6 - A - La cité insulaire
Les cités actuelles fractionnent le travail, l'habitation, le loisir. Ce vice fondamental occasionne une perte inutile de temps et d'espace : Les HLM dortoirs y sont tristes. Les usines bourdonnantes, le jour, le métro gris, les tramways bondés, caractérisent ces lieux de non-vie. Les rues sont devenues lieu de passage rapide au lieu de domaine de rencontre, où les vieillards solitaires, méprisés, promènent leurs ennuis, les enfants leur soif bridée d'aventure ou les femmes leurs peurs, couverts par une circulation automobile dense, le bruit, la pollution et l'indifférence généralisée...
On
ne divisera pas la cité insulaire en zones : Centre industriel,
résidentiel (à la périphérie), culturel, etc. La monade urbaine,
verticale, bien au contraire, regroupera en essaim des
punctae-communes spécialisées (travail artisanal, industriel,
spectacle, enseignement universitaire, ambassades culturelles
inter-régionales, recherche, etc.). Leurs membres vivront dans le
cadre de réalisation de leurs vocations respectives, évitant les
migrations quotidiennes. Cependant, on délimitera un zonage
particulier pour les ateliers-entreprises à vocation industrielle
et, par conséquent, polluantes.
Les
urbanistes aménageurs favoriseront et harmoniseront toutes les
possibilités de rencontre en optimisant les réseaux d'information,
d'équipements publics et des réseaux de communication. La
circulation est facilitée par des voies piétonnières, des routes
qui ne se coupent pas et qui relient tous les éléments de l'insula,
un réseau interne de liaisons rapides intégré à la ville comme un
ascenseur à un gratte-ciel, liaisons par monorails, bennes
suspendues, télé-canapés, tapis roulants avec places assises,
funiculaires, ascenseurs rapides, minicars-taxis électroniques,
bicycles, etc.
La
communicabilité, par la rue vidée de ses obstacles, sera
réhabilitée. Les places publiques, lieux voués aux rencontres
ainsi que les centres insulaires, se définiront d'eux-mêmes, non
pas sur plan, par les urbanistes, mais bien par les centres
d'intérêts vitaux qui s'y créeront, - souvent imprévisibles...
L'urbanisme
se définirait alors comme une pratique socio-culturelle-politique
utilisant les plus récentes acquisitions scientifiques.
La
pratique urbanistique est une science appliquée. Elle nécessite une
planification cohérente. Tout projet de construction d'une ville
nouvelle occasionne une réflexion synthétique et prospective sur
toutes les questions, notamment celles relatives à la prévention
des nuisances ou au transfert des nuisances.
Tout
germe de ville représente ce qu'est un enfant par rapport à un
adulte : il possède toutes les fonctions d'un organisme vivant.
Mais on doit en orienter la croissance afin d'éviter un
développement anarchique et afin de préserver les sites et les
micro-sites.
L'évolution
d'une monade urbaine est fonction de l'évolution des préférences
et des besoins des habitants. Le problème se pose actuellement et il
s'agit de redéfinir en commun les règles d'utilisation du collectif
urbain déjà aménagé et de son extension. Nous y reviendrons dans
les cahiers « action ».
I - 6 - B - La planète, aire collective
I - 6 - B - La planète, aire collective
Tout
s'imbrique. Pas de zonings inactifs. Chaque parcelle viable est
utilisée. Il y va de notre survie collective.
Dispersion
et diversité, avons-nous affirmé. Non pas uniformisation grise et
accumulation concentrationnaire. Dispersion : Nous l'entendons,
non comme émiettement, prolifération chaotique dans une
œcuméno-polis aux mailles lâches, mais comme l'extension du tissu
urbain en densités homogènes singulières. Urbanisme en grappes
insulaires, méga-structures, ou en punctae, structures évolutives,
selon la situation, la nature du sol, sa fertilité.
Les
liaisons entre les diverses unités insulaires se feront par
skyrails, trains sur coussins d'air, navires, tous silencieux et non
polluants.
Pour
atteindre ce but, nous nous devons tous de convaincre les
gouvernements transitoires de chaque pays, Etats-Unis d'Amérique,
Europe, Amérique latine, pays d'Asie et du Moyen-Orient, pour la
survie collective, de consacrer leurs finances en priorité à
l'organisation rationnelle de la planète. N'y a-t-il pas urgence
immédiate ?
Nous apprécions la beauté technique. Tout objet, présent constamment dans notre quotidienneté, nous nourrit d'émotions visuelles non liées strictement à sa fonctionnalité, qui, pourtant, s'intègre organiquement à sa structure essentielle, simplifiée, dépouillée. L'esthétique industrielle fonde un rapport dynamique qui féconde notre jouissance esthétique par son élégance sensuelle, son purisme, sans concession au banal, comme ces écrans muraux ou ces téléphones mobiles commandés au doigt ou à la voix, ces luminaires de Murano aux multiples reflets, ces e-books d'une simplicité remarquable...
Quant
aux objets de série, que chaque atelier, que chaque commune qui se
les acquiert, les personnalise, les rende identifiables à son propre
visage par un nouveau travail artisanal.
(Ce chapitre sera complété plus tard)
Si nous considérons la vêture comme un des arts, c'est que l'habit sert non seulement à décorer le corps, ou à le mettre en spectacle ou simplement à le couvrir pour le protéger, mais surtout à souligner, à affirmer la personnalité, la sensualité, la volonté, le courage de l'individu. C'est pourquoi nous souhaitons que la production vestimentaire reste purement artisanale. A chacun d'inventer l'habit qui l'exprime le mieux.
(Ce chapitre sera complété plus tard)
I - 9 -
L'ART DES PARFUMEURS
Les
parfumeurs-artistes, par les divers alliages des essences,
participent aux arts de parure en proposant de parfumer l'ambiance
sensuelle intime de chacun par des senteurs en accord avec la
personnalité.
Art
de complément, la parfumerie garde, néanmoins, une valeur sociale,
souvent rituélique, particulièrement importante dans la pratique
érotique. Le nier serait nier le sens qualitatif de l'odorat. Et
notre but est d'épanouir toute la personnalité de chacun.
(Ce chapitre sera complété plus tard)
Cet art participe aux arts de parure, les complète et les transcende. Sculptures minérales, les ouvrages d'orfèvrerie caressent le regard et la peau de leurs feux multipliés et l'intelligence de leurs figurations signifiantes est un rappel symbolique de réalités éternelles : soleils, étoiles, croissants, serpents enroulés, différentes croix et formes géométriques, etc.
Tous
les arts concourent à placer l'homme au sein d'un environnement
signifiant dont il aura appris à maîtriser la beauté.
(Ce chapitre sera complété plus tard)
(Se
reporter aux liens renvoyant aux magnifiques artisans de beauté)
I - 11 -
LA POÉSIE
« Poètes, parlez-nous sans cesse d'éternité. »
Diderot
« Les
poètes qui passent jettent des paroles qui passent »
Al Hallâj
Al Hallâj
I
- 11 - A - Les poètes
Il n'est pas d'usage de critiquer des poètes. Evitons de donc de parler des « poéticiens », « piètes », « pouètes » qui, parce qu'ils n'ont rien à dire, le disent, engrenant les mots, « paètes », écrivaillons vaguement missionnés, inspirés sans racines, ou « poétéraux », littérateurs verbeux, laborieusement inutiles, cartouches à blanc, maniérisme et réification des mots dans le hasard des vents... Ils troublent souvent leur eau pour qu'elle paraisse profonde.
Ils
ne savent pas - ou n'ont pas su - qu'il ne faudrait parler, écrire,
que si les mots, les pauvres mots, sont plus forts que le silence.
Leurs voix seraient, alors, nourritielles. Les poètes, privilégiés du verbe, poètes-témoins novateurs savent s'assumer. Ils fondent
la poésie sur une connaissance précise, totale, des analogies, sur
une logique multivalente, sur un regard averti - qui ne se pervertit
jamais. La parole est sacrée.
Plus
la parole est sacrée, moins les hommes parlent. Mais, autour de
nous, le langage s'est dévalué, prostitué aux expressions les plus
courtes et les plus faciles. Les bavards enserrent la terre de leurs
prétentions, jusqu'à nous étouffer. Comment nous en
dégager ?
Et
plus que de décrire la vie avec la sueur des mots, la transcrire,
l'écrire avec son sang. C'est là la découverte essentielle du
poète : Dépasser l'artifice du poème par l'aventure vécue
source. Décrire serait s'arrêter. Et s'arrêter, mourir.
Plus d'hommes de lettres, de mots, mais d'accomplissement.
Des hommes de l'être. Acte incomparable. Le monde se recrée par la poésie et les poètes
(Se
reporter aux liens renvoyant aux poètes et troubadours francophones
incontournables)
I
- 11 - B - La poésie
De l'état génial au dire. Le verbe poétique - face à l'actuel mutisme éthique.
La
poésie n'est pas, pour nous, majuscules émotives, effusion
folklorique, murmure de sentiments, bavardages littéraires
intimistes, distraction, pente facile et vaine, exercice superflu
pour oisifs à prétentions vagabondes, l'ennui fait littérature,
outrances intellectualistes, exhibitionnistes ou onanistes égarées
dans le romanesque.
La
poésie est saisie violente, vertigineuse, du réel, de l'évidence.
Rituel qui écrit le silence pur, il dit l'in-théorisable,
l'indicible. Chorégraphie heureuse des sons métaphoriques. Chaude
violence. Solennelle dans sa liberté, sa vérité, son arrogance
souvent (-le dire de l'orgueil ?).
Transcription
stylisée d'actes et de passions paroxystiques, architecture
passionnelle de colères, de certitudes, d'appels, la poésie est
écriture intégrale de vécus passionnels donnés à lire. Ecriture
qui centre ou décentre un procès, un élan. Et qu'on ne pourra
jamais défaire.
Son
domaine commence où la logique rationaliste échoue. Sur-réalité
catalytique qui conduit à un en-soi, jamais à un hors de soi. C'est
là le centre et le nœud de tous les ouvrages d'art. Poésie
descriptive, d'avertissement ou prophétique, la poésie écriture
est un délire qui fait valser les astres. Discursive, instructive,
logicienne ou créatrice d'émotions pures, elle n'est qu'un détour
afin d'arriver au silence.
La
sympoésie.
I - 11 - C - Le poème
Arbre où tout est racine, corps, prière, appel, recherche, lumière. Lieu pluriel où tout s'enchâsse dynamie. Greffes d'alliances qui scandent l'écrit tracé avec le sang.
Poème-stèle,
poème-fission, élan pro-jeté, le poème inscrit une fulguration
séquentielle formée de fulgurations successives de mythèmes, de
moelle, de rythmes orgiaques orchestrés.
Holographie
chorale. Plein relief vocal d'ivresses. Scansion d'évidences
existentielles individuées. Chorégraphie de spasmes. Rythme total,
chiffré, de clameurs de métal, de chants, d'échos. Tresse de
relations génitives, sérielles, dépouillées. Recueil de hautes
énergies vibratoires. Jonction cruciale d'extrêmes. Faisceau de
métal textuel dont le sillage pluriel est germinatif d'aurores.
Parfois
séquence de jeux verbaux exhibant des mots ponctuels, occasionnels,
inventés, pour imposer certaines images-clés, exercice d'écriture
prouvant une certaine habileté linguistique. Mais jamais un amas de
mots-images interchangeables, racolés au hasard du sensationnel,
accidentalité diversifiée, mensonge de l'automatisme, ne réussira
à fonder du sens.
Les
inférences intentionnelles obligent chaque image, chaque mot, chaque
mouvement de style à contribuer à la signifiance existentielle
entière de l'œuvre. L'agencement formel des syntagmes expressifs
narratifs s'ouvre sur des connexions signifiantes, nœuds respirant
tout l'appétit des possibles pour l'accomplissement oraculaire de la
poésie.
Le
poème, transmission de tension, affirmant son existence autonome
sans référence à l'auteur, pulvérise, par la pertinence
infra-structurelle des graphies, une haleine séminale immémoriale
génitrice de courage, de renaissances...
Culturème
qui réussit à dire le successif et le simultané de l'Etre.
I - 11 - D - La mise en mots
Nécessité d'un langage émotionnel et intellectuel, rationnel. Langage qui appartienne à l'expérience personnelle de l'auteur, qui se marque de sa personnalité. Langage qui nous remet en présence intelligente de nous-mêmes. Langage aux formes elliptiques et logistiques, où chaque mot, où chaque épiphrase, combinatoire sémique à haute tension, nous concerne, nous investit, nous scelle un espace de poésie et nous engendre nous-même poète. Parole communielle.
Magie
orale du verbe orphique. Trajet choral d'images idéelles. Anthèse
thématique, linguistique, phonétique. Présence sauvage d'une
langue sérielle, verticale. La gérance d'un langage clair, non
dénaturé par les mensonges et les ruses diplomatiques, exige une
articulation intensive et extensive d'un vocabulaire complexe et
raffiné. Effets anagrammatiques d'écriture, conceptuels et formels
concourant qui nous délivrent d'un langage abâtardi, bavard,
tricheur, saturation terroriste de l'à-peu-près, artifice pervers,
fallacieux, aberrant, délectation morose de déviants...
Le
poème exprime des certitudes impérieuses, d'une logique subtile.
Désigne l'innommable - quitte à stupéfier ou désarçonner. Son
langage, par conséquent, ne sera pas celui d'une quotidienneté
usuelle. Son désir de dire l'indicible exige des mots à substance
charnelle luxueuse, flamboyante. Mots rares, racés, précieux ou
bien brefs et purs, denses, aux pouvoirs inédits. Traces et germes
d'une mémoire visionnaire... au sein d'une phrase ramassée,
souveraine, au viol impossible.
La
musique des syllabes liquides, labiales, gutturales ou sifflantes en
gémissement, fluides, violentes ou éclatantes, dit l'exigence d'un
rythme net, cadencé, qui excite, exalte ou apaise : jouissance
respiratoire en même temps qu'émotionnelle et intellectuelle. Et
les rimes, correspondances formelles vers l'excellence...
Le
langage en mode quotidien trahit, leurre. Le dit culturel avoue
l'indicible. Mais s'il ne le révèle pas entier, du moins en
propose-t-il une approche. Le piège des mots est à traverser. Les
mots suscitent le ferme besoin de dépasser la parole vaine. Le poème
conduit jusqu'au-delà du poème. Jusqu'au silence retrouvé.
I - 11 - E - La textualité
Des paroles de vent (verba) aux paroles de chair (scripta). Le dit du dire. Le dit commande le dire et le dire décide du dit. Le tissu textuel s'ouvre par le titre : L'œuvre démontre, infirme ou critique le titre qui la couronne.
Suit
l'incipit, l'introït : Mise à feu du regard. L'image-seuil,
attraction native d'un déchirement, réalise le passage du silence à
la parole, d'une absence à l'œuvre, de l'indicible au nommé.
Prémisse structurelle, inclusion problématique, pouvoir d'ouverture
par un parcours obligé, elle dé-vide, coupe, décisive, le silence,
réveille, découvre, détermine, oriente, situe un surgissement,
fait émerger le désir et atteindre, dès le seuil, l'événement.
L'écriture inscrit la voix. Elle n'est jamais piétinement, errance.
Et
la finale : Envolée, éclatement de semences prolifères qui se
greffent au lecteur.
Entre
l'incipit et la finale, l'activité textuelle narrative se déroule.
La matière discursive définit une initiative auto-formulatrice d'un
entier défini.
L'arbre-texte
déroule, en idéogrammes fascinants, à la présence parfaitement
signifiante, une combinatoire narrative d'occurrences, modulation
scripturaire d'une rigueur formelle et conceptuelle imageante.
L'agencement verbal, selon la convenance des images, brasse une
théâtralité de vocables, consonances qui coagulent, dissonances
qui dissolvent, - toutes effets de présence.
I - 11 - F - Le mot
Mort d'un cri. Et naissance d'un courage.
Dire,
sans opacité ni complaisance, les mots à forte charge magnétique,
en inventer au besoin : Mots-moelle. Mots-espace. Mots-passage.
Mots-théâtre. Mots-ouverture...
Elan
né de l'espace, densité sonore, - le verbe atomisé -, concrétion
de la pensée, chaque mot résume une connaissance entière. Est
ouverture, illumination punctiforme, oblique ou verticale.
L'aventure
mythogénétique du mot, plus que l'interprétation littérale
limitée et les ligatures syntaxiques, réveille un haut langage,
bien loin des langages en dérive, usés, du verbalisme séduisant
mais illusoire, du factice littéraire et du cancer des mots
inhabiles, inexacts, inutiles.
Mais
ces outils créés par et pour la raison, nés à l'aube, se
décomposent et meurent hors de vie, avant même le coucher du
soleil. L'activité des mots est à dépasser. La littéralité
importe peu, en définitive.
I - 11 - G - La mise en livre
Témoignage, démasquage déployé, fiévreux, brutal, déchirement, fulguration incessante d'encre et de sang - contre quoi rien ni personne ne tient. Le livre nous subvertit ou nous réalise par/dans l'éblouissement de l'écriture : Surgissement itératif de questions et de réponses, souffle à prendre en charge - à notre propre compte.
Et
apprendre, plus tard, par le livre même, à dépasser le provisoire,
la fragilité, la mortalité du livre, qu'il soit numérique ou de
papier.
I - 11 - H - Qui parle ? A qui ?
L'auteur : Homme d'écriture, maître et proie de son écriture, de son effigie. L'écriture l'achève autant qu'il s'achève en elle. Sa faim impérieuse d'écrire, de communiquer son expérience, sa vision, l'asservit à une technique de formulation et à son exigence discursive singulière.
Génial,
il renoncera à exposer le sens de son œuvre, se refusant à tout
éclaircissement, sachant l'inadéquation de tout commentaire. Il
voudrait que son texte advenu soit seul responsable de son sens.
Le lecteur : Aussitôt suscité le désir de lire, le lecteur éprouve l'écriture, s'en injecte, s'éprouve, s'y greffe, le corps entier à l'œuvre de lecture, de prise et de sur-prise. Il éprouvera plusieurs niveaux de lecture selon la distance de son regard.
Sa
traduction contextuelle dira la qualité de l'ouvrage lu et du regard
porté. Et de leurs responsabilités individuantes dans la pratique
de l'œuvre.
«
La parole insulte au silence. L'écriture y achemine.»
Charles
Juliet
I - 12 -
LA MUSIQUE
I - 12 - A - Nature de la musique
Du son naquit la vie. L'espace entre les notes de la gamme est identique aux espaces entre les planètes de chaque système stellaire ou atomique... Chaque note a des harmoniques qui se répondent partout et la gamme se répète indéfiniment, de plus en plus intensément, jusqu'à la modulation du son initial.
L'art
musicographique concrétise et exprime autant l'instant que le
permanent, l'individuel que l'universel, le mouvement, les passions,
le rythme et les détails d'un récit existentiel, les rencontres...
Toutes les dimensions de l'Être.
La
musique est donc, pour nous, un art sacré. Art de stylisation des
sons. Stylisation de la durée. Construction, arrangement des sons.
Sa dimension en fait l'intelligence ou le sang des peuples humains et
nous charme, par son humour souvent, par sa violence tragique ou par
ses variations sentimentales légères. La musique est le culturème
le plus efficace de l'univers culturel de l'homme. Elle le décrit,
accompagne ses métamorphoses et évolue à son rythme.
Et
la grande musique classique en Occident, après les siècles baroques
et romantiques, après Bach, Mozart, Beethoven, Berlioz, Ravel,
Tchaïkovski, Verdi
ou Bizet, se recrée aujourd'hui, essentiellement à travers
la musique symphonique romanesque, comme la musique de films,
allant de la musique de western composée par Ennio Morricone aux
thèmes musicaux composés par Gershwin, Vangelis ou John Williams...
ou bien à travers la musique de caractère pour des
chorégraphies contemporaines. En Orient, Ravi Shankar a revisité les
thèmes ancestraux de la civilisation indienne.
(Se
reporter aux liens renvoyant aux grandes voix et aux musiciens
incontournables)
I
- 12 - B - Sa portée
Tout poème musical est source d'élévation vers l'identité individuelle et vers la reconnaissance de l'identité universelle. Le texte métaphorique musical est une réponse esthétique au nouement d'un drame humain aussi bien qu'à l'interrogation sur les voies du silence. Car au seuil de toute musique, s'ouvre le silence.
Et
le compositeur, comme tout artiste, cherche à partager son
expérience des structures intimes de la vie. Sinon, il s'exclut du
monde de la communication. Il cherche donc à jouer, non pas
uniquement en fonction du public, dans le désir de lui plaire, mais
à composer pour amorcer des drames, nouer des émotions, voire
élever le public à sa rencontre. Pour le plus grand bonheur du
compositeur lui-même, de l'exécutant et de l'auditeur-participant.
I - 12 - C - Le matériau sonore
La substance musicale est la vibration modulée en amplitude et en fréquence et qui se définit physiquement par sa durée (longue ou brève), sa fréquence, les fluctuations de son intensité (grave, aiguë, faible ou intense, vibratos, trémolos), les caractéristiques du timbre, les inflexions du diapason, selon son rythme cellulaire, harmonique, ses ponctuations, sa cadence, son accent, sa périodicité, ses correspondances par proximité, affinité, ressemblance ou contraste, ses articulations complexes, toutes qualités expressives d'élocution.
Chaque
son est une entité musicale complète à l'individualité hautement
signifiante, dotée d'attributs émotionnels complexes. La voix
humaine est un des plus beaux matériaux mélodiques.
I - 12 - D - La texture sonore
Le tissage d'une trame-séquence sonore, unie ou polyphonique, se réalise, organisation des sons, selon un traitement mélodique et rythmique utilisant tous les matériaux, toutes les ressources disponibles.
La
partition, structure sonore organisée, explore tous les media,
toutes les possibilités, tous les procédés stylistiques et
techniques de la mise en valeur de la texture même du son, bref tous
les fragments, tous les formants structurels soli et ensembles
instrumentaux; effets vocaux soulignant la fonction expressive et
structurale des sons simples; montage électro-vocal; agglomération
de grappes sonores; exécution successive ou simultanée, à plans
juxtaposés; développement de variations d'un thème central dans
divers registres et tempi; renouvellement des syntaxes rythmiques;
etc.
Et
cela en vue de communiquer un signifiant émotionnel - les
combinaisons échappant le plus souvent à la logique rationnelle, et
ce, sans artifices ni fioritures inutiles. Chaque composition doit
parler d'elle-même, sans titres descriptifs.
Se
libérer ainsi des théories paralysantes, des carcans des
compositions traditionnelles et des sujétions à des valeurs
d'expression arrêtées.
Et
les seuils, amenés par les restrictions mécaniques inhérentes aux
outils, ouvrent de plus en plus, grâce au perfectionnement constant
des instruments, les horizons de l'imagerie musicale.
Les
divers modes musicaux offrent chacun une voie. Mais nous excluons de
nos musicographies tout mode de bruitage qui dé-concerte l'harmonie
tonale du biotype.
Si
sont dévaluées à nos yeux certaines musiques d'ambiance, agréables
et faciles, ornementation de mélodies, toutes produits manufacturés
industriellement pour la consommation, ainsi que certaines musiques
aussi stériles qu'agitées, par contre, nous attachons une grande
importance à la musique folklorique communautaire, qui sent la terre
et le pain chaud, à la syncope jazzistique et particulièrement aux
gospels, aux négro-spirituals et aux revivals, modèles rythmiques
et harmoniques tout en vigueur et passion. Nous pensons à ces soli
qui, soudain, s'élèvent du tumulte rocailleux et ouvrent les
cieux...
I - 12 - E - Les relations compositeur-auditeur
L'organisme de tout biotype est réglé selon un centre magnétique tonal précis, arrangeant, autour de lui, des relations tonales subsidiaires inhérentes toutes à sa condition biotypique. Et chaque individu d'un biotype donné attribue immédiatement aux sons qui l'atteignent une valeur tonale selon ses propres réactions-réponses différentielles et leur accorde des valeurs expressives différentes.
L'individu
est par conséquent sensible aux valeurs tonales, aux séries
harmoniques, aux qualités expressives du rythme et des colorations
mélodiques qui comblent son oreille, aux motifs, aux phrases neuves,
aux relations d'intervalles, aux techniques d'exécution…
L'auditeur
et le compositeur sont ainsi liés par une dépendance réciproque.
Mais les relations sont sans cesse renouvelées par les
investigations musicales, les recherches harmoniques,
l'expérimentation de langages instrumentaux inédits, l'invention de
techniques et de procédés d'exécution, la découverte de qualités
sonores différentes, etc. Et, pardessus tout, par l'apport d'une
qualité d'être. On n'a pas autant besoin de musique nouvelle que de
sens de vie.
La
communication s'établit par la rencontre entre deux intelligences,
par le partage d'une même source. L'auditeur se relie au compositeur
- comme le spectateur au danseur -. Comme le lecteur à l'écrivain...
Et,
à la limite, se relie à l'universel, à l'Etre. D'où le caractère
rituélique de toute œuvre d'art théâtralisée.
I - 12 - F - La composition musicale
L'acte compositionnel est l'organisation des éléments sonores en un ensemble harmonique. Démarche analytique lucide de restructuration « figurative » de l'univers sonore environnant, - à notre portée.
L'idéal
serait de réinventer la musique en puisant aux sources orientales du
son pur dans ses modulations signifiantes. De réinventer
l'utilisation compositionnelle du son en concert total, couleurs
acoustiques selon les correspondances vérifiées sons/couleurs,
émissions vocales (non verbales), instrumentales simples ou
électroniques. L'ordinateur peut parfois remplacer avantageusement
le papier à musique comme l'improvisation connaissante - cœur même
de la musique -, le prédéterminisme rigide des codes.
1)- L'improvisation individuelle : Après la séparation compositeur/auditeur au XVe siècle occidental, et, au XVIe siècle qui vit la naissance de la notation musicale en partition transmise, la séparation compositeur / exécutant(s): dirigeant (chef d'orchestre) et instrumentistes / auditeur, séparation qui sacralisa temple la salle de concert, voici venu le temps où chacun pourra devenir lui-même compositeur-créateur et exécutant ou du moins essayer. Chacun peut déjà disposer des outils électroniques qualitativement très valables sur lesquels il s'exercera à dialoguer avec les sons, investigation circonstancielle non limitative, et composer ses partitions selon sa propre méthodologie.
2)- L'improvisation polyphonique : Appel et réponse entre instrumentistes, elle révèle davantage la nature intime du son : La densité du dynamisme sonore relie les êtres dans une communion intuitive, une co-création fertile, champ d'exploration fertile livré à une inspiration multipliée constamment en éveil. Avec ou sans fil conducteur. La démarche improvisatrice est une suite d'engendrements fonctionnels par affinité non restrictives, utilisant tous les procédés, toutes les composantes structurelles de la musique, tous les éléments du discours sonore propre à notre champ acoustique et tonal...
3)- La semi-improvisation : L'interprétation suit une thématisation conductrice mais laisse à l'improvisation individuelle une vaste marge d'exploration qui réinvente l'œuvre. Ce qui fait que l'interprétation d'une même œuvre comme dans le Jazz, n'est ainsi jamais deux fois la même.
4)- La composition orchestrale : Distinguons - la composition traditionnelle, partition pour instruments, et - la composition assistée par ordinateur, plus actuelle et probablement plus intéressante. La musique sérielle, souvent très intellectuelle, peut atteindre une intensité émotionnelle rare.
L'artiste devient programmeur. Il acquiert la mentalité ordinatrice qui accepte l'ordinateur comme aide-compositeur et exécutant. Puisant dans les archives sonores (sonothèque) de l'ordinateur, l'artiste peut varier les paramètres des sonagraphes (photos des sons qui mesurent essentiellement leur caractère émotionnel) et obtenir ainsi des sons nouveaux (in)ouïs et un nouvel univers sonore. Ou bien, il dessine, en une partition graphique, un arrangement musical qui sera reproduit directement par l'ordinateur. Celui-ci pourra aussi conserver en mémoire cet arrangement, le restituer à travers la phonographie numérique (pressage de compact disques et de disques vidéo... ) ou bien l'effacer. Ce serait, certes, une musique quelque peu savante, de laboratoire, expérimentale, non-populaire, mais elle posséderait un relief, une résonance, une présence intense.
Musique
maximale sans règle codifiée : Seuls la tonalité et le seuil de
perception en fixent les limites.
Tout
procédé d'organisation des sons est valable et possède une charge
émotive particulière. A nous de savoir modifier nos habitudes
auditives selon les modes d'expression sonore, de nous dénuer des
préjugés entravants, de nous ouvrir aux techniques d'écriture
nouvelles ou renouvelées - mais qui ne peuvent être déliées des
lois de rythme, de tonalité et d'expression.
I - 12 - G - L'écoute
La musique est révélatrice de connaissance.
L'écoute
est donc un art, un acte sacré : S'ouvrir à la pure émotion
musicale sans portée intellectuelle. Vivre une expérience auditive
visionnaire, singulière, directe, d'émotion, de com-préhension
conscientielle. Eprouver, com-prendre selon sa propre sensibilité et
intelligence, jusqu'à arriver à entendre directement avec ses nerfs
sans passer par les canaux auditifs. Extase profondément religieuse
qui nous lie à l'univers sonore entier. La musique saisit, fascine,
possède physiquement le corps et le soumet à son incantation.
Jouissance perceptive. Acte unique de conscience qui résout la
durée. Présence concrète à l'instant-éternité. N'être que
l'instant, tout geste arrêté. L'instant plein jusqu'au silence
retrouvé.
C'est
pourquoi il est préférable de refuser d'écouter toute écriture
musicale n'importe comment, n'importe quand, au milieu d'un déluge
de cacophonie ou d'un concert de bruits furieux. La discordance est
destructrice et n'excite qu'à consommer, à ne pas s'émouvoir, à
ne pas réfléchir, à absorber n'importe quoi... Toute écoute
« élevante » exige au départ un silence en soi et
autour de soi. La communion ne peut s'atteindre qu'à ce prix.
Parmi
les auditeurs (écoutants), distinguons l'auditeur exclusivement
sensuel, avide de joies musicales, qui se suffit de l'effet
physiologique charnel de la musique ; et celui pour qui l'écoute
est active, structurelle. Celui-ci perçoit les nuances sonores et
compositionnelles, leur qualité ineffable et les coordonne, quelle
que soit la complexité de la musique. C'est en définitive
l'intériorité de l'auditeur qui réinvente la musique à sa
dimension et qui s'y retrouve.
Un
jour, l'initiation musicale sera complète. Et l'on verra chacun
jouer d'un instrument et s'exprimer à travers toutes les palettes de
l'art musical.
I - 13 -
LA CHORÉGRAPHIE
Aussi exigeante que la musique, l'écriture gestuelle est la médiatrice entre les voies sensuelles et la vie universelle. Le langage architectural chorégraphique transpose gestuellement les rythmes de la respiration universelle. Expression directe de la vitalité cosmique traduite par celle du corps-outil, elle sublime le réel.
La
danse : Formes concertantes. Eurythmie : Structure harmonieuse des
proportions des lignes, des lumières, des rythmes, des sons...
Transposition gestuelle de la parole, technique d'approche de l'Etre.
Joie du sang. Jamais spectacle démonstratif pour témoins voyeurs
passifs.
Le
corps est lié à la terre par sa complexité rythmique, et au soleil
d'où il puise sa dynamie passionnelle.
La
texture gestuelle puise sa réalité dans l'enchaînement rythmique,
l'accentuation dynamique (le tempo), le motif, la phrase gestuelle,
les glissements, les inflexions, la coloration, bref dans une
structure harmonique à valeur expressive, s'ouvrant sur tous les
possibles de l'exploration des rythmes, de l'investigation des motifs
et des recherches harmoniques, diversifiant les textures. La
coloration gestuelle et la dynamique rythmique étant, bien sûr,
complètement maîtrisées.
La
danse, totalité mélodique, exprime l'unicité de tous les arts.
Choc visuel et rite cérémoniel. La construction d'une structure
gestuelle parfaite dit la perfection du caractère. (Seul un estropié
hait les danseurs.)
Choc
visuel par lequel le danseur se projette dans l'espace, saisit son
rôle par rapport aux autres, improvise sans contraintes.
L'expression de la vie n'est plus le but mais aussi la fonction. Sa
qualité individuelle s'épanouit, puissante, dépouillée. Il danse
selon l'appel de son sang.
Rite
cérémoniel dont la valeur idéographique symbolique (initiatique)
se plie à l'exigence d'une signification au sein de séquences
allégoriques préétablies, tout en laissant à l'expression
spontanée la liberté de se manifester au moment même de la
création, jusqu'à pouvoir faire un avec le signifié. Tout concourt
à souligner l'idée compositionnelle du chorégraphe-créateur, à
transmettre une qualité d'émotion, et ce, avec la plus grande
économie de moyens :
-
Il crée une architecture gestuelle à développement ouvert : danse,
rythme, plastique, avec un strict contrôle des procédés
d'improvisation;
-
Il y adjoint une architecture sonore : musique, intonations, chants;
-
et une architecture visuelle : éclairage, décors (les plus simples
étant les meilleurs).
Chaque
moyen possède une prégnance qui multiplie sa qualité pas les
multiples combinaisons possibles.
Mais
comment, mieux, exprimer la danse - indicible - et notre conception
chorégraphique que par cet extrait d'un poème :
« Ouvrière d'espace pliée dépliée
tu recommences les naissances
Tu ploies sable ou sel, fluviale
aux racines océaniques
Et te lèves solaire verticale
en ogive
portail rayonné
dans la gerbe harmonique
Algue ou algazelle
tu trames la vague, la vallée et le désert
traces et retraces les rythmes des cratères
dégorges les messes du métal
soulèves le secret
réveilles et aspires l'aimant
dénoues l'évidence lascive
et te lies et te mêles
à l'universelle traversée... »
CK
(Se
reporter aux liens renvoyant aux chorégraphes incontournables
d'aujourd'hui)
Les seuls théâtres valables à notre regard sont le Happening et les « Mystères » initiatiques, Revivals, mise en public de passions signifiantes.
Au
théâtre de digestion, récitation stéréotypée recommencée soir
après soir, redites d'épiciers, divertissement verbeux sans
conséquence, jeu et tricherie... nous préférons le théâtre qui
ne s'offre pas à la contemplation indifférente ou naïvement émue
(c'est bô) du public, le théâtre qui est déflagration qui
perturbe, ébranle, atteint au plus profond.
I - 14 - A - Le Happening
« Togetherness » intime. Œuvre individuelle et collective qui ruine les notions traditionnelles d'acteurs et de spectateurs. Improvisation sur un thème conducteur. Rêve autogéré qui, sans renoncer absolument à la parole, se communique par couleurs, gestes et rythmes. Théâtre chorégraphique, fête des sens, des muscles, du corps. Auto-spectacle intégral où l'on joue sa vie, où chacun se repense, se recrée, recrée la vie dans un paroxysme vocal ou gestuel au lieu de figurer en parade scénique et de singer la vie. Recréation permanente.
Le
happening a la même valeur que les peintures- émotions
chromatiques.
I - 14 - B - Le « Mystère » initiatique ou le Revival :
Mise à nu, mise à mort et mise à vie. Descente aux enfers et appel à la vie, à la renaissance, puis naissance. Cérémonie de dénudement, par paroxysmes, et approfondissement vers l'essentiel. Pierre brute qu'on dépouille du superficiel pour retrouver la forme désirée, la sculpture-flamme fugitive et définitive, sans origine ni aboutissement, hors temps, hors limites.
Sacralité
extra-ordinaire commutative d'une scénographie - rituel qui envoûte,
fascine, subvertit, crée un état d'amertume, d'angoisse et de
révolte qui bouleverse, réveille nerfs et cœur, libère de
l'étouffement et accouche enfin la vie, l'osmose complète vécue.
Communication immédiate, concrète. Efficacité quasi-magique.
Jamais
théâtre de défaite, de résignation, mais de colère, de combat -
par où commence la révolution, la transmutation. Théâtre recréant
les naissances...
Revival
: Transposition stylisée d'un drame initiatique, excitant la
sensibilité ou l'intellect afin d'atteindre la conscience centrale.
Voie pour se découvrir soi-même dans le cri théâtral, s'y
identifier et s'augmenter.
Aboutissement
concret, non différé.
Théâtre
cérémoniel. Spectacle total à l'universelle validité.
Démonstration de l'identité universelle de la réalité, du
fondement existentiel. Fête collective qui dit, réécrit la genèse
de toute réalité. Réalisation évocatoire d'un absolu actif. Mise
à nu du fonctionnement vital structurel métaphorique, en acte.
I - 14 - C - La mise en scène :
La mise en scène met en évidence l'acte magique et toutes les relations qui le fondent. Sa nécessité est de communiquer en termes concrets de présence (caractères de personnages, mouvements, gestualité, sons, lumières), une dimension universelle. D'où le pouvoir révélatoire des représentations dramatiques, qu'elles soient théâtrales ou cinématographiques.
Chaque
représentation est un événement non quotidien, extra-ordinaire,
unique, irremplaçable, qui renouvelle tous les
participants-communiants. Toute répétition exclusivement technique
nie le dynamisme authentique.
La
mise en scène pourra utiliser tous les éléments théâtraux et
filmiques disponibles qui déploient la pensée et l'image au lieu de
les limiter aux mots, et particulièrement la chorégraphie, langage
à base de signes aux significations universelles. Les acteurs
deviennent tous des idéogrammes animés où chaque détail est
signifiant, où tout geste, dépouillé, linéaire, élucide un sens,
où tout se désigne réciproquement pour la transmission d'une
passion, d'une émotion ou d'un message exemplaire. Et les seconds
rôles comme les figurants ont une importance capitale.
Le
metteur en scène se sert du théâtre et du cinéma pour mieux
servir la vie.
I - 14 - D - La salle de spectacle
La salle de spectacle a été et sera toujours double : D'un côté, gueuloir pour vaines joutes oratoires, un lieu de sèche imitation d'une tranche de quotidien, genre où excelle la comédie, ou bien un lieu de divertissement..., et d'un autre côté, un lieu sacré de prise de conscience. Dans ce cas, la salle, dépouillée donc dynamisée, voire la place publique, réunissant les inquiétudes, devient elle-même source du spectacle, non plus la scène d'ailleurs liquidée. La salle, cinéma ou théâtre, devient lieu sacrificiel, cérémoniel, cathédrale de magie incantatoire, fondée sur la dynamique émotionnelle et intellectuelle réactive. Les meilleures salles seront les églises, les temples ou les cathédrales désaffectées, dans les villes comme dans les campagnes.
I - 14 - E - Le langage
Le langage utilisé ne saurait être un langage journalier trop familier. Une certaine exigence d'expressivité narrative, dialectique, soulignerait mieux la fonction élévatoire, réalisante, catalytique, de cette initiation à la verticalité.
La
question n'est pas de sacraliser n'importe quel texte. L'essentiel
est d'atteindre par un texte (jamais définitivement fixé) soutenant
un objectif vital qui nous concerne tous, un réveil dynamique.
Théâtre
élitaire ? Peut-être. Mais qui s'adresse à tous ceux qui
ressentent le besoin d'un renouveau, et, qui, dans la giclée de joie
finale, se retrouveraient participant avec les acteurs à la libation
fraternelle. Communication qui est communion.
I - 14 - F - L'acteur-saint
La notion d'acteur-outil manipulé, signe vivant qui exprime l'auteur, sert sa vision et son texte, pur instrument pour la partition du metteur en scène, grand ordonnateur fut et restera d'actualité.
Cependant
l'avenir novalien essaiera de privilégier l'avènement de
l'acteur-saint. Qui s'offre, se sacrifie pour les autres, tendu
jusqu'à l'extrême don de lui-même. Il ne se vend pas, ne joue pas,
ne mime pas, ne simule pas, ne triche pas, ne leurre pas par une
exhibition répétée d'effets faciles, de prouesses techniques, ou
d'habileté mécanique.
Tout
entier extrême lucidité, l'acteur-saint ne se répète pas, mais
vit, à chaque re-création, l'intégralité de son devenir
irrémédiable : Etre, non devant le spectateur, mais à sa
place. C'est là le centre et le fondement du drame initiatique.
Davantage
: A la limite, le spectateur n'est même pas nécessaire et il n'y a
pas de rôles. Rien qu'une partition à travers laquelle l'acteur,
ayant éliminé ses propres résistances, s'accomplit, vivant en sa
peau les possibles du « héros ». Partition favorisant
une liberté interprétative créatrice parfaite.
Une
Guilde d'acteurs initiera à cet art, à partir de l'adolescence,
ceux qui auront choisi cette dure vocation qui refusera désormais
les applaudissements.
I - 14 - G - Le spectateur-participant
La véritable destination du théâtre est d'animer, de plonger le spectateur en un état exceptionnel, inaccessible dans le quotidien.
Et
d'abord de le sortir de sa condition de spectateur-hôte-témoin-voyeur
au regard déformant pour qui le théâtre n'est qu'un exutoire.
Pourrons-nous supprimer la distance acteur-spectateur ? Car il
s'agit de l'intégrer à l'espace scénique, de le provoquer, de le
dépouiller, de lui faire résoudre ses contradictions, de le
délivrer de ses chaînes, de le défaire de ses mensonges, de le
renouveler, homme de renaissance.
Le
« spectateur » assiste, c'est-à-dire aide, participe
activement au spectacle dont la force inspirante le transforme. Et à
son tour, il devient actant et créateur de l'événement qui le
change.
(Photographie,
vidéographie, cinéma, télévision)
I - 15 - A - La photographie
Le document photographique, captant un instant du réel, le fixe, le prouve, renseigne, inquiète ou rassure, résumant un événement extra-ordinaire, sensationnel. Le photogramme est l'auxiliaire primordial de la mémoire longue.
L'art
du photographe sera d'amplifier jusqu'au paroxysme la qualité
émotionnelle signifiante universelle du photogramme, satisfaisant
l'exigence des structures iconales sélectives de chacun.
I - 15 - B - La cinématographie (l'art filmographique cinétique)
L'aventure iconique est une réalité en soi. L'espace filmique d'une mise en image recrée, réinvente une réalité différente, souvent plus vraie que le concret, en décalquant le réel ou en le réinventant, actualisant ainsi un possible événementiel singulier. Dépassement poétique immédiat.
Films
d'évasion fictionnelle ou d'invasion, films spectacles, westerns
pathétiques, films-vérités, films-témoins documentaires,
films-tracts, slogans, pamphlets, où l'image n'a nul besoin
d'argumentation discursive pour s'exprimer.
Le
dicible filmique transmet une émotion, bien plus qu'une réflexion.
Tous les sens regardent par les yeux. La coulée iconique, à travers
mille affinités visuelles prévues selon un code informatif
immémorial, est fortement descriptive, suggestive, par son
expressivité esthétique, et, partant, créative, événementielle.
Le
raconté irréalise l'immédiateté du vécu, afin de signifier, à
travers son acte même, une pensée actrice. Le réel médiatisé par
l'œil sur-réel du cinéaste, ré-interprété, re-créé (non pas
travesti), réalise une vision singulière sur l'événement filmé.
Qu'importe désormais l'indice de réalité. L'univers fictionnel
exprime suffisamment par lui-même toute la densité des messages.
Tel film d'auteur, réalisant l'imaginaire, ne sera fait que pour
atteindre tel individu dans la masse. Film catalyseur par son projet
élitaire.
L'écriture
filmique développe une symbiose où se rencontrent la pensée
actrice et la pensée spectatrice, articulation de l'excitation
(suspense), scénographie de la jouissance émotionnelle plus
qu'intellectuelle, la scène de l'écriture filmique se définit
essentiellement par ses moments forts exprimés par les différents
aspects iconique optique, graphique, et phonique sonore. Par exemple,
le silence cinématographique parle. Il est certainement le principal
langage du cinéma. L'image dit tout, sans nul besoin de dialogues, à
la différence de l'écriture analytique du roman et du théâtre.
Langage
universel qui résout la multiplicité des langages vernaculaires.
Par son élargissement spatio-temporel et sa puissance d'invasion, il
remplace - avantageusement le théâtre.
Notons,
en passant, que notre préférence va davantage, dans l'écriture
filmique, : - aux longues séquences où l'on s'imprègne d'une
intensité, où le spectateur est laissé à sa découverte, à son
rêve, plutôt qu'aux plans brefs, hachés, véritable viol de l'œil;
-
aux mouvements dans le champ, qu'aux mouvements fatigants du champ. à
une expressivité iconale qui oriente l'attention vers la densité
auto signifiante de l'image, affranchissant ainsi l'image du texte
qui souvent la trahit;
-
à un usage structural du son, répondant aux raccords spatiaux, aux
ellipses...;
-
à la présentation de personnages forts qui arrachent le spectateur
à son indifférence et qui crèvent l'écran;
-
aux films d'auteurs, signés, plutôt qu'aux films hybrides;
-
à l'ouverture iconale vers un horizon de nouveaux possibles, plutôt
qu'au mot « fin » - in-signifiant comme le disait le
maître de cinéma Fellini;
-
et, quand se confirmera l'invention, à la projection holographique,
image spatiale à trois dimensions, qui reconstitue le relief
intégral. L'iconicité, prégnance iconale, serait totale...
L'image décuple les sensations du spectateur, privilégie son affectivité, souvent aux dépens de la logique et du rationnel. La vision brouille la réflexion. L'image conditionne, sensibilise le spectateur, cristallise son attention, la polarise, traduit parfois ses obsessions ou en crée de nouvelles. Le spectateur absorbe bien plus qu'il ne regarde ou n'écoute cet espace infini de signifiances, de lecture. Et s'il se laisse envahir, isolé, passif, s'il subit la fascination de l'image, s'y enferme, adhérence complète, c'est que, par la magie de l'image, il se reconnaît, sans élucidation et peut-être sans équivoque dans le dit iconal. Il en sortira stimulé, enrichi, ou vidé, épuisé, selon la relation intime qui développe une perception réalisante à travers langage filmique ou grâce à lui.
Sa
connaissance fantasmatique sera catalysée ou entravée par la
symphonie visuelle, selon les idées compositionnelles, les
paradigmes de mise en image, narratifs et culturels différentiels.
Et il y a autant de regards que de spectateurs. Et autant d'œuvres
que de regards.
La
salle de cinéma, longtemps temple sacré illuminé par son écran
géant, disparaîtra-telle ? L'avenir du cinéma pourrait
s'inscrire dans les cinémathèques et le circuit télévisionnaire,
à grand écran mural, de dimension enveloppante, en relief. Les
films en DVD ou Blue-Ray seront loués ou achetés ou troqués par
les centres intéressés, à l'instar des livres. La conserve
iconale, malgré le décalage spatio-temporel, reste dynamique car
elle conserve un haut degré de personnalisation. D'autant plus que
les making-off permettent de revisiter les films, de mieux en
comprendre les enjeux, d'appréhender le choix des acteurs, les
difficultés du tournage...
(Se
reporter aux liens renvoyant aux cinéastes incontournables)
I
- 15 - C - Les procédés télévisionnaires.
1) - L'écran de télévision
Moyen
d'unification informationnelle et formationnelle en vue, non d'un
nivellement dévaluatif, mais de l'épanouissement individuel.
S'adressant à chacun dans son foyer, la télévision n'est pas
a-priori un instrument de nivellement collectif. Elle pourrait le
devenir. Et le danger viendrait, non pas seulement des programmes
présentés, mais du téléspectateur qui, isolé, englué, bien
assis, sécurisé par l'image, inféodé à l'écran, regard figé,
non libre, irresponsable, reçoit, passif, accepte, digère toute
information sans l'affronter, sans la confronter avec son expérience
ou à la lumière de sa raison analytique. Son œil, alors, se
dégrade comme l'oreille s'est dégradée à l'écoute distraite du
bruitage des baladeurs. Ce téléspectateur docile est crédible et
vite convaincu. Le leurre est tellement facile.
Mais
grâce à l'imagerie électronique, l'écran télévisionnaire
servirait autant comme récepteur d'actualités, comme mémoire
éducative branchée au circuit éducatif (mais nous y reviendrons
dans les cahiers consacrés aux moyens formatifs), que comme
écran-rêve, support d'une sculpture optique mobile cinétique
multicolore qui pourrait être branchée sur un circuit sonore dont
elle traduirait les variations musicales, ou d'un vidéogramme...
2) - La vidéographie
La vidéographie se définit comme art luminal cinétique. Il s'agit d'une projection sur un écran de sculptures lumineuses, de « light shows », images créées artificiellement, synthétisées, insérant tous les effets de filmage, grâce à un équipement sophistiqué (magnétoscopes et enregistreurs numériques), de développement, de montage et de projection, ou bien d'une retransmission télévisuelle en direct à partir d'un atelier ou d'un ordinateur, synthétiseur et mélangeur électronique de couleurs...
Un
tel spectacle télévisuel peut être fourni à domicile par les
vidéo-disques en vente libre ou par des câbles spéciaux branchés
au circuit télévisionnaire dont on est abonné. L'avantage des
vidéo-disques réside dans la possibilité qu'on a d'accélérer, de
ralentir, d'arrêter l'instant ou de le reprendre. Le contact,
médiatisé, reste néanmoins immédiat. Mais la progression reste
circulaire à moins d'être porteuse de signification verticale.
L'écran
plat remplace les tubes de couleurs et, couvrant le mur, la toile. Il
offre, en direct de l'atelier, un rêve à domicile, une galerie de
lumière chez soi. Et en relief holographique, si possible.
Provoquant une vidéosphère, un environnement total inégalé, une
haute prégnance iconale.
L'artiste
pourra explorer toutes les variations chromatiques, à l'éventail
infini, avec toute la gamme des qualités particulières des
couleurs, ainsi que tous les procédés techniques, toutes les
densités de champ, les illusions de la profondeur, les variations
cinétiques, les cadences, la superposition d'images, le découpage
de l'espace et du temps (multi-images et multi-graphies), les fondus
visuels, sonores, les déformations des couleurs... Le traitement
numérique permet de multiplier les mouvements, éclater l'image,
dilater les visages ou les réduisant, par contraction, distorsion,
etc.
Tout
devient malléable. Et de vastes perspectives s'ouvrent à l'assaut
des vagues de couleurs. Afin d'exprimer le mieux possible la
conception de l'artiste créateur. La vidéographie, intensifiant,
comme tout art, l'expérience du temps, est un des arts les plus
expressionnistes, étant essentiellement tout mouvement.
Mais
toute vidéographie, provoquant, certes, une perception neuve, reste
sujette, comme tout art d'ailleurs, au dépassement de l'aspect
sensoriel émotionnel vers la verticalité signifiante, au
dépassement de la possession de l'objet et du retour sur soi, vers
l'ouverture à l'autre, la rencontre avec l'artiste concepteur et
vers une possible communion - finalité de toute pratique artistique.
Ainsi
s'oriente la mutation, de l'homme-singe à l'homme-signe : L'artiste
re-créateur.
LIENS
francophones
POÉSIES
DIFFRACTIVES
Poètes
francophones incontournables
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Poètes
et troubadours contemporains
Ferré
et les poètes-témoins
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URBANISTES & PAYSAGISTES
Charte
de Venise PDF
ARTISTES
PEINTRES & SCULPTEURS D'INFINI
Grotte de
Chauvet
Grotte de
Lascaux
CHORÉGRAPHIES
Chorégraphes
(Ailey,
Balanchine,
Bausch,
Béjart,
Carlson,
Cherkaoui,
Cunningham,
Decouflé,
Gallota,
Kylián,
Nikolais,
Preljocaj,
Saporta,
etc.
FILMOGRAPHIE
MUSIQUES
Musique
(Portail)
Musique
de films ( Jarre,
Goldsmith,
Morricone,
Williams...)
VOIX
& CHŒURS
Chants
berbères Taos
Amrouche
Chants
d'Opéra Maria
Callas
VÊTEMENT,
PARURE & JOAILLERIE
TRAVAUX
DE RECHERCHE INDIVIDUELS OU D'ATELIER
A
travers chaque formulation artistique, on retrouve tous les arts. Les
définitions générales qui s'appliquent à l'un des arts peuvent
s'appliquer à tous les autres.
Le
travail individuel ou d'atelier consistera à chercher, dans notre
environnement socio-culturel, tous les éléments répondant à nos
exigences novaliennes de poésie, d'art, de beauté... Ce sera
difficile, certes. Mais cet exercice pratique éveillera une
attention soutenue et une vigilance qui saura distinguer, déjà, les
œuvres d'art du futur.
© Claude Khal 2013
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