Communication
NOV II
LES BEAUX-ARTS
DES CORPS
L'érotisme
comme le plus exigeant des Beaux-Arts.
Introduction
1
- Le malamour
2
- La femme
3
- Le couple solunaire
4
- La rencontre (érothique)
5
- Les Aimants
6
- L'érodynamie
7
- L'érosphère
a)
La communion sexuelle b)
La sexualité génitale c)
La danse des semailles
d)
Le sexe somatique e)
L'orgasme
8
- L'art érothique
a)
Le savoir aimer b)
L'amant-artiste c)
Le voluptuaire d)
L'union tantrique
e)
Après l'amour f)
Le sexe vit g)
Le plaisir
9
- La santé érothique
a)
L'intensité témoin b)
L'efficience génitale c)
De quelques fictions et malversations
10
- L'initiation érothique
a)
Parcours et apprentissage b)
Le corps c)
L'art de la parure
11
- L'amour
a)
L'exclusive en amour b)
Le mariage c)
La famille d)
Les alliances
e) Les amitiés
e) Les amitiés
12
- L'enfant
13
– Conclusion
LIENS
Introduction
Passé
le moment d'indignation devant le malamour qui afflige non seulement
l'Orient et l'Afrique depuis la colonisation puritaine mais également
l'Occident d'hier et d'aujourd'hui ainsi que ses imitateurs, nous
aborderons les rivages plus doux qui bercent les aimants. Ces textes
sont de toute évidence essentiellement poétiques. Comment évoquer
les relations d'amour et d'érotisme sans l'indispensable poésie
agrémentée du fin sourire de l'humour ? La raison froide et
l'analyse rationnelle y auraient été déplacées. Laissons-nous
guider par l'émotion et l'intuition de ce qui est bien, juste et
beau. Naïveté et utopie ? Oui, et alors ?
Dans
notre parcours socio-éthique, nous nous devions d'aborder un des
problèmes fondamentaux de la vie relationnelle du biotype humain :
les relations amoureuses érotiques. Pour bien souligner le fondement
éthique de ces relations, nous écrirons « érothique »
(éro)éthique. La dimension érothique novalienne et sa pratique
- considérée comme un des Beaux-Arts - ouvrent à une qualité
d'être incomparable. Avec amour. Avec humour. Aussi
n'aborderons-nous, dans la présente communication, la dimension
érothique que du point de vue exclusivement socio-éthique, voire
poétique et même utopique. Les quelques réflexions - nécessaires
- émaillant le texte, sur la portée signifiante des organes
somatiques, du rituel et de l'acte érothique, recevront certainement
leur entière justification et leurs échos dans des communications
ultérieures.
Tous
ces textes ont été écrit à la fin du siècle précédent. Ils ont
été ici réactualisés.
« L'érotisme
est l'approbation de la vie jusque dans la mort »
G. Bataille
Qu'avons-nous
à offrir ? à partager ? Qu'avons-nous à donner ? De l'aversion
tordue ? Du froid ? De l'amertume? Du vide ? De l'inutile ? On
sait très peu aimer. On passe. Par mille détours, on cherche et
réussit souvent à cacher notre nudité, voire notre nullité. On
n'a rien à montrer, rien à offrir, rien de valable à donner. Et on
cherche à s'approprier quel autre dépossédé ? à saisir quel
autre vide ? L'œil qui devait nous nourrir, nous vide, nous dévore.
Tous
se convoitent les uns les autres, dans une muflerie d'hypnotisés par
un sexe devenu bâtard. Tout est proie et tous vautours avec les yeux
toujours en chasse. Qui dévorer ? La femme est comestible. L'homme à
traire. Entre les hébétés, les puceaux, les crétins, les porcs
habillés de remords, les sottes et les catins, on erre, jamais
écrit, sans trace. Portrait sans légende dans cette foire au
bas-ventre. On singe la vie, ne sachant vivre.
On
pose, propose, baise et passe. On s'empare de la dépouille de sa
proie avec un famélique acharnement de mécanique et la délaisse,
pantelante. Incertitude nouée en vaine crise.
Etreinte
furtive, maladroite. Feinte promise au vide dans une arène
dépassionnée. S'évider. Pour rien. S'inachever. Issue morte. Halte
où l'on ne puise rien. Où l'on s'épuise, performance, à exhiber,
falsifier, invalider, dévier. Désertion d'aveugles vaincus. Rien à
lire. Rien à écrire. Gymnastique énucléée, acte brut,
indifférencié, aseptisé, climatisé, stéréotypé, stérilisé,
sans surprise, sans avenir.
Passade
au lieu de passage. Passe au lieu de rencontre. Pissat au lieu d'un
jouir. Jeu désespéré qui vous suspend absence dans la vacuité.
Les chiffres se gavent d'évasions et de défaites sans terme. Et un
besoin incoercible de recommencer, dans la dispersion, l'acte avorté.
Yeux
en fuite du vécu angoissant, des réalités versatiles. On cherche
un corps refuge, abri où se loger, s'abriter, s'oublier, se
dépeupler, se nourrir d'ombres, pour que cesse la rage de la
solitude insupportable. Acharnement à chercher un étui ou un
manche. Mariage et contrat d'appropriation. Echange de
comptabilités. Espace d'incertitude où l'on se méfie ne sachant se
fier. Tout est surface. Tout est négoce qui désoriente. Las
d'inventer des satisfactions approximatives, las de s'inventer,
l'autre manque, perd et passe. Les corps se désertent, se lâchent
aussitôt que pris. Parce que pris par caprice, profit, vanité. Tous
les subjugués, sous le joug d'une convoitise, sont condamnés aux
déceptions.
La
baise sur grand ou petit écran, noces obstinément infécondes,
cherche des réponses vides. Les fonctions vitales érotiques sont
devenues névrotiques et sans humour. « La culture,
défoulement du cul ». Misère du corps et pauvreté de
l'intelligence. Pornographie. « L'homme patriarcal est plus
singe que les singes »
a-t-on dit encore.
« -
Tu l'as eu ? » se dit-on entre copains. Les uns ne pensent qu'à
embrocher. Tout autre est pris ou à prendre. Ainsi se collectionnent
les amants. Mais ces couples ont-ils su aimer?
« L'amour
est à refaire », a-t-on écrit sur les murs de Paris. Mais
a-t-il vraiment été fait ? C'est plus qu'une boutade. Autour
de nous, ne voyons-nous pas des illettrés érothiques, enfermés
dans des systèmes à références aberrants qui ont médiocrisé,
désacralisé l'amour ? Pollution de l'art vivant.
C'est
l'homme à refaire. Et il ne pourra se refaire, renaître à lui-même
et au monde qu'à la condition d'acquérir la volonté de refuser la
pornographie, d'assumer son refus du mal-être et d'affirmer sa
volonté de vie. Un NON sauve toute une génération. L'apprentissage
du refus - notre première exigence de novaliens.
Tout
est une question d'éthique.
Les
morales publiques de voyeurs et d'impuissants ont dégradé tous les
plaisirs, atrophié, par les tabous castrateurs, tous les moyens
intimes de bonheur, et mu la vie en sexualité honteuse. Décence
officielle, publique, ennuyeuse, fondée sur des lois névrotiques
répressives et une censure de frustrés. L’hypocrisie et le
mensonge ont été ainsi institutionnalisés. La sexualité
industrielle se vend désormais le long des trottoirs et les
baiserooms au quart d'heure. L'humour s'est calfeutré, honteux
d'exister.
L'amour
est trahi parce qu'inexploité. Quel choix reste-t-il ? Le
mariage qui souvent désexualise ou bien la drague, la chaîne ou le
jeu. Double mystification de la société du profit et mentalité
pornographique insultant l'art de la vie.
L'analphabétisme
esthétique et l'inculture érotique ainsi que le trivial servant les
morales de cache-sexe, ont répandu sur toutes les lèvres, les
injures à l'amour : Persécution verbale de l'amour, du corps, de la
jouissance : « Baiser, enculer, con, fuck... »
sont devenus synonymes de tromper, abuser, blesser, humilier.
Dérision sans humour dans la dépréciation des organes génitaux et
de tout acte d'amour. Aveu mémorial de la bêtise et dégénérescence.
L'amour - qui libère de la honte et démystifie, est devenu, par la
morale séculière répressive, concupiscence, cette invention
blasphématoire des dévots du XIXème siècle qui ont
habillé d'étoffes les belles ethnies d'Afrique, d'Australie ou
d'Amazonie. Comment faire autrement, ont-ils pensé, pour briser les
élans de vie, exploiter et enchaîner les serfs des colonisateurs
puritains économiques et culturels ?
Le
mépris du corps a fait le corps périssable. Tandis qu'il est
éternellement vivant en tous, en tout, au même titre que la pensée.
Ceux pour qui la chair et le plaisir sont sans valeur méconnaissent
les valeurs de l'intelligence universelle.
Sait-on
aimer ? Est-on capable d'amour ? Est-on capable de génie ? de porter
ce beau nom d'amant ou d'amante ? d'apporter au monde plus de beauté
qu'on n'y a trouvé ?
Notre
renaissance est en nous. C'est chacun de nous, seul, qui la fera.
Nous nous voulons présence mature. Nous voulons l'amour : non ce que
tu vas me donner, mais ce que, moi, je vais te donner. Et te donner
sans me reprendre. Saurait-on vouloir, non pas plaire, mais rendre
heureux ? On pense peut-être uniquement sexualité. Nous parlons
d'EROS. De la sexualité entière, relation existentielle dignifiée
par l'amour - et le sourire. On pense peut-être que nous accordons
trop d'importance à la sexualité ? Il est vrai que nous préférons
le sexe au fusil, l'amour à la mort. Et nous vivrons rien que pour
l'accomplissement de l'art, de la beauté, de la vie. Notre amour de
la vie c'est bien notre exigence la plus intransigeante.
Le
portrait suivant dévisage les femmes dans la plupart des pays aux
traditions religieuses éprouvées, souvent totalitaires, comme en
Inde ou aux Proche et Moyen-Orient.
En
1972, est né au Liban un MLFO, Mouvement de la Libération de la
Femme Orientale. Malgré une couverture locale médiatique, il
n'a su intéresser que quelques poètes et écrivains, des hommes et
des femmes de grande culture, ouverts à l'évolution des mœurs. Il
a été cependant combattu farouchement par les religieux de toutes
les confessions et surtout par des femmes qui n'en voyaient pas
l'enjeu et qui ne voulaient surtout pas imiter l'Occident, de peur
sans doute de perdre leurs privilèges de femmes chosifiées et
choyées - au foyer.
Voici,
en exergue, quelques textes, d'une grande naïveté certes, qui ont
mis le feu aux poudres : Le manifeste des Lance-flammes (signé
par Michel Cassir, André Jazzar, Claude Khal et Joe Samaha) et
« Faut-il encore désespérer des femmes ? » de
Claude Khal, textes et polémiques parus dans les quotidiens
l'Orient-Le Jour et Le Soir en 1972.
De
nos jours, les militantes des Femen
ne sont pas mieux accueillies, que ce soit en Occident ou dans le
monde arabo-musulman. Certaines ont été emprisonnées en Tunisie.
Amina Sboui, après avoir exposé son corps sans voile, est devenue
célèbre comme Femen tunisienne. Cependant, craignant la prison,
elle quitte officiellement le mouvement féministe mais proclame
toujours haut et fort que « son corps lui appartient » -
à elle et non à la société. Ce qui signe une révolution dans les
mentalités.
Les
forces obscures continuent cependant à sévir pour brider toute
tentative d'ôter les carcans immémoriaux qui enserrent les femmes.
Pour des raisons techniques dues à Blogger, il est impossible d'inclure des images dans le texte. Le
lecteur pourra donc télécharger le PDF pour consulter les documents cités. (Origine :
L'Orient-Le Jour et Le Soir. Décembre 1972).
Se
reporter aux LIENS à la fin du texte et lire par ailleurs :
Forum
Femmes et Mémoire (Cahiers d'Histoire);
Féminisme
(Wikipedia) ;
Déclaration
des droits de la femme et de la citoyenne par Olympe de Gouges ;
Féminisme
musulman (Wikipedia) ;
Le
féminisme islamique Mémoire de Nejwa Al-Kettab 2012 ;
Huda
Sha'rawi, féministe égyptienne, par Sonia Dayan-Herzbrun
(Persée) ;
Lectures
et usages féministes de l'islam (La vie des Idées) ;
Les
hommes dans les mouvements féministes par Alban Jacquemart...
*
* *
Femme,
tu n'es pas un mâle avorté au sexe perdu, un sous-homme. Tu n'es
pas la fin dernière de l'homme, son repos. Tu n'es pas un ornement
de la vie des hommes. Tu n'es pas un jardin de luxe, objet-meuble
résumée à ton sexe, sillon passif offert au laboureur. Tu n'es pas
un petit mensonge paré, une oie insensée, incapable d'amitié,
poupée vaine, frivole et irréfléchie, ou une putain - sans valeur
reconnue, baisable et licenciable à volonté, piétinée... Tu n'es
pas, non plus, la femme martyr, douce, patiente, passive, paralysée,
muette, domestiquée, gardienne de l'honneur de ta famille, de ton
époux, de son prestige, de ses possessions, et qui transmets à tes
enfants les valeurs traditionnelles d'une société d'égoïsmes
privés de poésie.
Galérienne
longtemps condamnée au mutisme, annexée par ton contremaître comme
bonne à tout faire, fêtée peut-être un jour, mais baguée,
enchaînée, exploitée toute l'année, mère des enfants du
seigneur, refuse désormais d'être une poule couveuse pourvoyeuse
d'enfants. Refuse aussi d'être cette proie qui se précipite sur la
chasseur, exigeant la bourse et la vie...
Tu
sais rire, à gorge déployée. Tu es émergence centrale, non plus
marginale. Centre d'activation. L'art incarné dans la chair sans
cesse renaissante. Tu es porteuse de vie, de beauté, de plaisir. Ne
trahis pas la poésie et l'art - ton devoir-être.
Riche
de ton corps, de ton esprit, de ta beauté, désaliène-toi. Tu as à
faire la gloire de l'être nouveau, au caractère solaire, feu
incarné dans le sang. A toi, l'essentielle subversive, de faire la
vraie révolution des mœurs. Demain tu détiendras les clés
d'animation de la civilisation. Que cela soit notre chance.
Il
ne s'agit pas de promouvoir une guerre de sexes. Vains débats que
ces orages stupides exaltant la brutalité du pourvoyeur d'argent et
la vanité exhibitionniste du sexe dépensant, l'agressivité sadique
de l'un et la lâcheté masochiste de l'autre, la rivalité ou
l'égalitarisme, cette hypocrisie fonctionnelle de l'ère du
confusionnisme...
« La
valeur de l'homme et de la femme se trouve dans leur accord,
non dans l'addition de leurs deux incompréhensions. »
non dans l'addition de leurs deux incompréhensions. »
Nous
ne nous voulons pas liés mais LIENS. S'accorder n'est-il pas le but
biologique de tout élan ? Accorder deux complémentarités :
-
L'un : Scripteur, amant, fécondateur, prêtre d'amour, poète,
artiste.
-
L'autre : Inspiratrice, inventive, amante, aimante qui régénère,
poète, artiste.
-
L'un : Officiant, transmutateur des forces érotiques, Adonis et
Dionysos.
-
L'autre : Médium d'Eros, fille de vraie joie, de bonheur, Diane et
Vénus, multiple prêtresse de l'amour.
Pour
toute féminité, il y a un masculin - et réciproquement. Qui te
fête le mieux, qui te révèle, te découvre, t'initie, t'invente,
t'accomplis.
Le
couple ne forme pas un cercle, mais un angle, personne nouvelle. Le
couple est l'être biotypique total.
II - 4 - LA RENCONTRE
« ÉROTHIQUE »
Je
choisis, donc déjà je jouis. Je te choisis pour vivre AVEC toi,
ensemble, une séquence de vie. Et non pas tuer le temps ou combler
notre vide. L'intelligence et l'amour relient, n'opposent pas.
Fascination.
Prise du regard. Les aimants se rencontrent amants. Croisement.
Chaque rencontre est différente. Aucune ne remplace l'autre. Aucune
n'empêche une autre. Vivre toute rencontre jusqu'en son extrême
finalité. Contact pur. Chaude présence, au-delà des complicités
biologiques et de la chimie des affinités.
Te
retrouver en moi. Me retrouver puissance en toi. Me reconnaître en
toi. L'autre, notre double, notre jumeau et notre clé. Se découvrir
c'est s'unir. Rassembler nos différences. Être ensemble. Connaître
l'intimité. Re-naître intimes. Lier nos lucidités ludiques et nos
paroxysmes. Prendre racine en toi. T'étreindre jusqu'à t'atteindre.
Nous donner jusqu’à nous recréer un en nous-mêmes. Nous fondre
sans nous confondre. Nous reconnaître. Co-naître. Naître ensemble
à la dimension orgastique de la vie.
Comment
fêter celui qu'on ignore ? Je suis unique, à tes yeux et aux miens.
Chacun est une exception. Et je ne te connais que lorsque je jouis de
ta jouissance. Et que nos exigences se rencontrent. L'amour, c'est
quand nous ressentons notre complémentarité comme nécessaire,
existentielle.
De
la rencontre, germe une nouvelle identité, sève nouvelle. Toute
sommation est mortelle. La rencontre est, seule, vivante, féconde.
Ouvrir ensemble l'espace et le temps, notre espace et notre temps, à
notre mesure. Croisement de destins, de deux êtres singuliers. L'un
avec l'autre. Deux pour vivre l'un. L'amour, c'est le passage à
travers l'autre, vers le couple renouvelé, l'identité originelle
retrouvée. Se partager, s'intensifier, vivre une rencontre totale
exclusive jusqu'à épuisement. Toute rencontre totale (et non
partielle) est toujours unique. Nouvelle et ultime. A valeur absolue.
Mais
tu sauras, même dans l'intimité, assumer ton entière
individualité, ton propre visage, ta différence, ton sourire. Les
cordes de la guitare sont séparées pour mieux servir l'harmonie,
comme les colonnes pour soutenir. L'union des différences fonde
l'harmonie.
Tout,
en amour, est une question d'attirance biologique, de goût
esthétique, d'intelligence et de pratique érothique. L'important
est autant le geste que le désir.
II - 5 - LES AIMANTS
Les
témoins d'Eros - de la vie. Chacun, tour à tour, amant et aimé,
initiateur et initié. Je ne te prends pas. Je ne te retiens pas dans
mes bras. Je te rencontre. Lucides et l'humour dans les yeux, nous
joindre : Nous rejoindre.
Face
à la confusion de la foule, notre union, témoignage de notre
intention d'amour, de la présence du désir qui nous engage
entièrement à rétablir l'androgyne, à reconstituer la synthèse,
enfin délivrés de la fragmentation. L'amour, force existentielle de
réintégration dans l'unité. Le servir et s'en servir. S'éprouver,
se prouver, s'inaugurer amant.
Amant,
le plus beau nom de l'homme..
« Je
suis le chant, tu es la strophe.
Je
suis le ciel, tu es la terre.
Unissons-nous
ici. »
Rig-Veda XIV-1.2
Les
Temples de Khajurao (Dailymotion)
Eros,
affirmation de la vie, contre « Thanatos » - la mort.
Elan, vie, fête de la chair et de l'intelligence. Le désir, pureté
fondamentale et principe dynamique essentiel, l'énergétique
biologique universelle. L'insatiable désir révèle la dimension
cosmique de la tension érotique, l'absolu revécu en quelques
instants d'or liquide.
Au
commencement était Eros. Et chaque jour est un commencement. Par
l'Eros, puissance solaire, attester l'univers, témoigner de l'amour,
célébrer l'achèvement scriptural et le recommencement perpétuel
du monde. L'érothique est bien la forme particulière, supérieure,
de la connaissance, génie de la race humaine. Nom différent de
1'intelligence.
Il
n'y a pas d'inertie dans la nature, il n'y a que la vie. Le réel est
mu par l'instinct de vie. La mort n'est que la dégradation de
l'énergie vitale, l'entropie. La mort voue le corps au dérisoire.
L'amour soulève l'intelligence, par le corps, jusqu'à l'infini.
Eros est le fondement de la réalité. Tout aime.
L'érothique
est une passion de lucidité, non d'illusion ; de beauté, de
courage, non de lâcheté. Elle se fonde sur l'intelligence vive, la
raison, non la crédulité et la peur. Exigence entière de mutation
qualitative - héroïsme presque inconnu. L'intelligence dans
l'amour, l'intelligence-amour, c'est là le véritable humanisme qui
vous fait dégoûter de la bêtise, de l'hypocrisie, de la laideur.
L'érothique est une éthique, non une licence, une règle, un art,
une éthique du bonheur.
L'érodynamie
: Se donner vie et donner la vie.
L'érothique
: art suprême du corps génial. Science du plaisir intégral,
fondamental. E(ro)thique esthétique - qui ranime la chair à la
recherche du nœud fondamental.
Eromantisme,
individuation et communion : Ciment d'une vie novale.
II - 7 - L'ÉROSPHÈRE
De
la sensualité à la sexualité. Du plaisir visuel, tactile,
olfactif, gustatif, auditif, à son prolongement sexuel. L'art du
corps.
Les
rites de séductions ne sont pas, pour nous, ces mensonges ennuyeux,
feintes hypocrites, fastidieuses, dérisoires, inutiles, loisir de
menteurs et de castrats qui ne rêvent que d'abuser de votre
crédulité. L'invite érothique est un art entier d'approche, de
rencontre. Prélude. Danse pulsante ou mise à nu rituelle. Toutes
caresses. La poésie de la chair commence à travers le regard.
Présence à l'épreuve de l'acte.
II
- 7 - A - La communion sexuelle.
La
sexualité n'est pas un moment éphémère. Elle est vie à tous les
moments de la rencontre, durant tout le temps et l'espace de la
rencontre. On n'isole pas la sexualité exclusivement en l'acte
génital considéré comme relation biologique nécessaire et
instantanée. La sexualité est entière communion - à tous les
niveaux. Elle relie concrètement deux potentialités
complémentaires. Elle met l'homme tout entier en cause Pensée,
passé, corps et avenir.
La
sexualité génitale n'est qu'un des composants de la sexualité
intégrale. (Et c'est pour éviter tout malentendu, vu l'acception
courante du terme « sexualité », que nous le
remplacerons, avantageusement, par « érothique » quand
nous signifierons exclusivement la sexualité intégrale.)
II
- 7 - B - La sexualité génitale
L'acte
sexuel génital, somatique, n'est pas un acte insignifiant,
occupationnel, ludique, gratuit, avidité immédiatement satisfaite,
détente hygiénique, ou un acte exclusivement déterminé par des
facteurs contingents au cycle biologique, acte auquel on accorde, au
jugé, une importance qu'il est loin de mériter.
Pour
nous, la sexualité génitale est un détail absolument signifiant de
l'acte cosmique de création perpétuelle, de régénération
continue, d'écriture indéfiniment à écrire. L'acte d'amour c'est
exactement la reproduction, à notre échelle biotypique, de l'acte
créatif universel, l'embrasement de la vie.
Acte
profondément « religieux ». Nous reliant entre nous et
nous liant, nous reliant, microcosme, au macrocosme. - L'acte
religieux par excellence.
L'amour,
le désir, se concrétise dans/par l'étreinte, comme la poésie
dans/par l'art.
II
- 7 - C - La danse des semailles
L'enlacement
: Rite individuel, technique existentielle charnelle de réintégration
dans l'unité androgyne. Déploiement de la différenciation
somatique afin de s'en délivrer dans l'union harmonique. Surrection
vers une nouvelle dimension.
L'ardeur
unitive de la conjonction sexuelle tellurique, ultime ressource de
1'exigence des sens, rejoint celle de nos exigences existentielles.
Le germen.
Dépassement.
A un certain niveau, se dilue le soma.
II
- 7 - D - Le sexe somatique
Les
différences morphologiques font du sexe somatique non le but mais le
chemin, outil de rencontre et source de jouissance. Nous possédons
un seul sexe divisé en deux parties complémentaires (Sexus,
de secus, disjoint.)
Par
l'axe des sexes, nous rejoindre un dans l'infini, saisi en cet
instant privilégié d'éclatement, réduction ponctuelle de la durée
- le qualitatif pur.
II
- 7 - E) - L'orgasme
L'or-gasme.
L'or. Décharge physiologique de la pulsion vitale. Expansion de
l’énergie biologique universelle concentrée en chacun. Quand
l'orgasme foudroie, tu éclates et renais, recommences ta vie.
Réalisant l'En-soi entier. Du désir jusqu’à son accomplissement
intégral et à son renouvellement.
L'orgasme
féconde les amants. La vie est orgasme. Et la distance
chrono-spatiale entre les jets règle toutes les structures
phénoménologiques d'émission et de transformation de matières.
L'or,
liqueur d'immortalité vraie, circule, à travers nos corps,
puissance de feu ramassant le temps dans l'instant, rassemblant en
soi tout l'univers. Dimension cosmique du spasme orgastique extrait
du temps. Toute l'expérience de la lumière et de l'immédiat
cosmique. Conscience immédiate du corps en acte de recréation.
Ejaculation d'Être. L'éternité vécue en ses racines. L'instant
qui te suspend dans l'instant-éternité.
Eternité
de l'instant organique. Moment unique de l'acte total. L'amour, acte
parfait, autonome, se suffisant à lui-même. Joie parfaite dans
l'entière lucidité du spasme. Issus du soleil, y retourner par la
jouissance. Le rêve intégral acquitté. Demain sera nouveau.
II - 8 - L'ART ÉROTHIQUE
« La
chair est artiste ».
II
- 8 - A - Le savoir-aimer
Ou
l'amour d'aimer. Qui aime l'amour aime la vie. Aime ce qui te rend
heureux. Et entoure l'amour de tout l'art des hommes. Notre exigence
indéracinable de bonheur.
L'art
d'aimer : Génie de l'homme. Toute l'intelligence de la nature. L'art
véritable. L'homme fait art. Art gestuel, formel, de jouissance
esthétique et cognitive. Amour du corps vivant, de l'universel à
notre portée. Tout est dans le comment, dans la stylisation des
formes d'amour. Le savoir-aimer n'est pas une affaire de postures
plus ou moins sexy ou insolites, de sensationnel frénétique, de
rapacité, d'euphorie, de performances ou de fureur. Et il n'y a pas
de recettes. Orfèvre, chacun signe en artiste l'acte le plus
exigeant. - Le corps vécu génialité d'artiste virtuose.
Tous
les accès des sens - le corps entier - sont sources de jouissances.
Volupté raffinée des jeux dans le foisonnement des sens. Réunis
tous les plaisirs intellectuels, visuels, tactiles, olfactifs,
auditifs, gustatifs, en une seule jouissance. Refusons toute
tentation de facilité, l'usuel, le banal, les stéréotypes. Et ne
nous lassons pas d'inventer.
Si
le nombre des gestes est limité, la qualité, l'intensité des
situations varie à l'infini. Choisis tes plaisirs. Devance mon
désir. Sans autre référence et conséquence que la jouissance, clé
de rencontre et de connaissance : Dessein érothique et esthétique.
Il
n'y a pas de perversion. Tout est licite pourvu que l'autre y
consente. Tout rite érogène est généreux, fier, moment complet,
autonome, nutritif. Que n'arrêtent ton expérience de bonheur que
les limites de ton corps et de ton sang. Si tu n'es pas fatigué, tu
n'as pas suffisamment su aimer.
Tu
es moi. Ton bonheur est le mien. Je te construis partie de moi-même.
Sans impatience, t'approfondir. Centre à centre. Te regarder, te
caresser de lumières, te dessiner, te révéler à ton propre
talent. Te vivre, te dire, t'inventer. Célébrer la jouissance. Te
rendre honneur. Nous réinventer. Jouir à travers et grâce à ta
jouissance. Me réjouir de ta jouissance, mon exigence érothique.
Prolonge
l'instant : Tout entier à ton plaisir, en mon plaisir, dans
l'instant immédiat et absolu. Lucides dans l'acte.
« Etreinte
est l'anagramme d'éternité. »
Montherlant
II
- 8 - B - L'artiste-Amant
L'artiste
qui crée, c'est surtout la féminité en chacun de nous. Il est
évident que nous ne parlons pas des chèvres. Féminité et poésie
savent imposer les rites de leur bonheur, étant aussi avides de
sensations neuves et de portée existentielle. Il faut être poète
et artiste pour aimer. Les autres ne savent pas. D'ailleurs, ils
n'ont même pas le temps. Toujours pressés, ils tressautent et
passent, oubliant de jouir.
Ne
juge pas. Jauge. Evalue, lucide, les possibilités amoureuses. Evite,
sauf pour initier, vierges et puceaux. L'amour est un art difficile,
exigeant. N'accepte que la personne qui saura t'honorer. L'un donne,
l'autre transforme. L'artiste en toi, crée. Que le poète en toi
aime. Alchimie profonde. Sois tout ce que tu es dans la pleine
jouissance de ta nature. Le plaisir s'autodétermine selon la
puissance de trouble et le désir instinctif de volupté.
Ne
renonce à aucune source de plaisir. Ne parle pas trop d'amour mais
caresse, comble de caresses, te donne entier au bout de tes doigts,
de ta langue, de ton sexe. Fais jouir - le cadeau à offrir. Conduis
le désir. Révèle le plaisir. Puise aux sources nourricières du
corps. Aime comme si c'est la première et l'ultime personne que tu
rencontres. Présence absolue à ton désir. Pure jouissance exhibée
sans honte, sans altérité.
Jouis
de ta vie. Ne la dilapide pas en vains errements. Qui aime jouir,
aime faire jouir. Toute jouissance partagée ne s'affaiblit pas, mais
s'augmente. Ne te rassasie pas de l'éblouissement des sens, du
foisonnement du plaisir. Qui n'a pas tout donné, n'a rien donné.
S'aimer c'est semer. Et renaître à sa profonde nudité.
L'érothique, le plus exigeant des beaux-arts.
II
- 8 - C - Le voluptuaire
La
jouissance érothique n'est pas masturbation à deux protagonistes
sans amour, valse de lèvres, jerk de hanches, viol et soulagement en
une étreinte vite repue, qui s’éteint aussitôt assouvie que
dégrisée. Et l'acte conventionnel tue. On ne domestique pas
l'amour.
Aime,
non pour te débarrasser de ton désir, agressivité animale
décuplant la frénésie. Le masculin n'a pas à soumettre le
féminin, à l'immobiliser, à l'écarteler, à l'immoler par le
viol. Le lit n'est pas une arène.
(Il
nous est douloureux d'insister. Mais devant l'invasion de la
vulgarité pornographique et la laideur à travers comportements,
films imbéciles et revues masturbatoires, nous ne pouvons
qu'insister sur la dénonciation de ces malversations qui tuent les
relations humaines. La pornographie est l'aspect le plus dégradant
de la course aux profits au bénéfice exclusif des marchands de
sexe...)
Aimer
n'est pas se perdre en l'autre, égoïsme à deux, mais se fondre
ensemble, don sans retour. Comment accepter désormais qu'il y ait un
sujet qui prenne et un objet pris ? Aimer n'est pas s'incarcérer
l'un l'autre. Nous avons à célébrer notre fête, entière
communion. A nourrir l'autre de notre corps. La vie intense n'est pas
la vie bruyante. L'amour, comme tout art, refuse le vulgaire, la
bousculade. La fête à deux, mouillement sensuel de l'intemporalité
du désir, œuvre plastique, requiert du caractère, de
l'imagination, de l'audace, de l'humour (distanciation), du talent et
un goût du luxe raffiné.
Ce
qui s'échange, ce n'est pas seulement le plaisir, mais l'être
entier. Rencontre qui s'achève dans l'éclatement orgasmique,
couronnement du besoin d'autrui pour l'accomplissement de la loi
d'amour. Rien que par cet instant de commune-union, l'amour passe,
sève absolue, dans les humains, - témoin du devenir incessant.
II
- 8 - D - L'union tantrique
L'union,
rite religieux du partage de la jouissance. S'ajuster, assis. Se
regarder au fond des yeux. Entre les yeux. Garde ta lucidité.
Contrôle et synchronise ta respiration profonde, lente, avec tes
mouvements rythmiques. Retarde la décharge. Souvent l'éjaculation
est prématurée. Rien n'est accompli tant que ton autre toi-même
n'a pas atteint l'orgasme. Retiens le liquide séminal. Repousse,
loin, indéfiniment, le moment orgastique, jusqu'à vous inonder tous
deux de bonheur - L'orgasme différé est intense. Cette maîtrise
discipline et intensifie l'énergie sexuelle, élève le potentiel
sexuel, améliore les qualités de la vie amoureuse. Noter que
l'échange psychique est aussi intense que l'orgasme libéré, moment
dynamique de l'intimité sexuelle, où les complémentaires se
réalisent dans l'unité androgyne retrouvée.
(Laissons
à d'autres l'exploit inutile d'inverser le flux séminal vers leur
centre cérébral...)
Lire également
: Le
Tantrisme (Wikipedia).
II
- 8 - E – Après l'amour.
La
détumescence. Ce moment de repli heureux qui mesure, autant sinon
plus que les autres moments, l'intensité, la densité amoureuse.
Pure joie. Nous plaignons les gens pressés.
II
- 8 - F - Le sexe vit
Un
sexe mort est indifférent. Par le désir, il vit VIT.
Le
vit : Centre de fission, lys, étend-dard, catalyseur d'énergies
bio-cosmiques. Est aussi beau que le sexe de la femme, sexe lyre,
cratère, rose, centre de fusion.
Le
sexe ne ment pas. Il ne ment pas sur le plaisir qu'il a. La source
vive de plaisir ne mouille pas sur commande.
II
- 8 - G - Le plaisir orgasmique
Il
n'y a pas de plaisir terminal. Le spasme orgastique couronne,
conclut, n'achève pas la jouissance, qui continue jouissance de la
présence. Le plaisir est l'exubérance du génie charnel et
intellectuel. Chimie existentielle de l'œuvre d'art pas excellence.
Tourbillon vertical de lucidité biocosmique. Expression essentielle
de ce qui prouve notre existence. Champ de temps nul, sans mémoire.
Chant de la chair à lèvres nues. L'unique éblouissant à notre
portée charnelle.
II - 9 - LA SANTÉ ÉROTHIQUE
II
- 9 - A - On n'est beau que dans l'amour.
L'amour
couronne de beauté. Il ne crucifie que les malades d'eux-mêmes.
N'approche donc pas de qui se fuit. Ce malade n'a rien à donner.
Rechercher le plaisir érothique signe la vitalité, la santé.
L'érothique exorcise les maladies par ses vertus toniques.
L'équilibre érothique fonde tous les équilibres. L'énergie
sexuelle renforce l'énergie psychique, la créativité, ne l'épuise
pas. L'émotion érothique renforce la puissance magnétique, raffine
les sens.
L'inhibition
de l'énergie biologique est source de névroses, de troubles
physiologiques, de comportements irrationnels, individuels et
collectifs, puisque l’inhibition est négation de la vie. (A la
limite, mieux vaut avoir un orgasme solitaire que n'en avoir pas du
tout.) Le spasme orgastique couronne la communion. Mais l'intensité,
témoignage de présence et d'union, la qualité de l'union des deux
totalités en une seule puissance orgastique, est bien plus
importante que la pure performance.
II
- 9 - B - L'efficience génitale
L'efficience
génitale n'est pas un pouvoir de consommation effrénée - une des
formes d'oppression et d'auto-oppression. La pleine capacité
érothique n'est pas dans la répétition de gestes trop connus, mais
dans l'intensité d'une geste toujours nouvelle, renouvelée,
réinventée.
Il
n'y a de problèmes sexuels que chez les frustrés. Ce sont souvent
des désirs contenus par les inhibitions morales, résultat d'une
éducation contraignante, qui créent cette résistance à la
sexualité. L'attitude défensive, cause de toute frigidité, se
cerne de déceptions, de limites et, finalement, d'obsessions. Les
infirmes érothiques s'amputent eux-mêmes d'un sexe, d'un sens, de
l'intelligence de vie, victimes du conditionnement moral et des
valeurs de la respectabilité sociale.
Toute
privation crée l'obsession. Toute abstention dégrade
l'intelligence. Et ne croyons pas ceux qui déclament qu'il vaut
mieux se ménager sexuellement afin de pouvoir se dépenser en
service social. Les sans-appétits au plaisir érothique sont
étrangers à la loi de la vie, à l'intelligence biocosmique. Un
homme ou une femme érothiquement satisfaits dans leur jeunesse ne
connaîtront jamais l'usure.
II
- 9 - C - De quelques fictions et malversations
-
L'homme accorde, par ignorance et frustration, une importance
excessive au sexe féminin et valorise, de ce fait, la structure
physique de la femme, accentuant la réalité par une schématisation
esthétique luxuriante. La femme, elle, surestime le Priape et
schématise l'homme en héros musclé. Les frustrés des deux sexes
ont une appréhension idéelle de l'acte sexuel. Les femmes frigides,
une appréhension plus concrète, bien que totalement injustifiée.
Le « je ne peux pas » est un « je ne veux pas »
ou, plus souvent, un « je ne dois pas ». Le malade
craint le sexe féminin qu'il imagine carnassier. Sa peur de la
castration, bloquant son désir, lui fait mépriser le sexe féminin
et le tourner en dérision.
-
Et le terrorisme puritain relevant des structures patriarcales (ou
coloniales), accable le sexe de honte. (« Con »
« fuck » sont devenus des injures admises). La
société patriarcale méprise la femme, la considère comme
inférieure à l'homme, et exalte la virilité possessive. Ainsi la
femme-outil ne sert-elle à l'homme que pour qu'il puisse satisfaire
son plaisir, et s'imposer aux autres hommes dans ses perpétuelles
rivalités. Nous devons apprendre désormais à reconnaître les
causes religieuses et socio-économiques des malversations et des
détournements érothiques.
Abordons,
à présent, brièvement, certaines pratiques marginales de la
sexualité :
-
La pratique autorastique : L'instinct sexuel primaire est hédoniste.
Mais le narcissisme autorastique reste un préliminaire juvénile.
L'autonomie charnelle est un leurre. La finalité autarcique est une
fiction.
-
Le pluralisme sexuel est un jeu masturbatoire par personnes
interposées, libérant de fantasmes inassouvis.
-
Un mot à propos des alliances de groupe et du communisme sexuel. Il
est évident que la communion d'hommes également bien-aimés à
travers la même femme bien-aimée et de femmes par le même homme,
d'hommes et de femmes entre eux, représente une source probablement
profuse d'enrichissement sensuel mais que ne peuvent atteindre que de
très rares personnes, dans le plein épanouissement de leur
exceptionnel tempérament.
-
L'orgasme collectif reste une addition d'orgasmes, non pas une
synthèse. Le croisement couple à couple et la synchronisation
parfaite des rythmes est, d'ailleurs, pratiquement impossible.
-
La pratique homosexuelle masculine : L'amour homosexuel est une
pratique constante des civilisations, qu'elles en reconnaissent la
pratique, la portent au pinacle comme les Grecs de l'Antiquité, ou
qu'ils la dénoncent pour des raisons d'opportunités religieuses.
L'effervescence actuelle est due essentiellement à l'attrait de la
sexualité ludique et à la découverte de multiples sources
différentes de jouissances du corps, sans pour autant négliger
l'importance du sexe psychologique et des fantasmes d'identification.
Certains pourraient évoquer également et analyser la peur de la
sexualité biologique voire l'autorégulation de l'espèce humaine,
acculée, dans la hantise de la surpopulation, à arrêter sa
multiplication anarchique... Aucune morale religieuse, cependant, ne
peut concrètement interdire une pratique vieille comme le monde
devenue aujourd'hui fait de société.
-
L'éonisme : Il y a des travestis qui savent mieux se servir de leur
féminité que nombre de femmes.
-
Le saphisme : Tout acte saphique est un exercice pratique de
sensualité. Aux hommes d'apprendre à être aussi attentifs et
délicats en amour que les lesbiennes.
Nous
rappellerons ici que tout est licite pourvu que l'autre y consente.
II - 10 - L'INITIATION
ÉROTHIQUE
II
- 10 - A - Le parcours et l'apprentissage
L'érothique,
le plaisir, l'amour, le bonheur sont incommunicables par livret
programme. Il ne s'agit pas de gestes, d'actes, de soupirs... Il ne
s'agit pas de technique. Mais d'art. Et tout art s'apprend, de maître
à apprenti. L'art nécessite une formation. Et une formation fondée
sur l'expérience acquise, non seulement sur une science transmise.
L'analphabétisme
érothique, l'ignorance de la sexualité et de sa finalité, ou
l'insuffisance informationnelle et formationnelle, déchaînent les
angoisses, les conflits, les hontes, la solitude, l'insécurité et
toutes les misères sexuelles, l'impuissance, la résignation,
l'aliénation, les troubles, la peur, le trivial, l'irrationnel.
La
formation sensuelle, érothique, et l'éducation esthétique exigent
un guide. On ne s'élève pas seul - ou rarement. Dans la Grèce
antique, les aînés instruisaient les plus jeunes à l'art
érothique. Autres temps, autres mœurs. Plus rarement les femmes
initiaient à la jouissance. Faut-il au XXIème siècle des « Love
teachers » qui communiquent leur expérience érothique et
enseignent le maniement du corps au lieu des armes de mort ?
Le
parcours initiatique comporte plusieurs étapes : Découvrir son
corps afin de l'exprimer, non de le réprimer. L’auto-sublimation
narcissique préliminaire est-elle nécessaire à l'épanouissement
complet ? Afin de réussir à faire jouir, afin d'amener l'autre
vers les sources de son propre plaisir, on doit connaître son corps,
savoir l'éprouver, valoriser ses sources de jouissances, connaître
ses exigences, ses limites, le rythme de sa chair. Sinon, on aimera
médiocrement. Aimer, c'est d'abord savoir s'aimer. Se chercher
d'abord pour trouver l'autre. L'acte fondamental : Communier.
L'amour, en faire sa loi. Le bonheur est d'être lien. Cela aussi
s'apprend.
D'où
la nécessité d'acquérir une structure caractérielle ferme pour
vivre insaisissable, puissance quiète, sereine, lucide. Et chacun, à
son tour, offrira sa science érothique de bonheur. « On ne
naît pas homme. On ne naît pas femme. On le devient. » On
ne perd pas sa virginité, on acquiert sa condition d'adulte. Le
pouvoir fantasmatique de la virginité s'effondre. Le garçon mourra
en tant que fils de femme et naîtra amant. Toute jeune fille, créée
par une femme, se crée elle-même femme, amante, créatrice de vie.
Aux
femmes à la peau riche, et aux hommes poètes-artistes, qui savent
aimer, à eux d'initier aux arts et réflexes du plaisir intellectuel
et sensuel, fécondant l'intelligence. Initier à découvrir sa
sensualité, à accepter la responsabilité de sa propre sexualité
de plaisir et de reproduction, de création, comme partie intégrale
de sa personnalité, de son intelligence. Et, maître de son propre
terroir, savoir, à son tour, semer.
Initier,
découvrir en toute intelligence : C'est ce qui nous rend
indispensables.
II
- 10 - B - Le corps faste
L'homme
est fait autant de conscience que de chair. Double aspect de
l'intelligence biologique. Le corps n'est pas insignifiant. Il
n'aurait pas été. Le corps n'est pas le tombeau d'un cadavre mais
le navire d'un capitaine. Il n'est pas une entrave mais un instrument
de connaissance, de saisie des racines charnelles de l'Être. Il est
le support organique pour l'accomplissement de l'art, de l'amour -
notre intelligence. Toute souffrance provient de notre méconnaissance
des lois naturelles.
Le
corps, tapis de prière du poète. Cultivons son caractère de
beauté, notre devoir impérieux. Prenons soin de notre corps. Tout y
est important. Que tout exprime la santé et la fierté. Le corps est
à sculpter chaque jour. Le corps nu ignore la honte. Enfin, le temps
des corps et du « noble talent du corps ». Nous
accepter nus - la première des politesses. Chaque corps est un rêve
esthétique. Qu'il soit un chef-d'œuvre, au même titre que
l'intelligence. La laideur insulte. La beauté est une éthique.
L'apparence reflète le fond. La beauté n'est pas que subjective.
Elle féconde la sérénité.
Accomplir
son corps. Bannir les déplaisirs. Ne jamais perdre la capacité d'en
jouir et de faire jouir, de rendre heureux. Si on n'aime pas d'abord
son corps, si on ne s'apprécie pas soi-même, comment saura-t-on
aimer ?
Beauté
vigoureuse d'hommes et de femmes au corps faste. Civilisation
novalienne d'esthètes.
II
- 10 - C - L'élégance et l'art de la parure
La
vêture. Là, commence l'art. Le vêtement n'habille que pour
révéler, souligner, mettre en valeur, exprimer, parer, inventer,
servir le corps et son élégance. La forme vivifiée par l'art. La
parure, signalisation visuelle dynamique afin de se distinguer
originalité d'être unique, de se signaler, descriptible, de
s'identifier, par le vêtement, à sa vocation. Se mettre soi-même
en spectacle, suprême raffinement du goût esthétique. Sans
dandisme. Et si un maître tailleur savait l'habiller de son talent,
comment l'originalité unique de chacun ne serait-elle pas
rehaussée ?
La
sensualité de la vêture éprouve un certain exhibitionnisme
narcissique. Révéler son corps, ses attraits, sa musculature ou sa
finesse, par des qualités de tissus incomparables ou des coupes
amples ou ajustées, est un bonheur pour le regard que l'on porte sur
soi et pour le regard de l'autre. Cacher son corps, dans la crainte
de s'exposer au regard de l'autre, ou de cacher son néant, détourne
la clairvoyance biologique vers des impasses. Cette bigoterie outrage
la vie. Là aussi se trouve la pornographie.
Nous,
nous privilégions la beauté de la parure, parce qu'elle manifeste
l'art. L'habit enveloppe de lumière, nous révèle : Expression de
la liberté et de l'intégrité de l'individualité, il exalte,
célèbre notre affirmation nue, notre volonté d'aimer la vie,
l'amour, l'art, la beauté et d'en jouir.
S'habiller
de beauté n'est pas s'aliéner à une mode, ou bien s'afficher pour
déclamer son standing ou dissimuler son corps dans un vêtement
uniforme, qui encage l'homme et la femme dans des rôles figés dans
le passé. C'est une politesse, sans affectation, de la vie sociale,
à l'égard de soi et des autres. Le novalien préfèrera toujours
l'élégance et la chatoyance des tissus et des couleurs à la
négligence et au laisser-aller des tongs ou des pantacourts informes
qui coupent la silhouette... Avez-vous remarqué, l'été et en
Occident, la laideur des tenues débraillées de la plupart des
hommes et par opposition la grâce renouvelée des femmes ?
Dignité, élégance semblent avoir disparu du vocabulaire courant,
noyés dans la conformité à la négligence normalisée.
Mais
les talents de la Haute Couture veillent heureusement aux
renaissances renouvelées du charme et de la séduction, de la
fantaisie colorée, de l'humour inattendu et de l'art de la beauté...
L'art
de la décoration esthétique, temporaire ou permanente du corps,
plus qu'une mode passagère, est une pratique éloquente vieille
comme le monde (voir l'historique du maquillage,
du bodypainting
-peinture corporelle-, du tatouage,
et du piercing
sur Wikipedia). C'est un regard
bienveillant posé sur soi et un mode de vie. Tout dessin devient
destin. Il initie à la magie inspirée de l'affirmation de soi. Il
personnalise, par sa délicatesse ou sa force, les nervures de notre
être au monde, embellit et sublime, en toute candeur, notre propre
miroir.
II - 11 - L 'AMOUR
L'amour
parfait l'union. L'amour n'est pas sentimentalité ou attachement
servile. Il n'est pas agressif, appropriatif, aliénant. Et il n'est
pas désintéressé, au contraire. L'amour, état d'être par où
passe l'absolu de l'intelligence biologique, est la règle véritable
des relations inter-humaines. Il est sa propre éternité. Et il
exige une exclusivité acceptée durant toute la durée de la
rencontre.
II - 11 - A - L'exclusive en amour
La
chair amoureuse n'admet généralement pas le partage. Seuls frustrés
et mal-aimés croient au changement de partenaires, par égoïsme
forcené et incapacité d'aimer, ou bien par peur de s'attacher et
d'assumer ses responsabilités.
Jusqu'à
la mort de l'amour, par entropie, usure, accoutumance, assouvissement
facile, satiété, limites de résistance génésique, vivre, par
accords charnel et intellectuel, une union exclusive, - et des unions
exclusives successives, plutôt que simultanées, la simultanéité
devenant très vite conflictuelle. On ne peut vivre plusieurs
rencontres en même temps. A qui s'éparpille entre plusieurs
amant(e)s, manque toujours un(e) amant(e). Et d'ailleurs, il se
gaspillerait en mensonges, lyriques ou sobres, ou en fraudes... Nous
ne signifions pas, par exclusivité, une fixation affective
paralysant les potentialités, mais, au contraire, une fidélité à
soi-même nécessaire pour aller jusqu'au bout de toute rencontre.
Trahison
n'aurait donc plus de sens. Et ne sont jaloux que les mauvais amants
- qui ne sont pas sûrs d'eux-mêmes -, et qui croient pouvoir
s'approprier, pour leur plaisir et vanité, une autre personne,
réduite ainsi au servage. Leur désir est féodal. Leur jalousie
provient aussi de leur angoisse d'être niés, de voir leur
existence-même niée. N'ayant rien à donner, ils souffrent d'être
dépossédés. Leur incapacité à aimer les tourmente. Leurs
réactions harcelantes sont instinctuelles, irrationnelles. Leur
violence se mue en haine. Lucidité et intelligence sont enterrées.
(Et des avares jaloux - qui ont oublié de vivre et d'aimer -
alimentent les discordes dans les salons, à mi-voix...)
L'amour
n'est pas dû. Il faut le mériter. Qui démérite s'en va, ou, du
moins, ne s'oppose pas au départ de l'autre. Toute rupture - même
partielle - signe soit une impossibilité d'harmonie et un constat
d'échec, soit la mort naturelle de l'amour, tous désirs épuisés.
Ne
dissimule jamais. Tu te lierais. Ne prolonge pas les situations
équivoques ou ambiguëes. Détache-toi. N'accepte jamais de subir
une étreinte non chérie. C'est une question d'honnêteté.
Toute
rencontre est plus ou moins enrichissante, selon la qualité des
amants. Sinon c'est une passe. Et s'il y a virtuellement une infinie
possibilité de rencontres, il n'y a, en fait dans une vie, qu'une ou
deux rencontres cruciales qui vous renouvellent. Et ce, quelle que
soit leur durée.
II
- 11 - B - Le mariage
Le
mariage (quoique nous lui préférons le mot « alliance ».
Voir infra) a toujours été avant tout une convention sociale
et économique, gouvernée par un objectif, la procréation et la
cohésion sociale et économique. De nos jours et dans le monde
occidentalisé, il scelle une union, dans le sens où il prend le
risque de la tuer en changeant le vivant en statue de convenance.
Souvent, il légalise, officialise, une paresse érotique. Ce contrat
tue l'œuvre d'amour et fait de la quête érotique une affaire de
possession ou de préservation de patrimoine.
Tout
nouveau mariage est exploité par la moralité publique ou religieuse
qui coince les mariés et les soumet à la norme admise d'une
sexualité statutaire. La vie de chacun est ainsi soumise au regard
des autres, à l'approbation officielle de la société.
Partout,
dans le monde phallocratique notamment dans les pays
non-occidentalisés traditionnels, l'homme se marie parce qu'il a
besoin d'une femme, d'une mère pour ses enfants et d'une ménagère.
La femme a besoin d'un pourvoyeur d'argent et de sécurité. Se
marier, pour elle, c'est se libérer du joug paternel, comme au
Moyen-Orient. Tout moyen contraceptif est exclu. Double exploitation
justifiée par ce dur besoin de subsister et d'exister socialement.
L'autorité (d'autres diraient l'oppression) phallocratique se
manifeste sur tous les plans : - physique, par le chantage ou la
domination, par la brutalité ou par l'argent. - Intellectuel, par le
mépris affiché ou un paternalisme détaché. L'homme impose à sa
femme jusqu'à son niveau de conscience, voire son bulletin de vote.
- Sexuel : la femme est, pour le bon plaisir de l'homme, un objet où
se dévider de temps en temps. - Social : le mâle détient le
pouvoir. La femme perd son nom dans le mariage, se diminuant,
s'atrophiant, au profit de son nouveau maître et seigneur. La femme
accepte, se tait, semble aimer cette oppression. Fainéante, elle est
contente de recevoir bijoux, argent et ordres. Rapace, elle donne
très peu, à peine du bout des doigts, et prend des deux mains, - Va
gagner notre vie, dit-elle à son mari. Rapports marchands. Donnant
donnant. Donnant si peu et prenant tout, la bourse et la vie. Le
désir est si rentable ! Prostitution plus ou moins élégante,
affichée ou maquillée. Au fond, une douloureuse lâcheté éxigée
par les conditions difficiles de survie dans des sociétés
verrouillées.
Ce
tableau caricatural, volontairement outré, s'applique surtout dans
les pays où les religions dirigent la pensée et les mœurs et
s'approprient les corps et les consciences. La femme, en pays laïque,
s'est réveillée et, depuis un siècle déjà, a gagné son
indépendance. Et le « mariage pour tous », tous genres
confondus, recherché surtout pour ses avantages patrimoniaux, y est
officialisé par la loi et l'évolution des mœurs.
« Le
mariage pour tous », revendication universelle
Carte
des pays qui l'autorisent ou qui l'interdisent (Libération)
II
- 11 - C - La famille traditionnelle patriarcale
Les
mariés, bien pensants, rentrent immédiatement dans le rang des
obéissants au système traditionnel cloisonné. Ils fondent une
famille c'est-à-dire reproduisent une nouvelle cellule de vie et de
survie économique, considérée comme la base fondamentale des
sociétés religieuses dans leur structure sociale, morale et
comportementale.
Quel
système étatique religieux a-t-il jamais toléré la libre
disposition du corps ? La famille patriarcale, dans son état
actuel, ne sert-elle pas à maintenir le système traditionnel sans
possibilité d'évolution et, sous l'emprise religieuse, à
verrouiller les esprits ? A travers l'autorité parentale,
l'Etat théocratique peut ainsi contrôler cette structure de
reproduction, d'intégration et d'obéissance des populations. En
généralisant, les enfants deviennent fils de la Matrie, que ses
dirigeants, bien entendu fins connaisseurs politiques et bienfaiteurs
de l'humanité, pourront envoyer verser leur sang pour la défense
d'une culture, d'un mythe religieux, d'un projet politique, d'un mode
de vie, des acquis, des ressources vitales ou de territoires. Il y a
même des primes pour les familles nombreuses.
En
Occident, les outils qu'utilise le système social et économique
dominant, laïque ou para-religieux, pour se reproduire sont variés.
Cela ne va-t-il pas de la sublimation des contacts relationnels, de
l'érotisation des échanges, de la commercialisation des sentiments
jusqu'à l'exploitation publicitaire du désir, de l'amour possessif
et du corps-marchandise ? Le désir est enrôlé par le
savoir-faire des communicants afin d'inciter à la consommation. Tout
dans nos sociétés libérales n'est-il pas bon pourvu que la machine
productrice de profits tourne ?
La
cellule familiale est-elle pour autant devenue un désastre ?
Est-elle psychologiquement et physiologiquement épuisante,
harassante émotionnellement, intellectuellement atrophiante,
conséquence de la dégradation des liens relationnels, de
l'autoritarisme colérique ou de l'impatience des égoïsmes... ?
II
- 11 - D - Les alliances
Si
nous préférons l'alliance au mariage traditionnel et à la famille
phallocratique dont nous avons brossé un portrait caricatural afin
d'en faire ressortir les profondes cicatrices, c'est parce que,
simplement, nous refusons l'hypocrisie, les marchandages tristes, les
ventes du corps, les lâchetés quotidiennes, et que nous aimons
l'amour, la vie, la clarté. Tout, en définitive, n'est-il pas une
question d'éthique ?
Vivre
à deux est une alliance. Les amants sont des alliés - et non plus
des rivaux. Et personne n'appartient à l'autre. Nous vivons
ensemble. Et nous formons un angle.
Alliance
: Une exclusive acceptée, afin d'aller jusqu'au bout de la
rencontre.
Alliance.
Par consentement mutuel. Déclaré aux amis témoins. Monogamie
sérielle, de durée variable. Tout couple est mari et femme. Tout
amour est légitime. Et chacun garde et affirme son propre nom, ou
réinvente un nom nouveau au couple.
La
dissolution, le divorce, sans explications fournies aux autres, dit
la fin de l'amour, l'amorce d'une nouvelle rencontre. N'est
indissoluble que la pulsion érothique unitive universelle en nous,
et non l'union microcosmique des couples - mises à part les grandes
passions...
L'alliance
nécessite une maturité affective, une harmonie intellectuelle et un
complet accord physique. Une intelligence lucide dans la passion. La
paresse (l'épreuve d'usure), la familiarité, l'habitude (dite
complaisamment fidélité), autant que la brutalité, l'obsession
possessive (la jalousie, fixation névrotique) sont profondément
incompatibles avec l'amour, ou la moindre sensualité.
Si
l'un des amants (ou les deux, ensemble) sent le besoin de rupture, ne
pas hésiter : Rompre. Définitivement. Sans retour en arrière. (Il
y faut du caractère.) Exigence de probité au regard de soi-même
avant tout autre. Exigence d'intelligence, de lucidité et de
courage. On gagne son estime propre. Et celle des autres.
Les
lâches qui se plaignent et se lamentent et qui s'obstinent, après
désaccords et disputes renouvelées, à recoller les morceaux, à
chercher à sauver la face sociale ou à retarder l'échéance de
rupture, resteront malheureux, mal-aimés, conscients de leur
incohérence, cernés par leur impuissance au bonheur, rateront leur
vie et de nouvelles rencontres, survivant, ridés, les pieds à la
place du cœur, dans la névrose sournoise, la hargne vénéneuse, ou
bien dans la soumission patiente, l'habitude complaisante, le
mensonge écœurant le cœur et l'esprit, fuite dans l'artifice de la
dissimulation, en-deçà de la vraie vie au regard clair qui est,
pourtant, là, devant nous.
L’exigence
de notre é(ro)thique n'admet pas les demi-mesures. Quitter le passé
à l'haleine dure et revivre une nouvelle rencontre, un nouveau
souffle, une nouvelle vie : gageure d'une renaissance entière à
soi-même retrouvé...
II
- 11 - E - L'amitié amoureuse
Nommons
première amitié ce lien qui subsiste après l'amour, après
l'achèvement de la rencontre, entre deux amants. « Si je ne
t'ai pas étreint, connu, tu ne saurais être réellement mon ami. »
L'intimité érothique révèle l'être entier et vous met en
confiance. Mais gardons quand même la distance du regard : la
complète lucidité, la tendresse et le respect. « Que l'autre
existe, non en toi ou par toi, mais avec toi » - rattachement
authentique qui n'est pas abstention mais ouverture lucide. La
société novalienne ne saurait étouffer les amants. Bien au
contraire, elle saura protéger leur intimité en les entourant de
chaleur fraternelle. Elle leur offre des joies simples et une
sécurité émotionnelle.
L'autre
amitié est la fraternité entre personnes sympathisantes, ouvertes
l'une à l'autre, loin de toute familiarité, et qui se reconnaissent
par l'étreinte du regard ou de la main. Les grincheux vous diront :
« Ne tends pas trop vite la main. Beaucoup risquent de te
dévaliser de toi-même. Evite celui qui n'est pas à ta mesure ou
tâche de l'élever mais ne t'abaisse jamais à la petite taille des
lèches-paumes. » Les circonstances décideront...
II - 12 - L'ENFANT
La
rencontre érothique culmine à la naissance d'un enfant, fruit
réalisé œuvre de l'union des amants. L'enfant ferme l'angle formé
par le couple. Le triangle s'accomplit. Dans certaines sociétés
traditionnelles, celui qui n'a pas engendré, dit-on, reste atrophié,
car il n'a pas transmis la vie. Il a manqué l'écriture charnelle du
devenir. En revanche, dans nos sociétés libérales relativement peu
fertiles, un couple sans enfant et qui assume son état, se suffit à
lui-même. Il forme cercle.
Un
seul enfant suffit à compléter une rencontre. La puissance sexuelle
n'est pas dans la quantité de la progéniture. L'enfant est fruit de
la décision consciente volontaire, complètement assumée, des
amants. Mais il ne leur appartient pas. Ils donnent naissance sans
s'approprier. « Ton enfant naît par toi (et non pour
toi) » G.K.Gibran. Il ne nous appartient pas et ne nous prolonge pas.
Et son nom, demain, à l'âge adulte, quand il rejettera
éventuellement son nom imposé, provisoire, il le choisira lui-même
: Le nom qui le définit le mieux, qui dit le mieux sa vocation
d'être. On enfantait par tradition, perpétuer la vie, ou par soucis
économique de transmission de patrimoine. Qu'on enfante désormais
pour l'amour de la vie. Chaque enfant est l'enfant des hommes. De la
terre novale.
II - 13 - CONCLUSION
La
relation entre les sexes est encore dans la plupart des pays une
relation économique, un arrangement coercitif pour un plus grand
contrôle de la femme, de son ventre, de la démographie. Le sort des
femmes est donc lié à celui des enfants, des hommes. Tous sont à
la merci des structures socio-économiques et culturelles qu'ils
fondent et perpétuent. La famille sert-elle donc dans ce cadre à
protéger la femme et les enfants, en attendant de sacrifier ceux-ci
sur les champs de guerre à venir...
Dans
les sociétés phallocratiques, les attitudes culturelles sexistes
préjugent de la qualité de la personne en fonction de son genre et
de ses tendances sexuelles. Elles mutilent la femme et sa dignité et
la conditionnent pour mieux l'asservir comme objet de plaisir et de
reproduction, fidèle par nécessité aux structures
socio-économiques et religieuses qui le commande. Peut-on libérer
les hommes des stéréotypes d'agressivité à l'égard du
féminin en eux-mêmes d'ailleurs ? Vouloir abolir les
différences en matière de vêtements, de parure, de maintien, par
une vie « androgyne », n'est-il pas plutôt traumatisant
et en tout cas insuffisant ? Les structures physiologiques et de
comportement ne sont-ils pas naturellement distincts ?
Y
a-t-il une voie décisive qui mette fin à toute possibilité
d'exploitation et d'humiliation de l'autre ? Cessons de
soutenir de vaines controverses. La révolution érothique, c'est à
nous tous de la commencer. Par l'exemple. Communiquer par le
témoignage. Témoigner de la beauté de l'amour, de l'art, de la
poésie. Ne pas décevoir ceux qui attendent de chacun de nous leur
libération. Toute lâcheté démoralise. En chacun passe le
mouvement de libération des chaînes qu'il s'impose ou que son
entourage impose.
Saurons-nous
tous assumer, contre les puissances de mort, la puissance de la vie ?
Contre les mœurs d'hypocrisie et de lâcheté sur une terre polluée,
des mœurs claires de lucide intelligence et de courage, une
érothique lumineuse pour une terre novale ?
Toute
réponse est ancrée en soi-même, indélébile. Saurons-nous la
déchiffrer ? Chacun n'est-il pas son propre témoin ?
© Claude Khal
LIENS
et sur le Féminisme :
Forum
Femmes et Mémoire (Cahiers d'Histoire);
Féminisme
(Wikipedia) ;
Déclaration
des droits de la femme et de la citoyenne par Olympe de Gouges ;
Féminisme
musulman (Wikipedia) ;
Le
féminisme islamique Mémoire de Nejwa Al-Kettab 2012 ;
Huda
Sha'rawi, féministe égyptienne, par Sonia Dayan-Herzbrun
(Persée) ;
Lectures
et usages féministes de l'islam (La vie des Idées) ;
Les
hommes dans les mouvements féministes par Alban Jacquemart...
Tous ces sites sont cités à titre d'information et n'engagent que leurs auteurs.
TRAVAUX
DE RECHERCHE INDIVIDUELS OU D'ATELIER
1)-
La rencontre-communion existentielle est UNE, harmonique dans ses
multiples aspects relationnels. Le déchiffrement actif de l'autre,
lecture - apprentissage sans cesse recommencé, qui nous éprouve et
nous évalue, réalise la communication à tous les niveaux
conscientiels, intellectuels et charnels, fondée sur le désir et la
confiance réciproque ainsi que sur une entraide effective de portée
rayonnante.
La
qualité de la rencontre dépend donc de ta réponse à l'appel
intime de l'autre. Partielle, elle limiterait la rencontre et nous
limiterait. Chaque rencontre-communion est une expérience singulière
de naissance.
Se
reporter à la communication précédente, chapitre Nov I - 8 - B, et
essayer d'appliquer ce qui se rapporte à la relation-rencontre avec
une œuvre d'art, à la relation-rencontre avec une personne aimée.
2)-
Comment se situer personnellement par rapport aux conceptions
évoquées.
3)-
Essayer de remonter le cours du temps historique et de noter toutes
les malversations et mutilations que les sociétés ont infligé à
la dimension érothique de l'homme, à travers tabous, lois
restrictives et condamnations...
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