Les Communications qui forment "Les Novaliens", suite du blog "Les Relations d'Intelligence Créative", sont diffusées exclusivement sur le Net en avant-première. L'accès aux textes est donc pour l'instant libre et gratuit. Dans le respect des droits de chacun, merci de mentionner la source : © Claude Khal.

jeudi 29 août 2013

LES BEAUX-ARTS DES CORPS

Communication NOV II


LES BEAUX-ARTS DES CORPS



L'érotisme comme le plus exigeant des Beaux-Arts.



SOMMAIRE DE LA COMMUNICATION NOV II – Les Beaux-Arts des Corps

Introduction
1 - Le malamour
2 - La femme
3 - Le couple solunaire
4 - La rencontre (érothique)
5 - Les Aimants
6 - L'érodynamie
7 - L'érosphère
a) La communion sexuelle       b) La sexualité génitale       c) La danse des semailles
d) Le sexe somatique       e) L'orgasme
8 - L'art érothique
a) Le savoir aimer       b) L'amant-artiste       c) Le voluptuaire       d) L'union tantrique
e) Après l'amour       f) Le sexe vit       g) Le plaisir
9 - La santé érothique
a) L'intensité témoin       b) L'efficience génitale       c) De quelques fictions et malversations
10 - L'initiation érothique
a) Parcours et apprentissage       b) Le corps       c) L'art de la parure
11 - L'amour
a) L'exclusive en amour       b) Le mariage       c) La famille       d) Les alliances      
e) Les amitiés
12 - L'enfant
13 – Conclusion
LIENS
                                                                                                                               
 
Introduction

Passé le moment d'indignation devant le malamour qui afflige non seulement l'Orient et l'Afrique depuis la colonisation puritaine mais également l'Occident d'hier et d'aujourd'hui ainsi que ses imitateurs, nous aborderons les rivages plus doux qui bercent les aimants. Ces textes sont de toute évidence essentiellement poétiques. Comment évoquer les relations d'amour et d'érotisme sans l'indispensable poésie agrémentée du fin sourire de l'humour ? La raison froide et l'analyse rationnelle y auraient été déplacées. Laissons-nous guider par l'émotion et l'intuition de ce qui est bien, juste et beau. Naïveté et utopie ? Oui, et alors ?
Dans notre parcours socio-éthique, nous nous devions d'aborder un des problèmes fondamentaux de la vie relationnelle du biotype humain : les relations amoureuses érotiques. Pour bien souligner le fondement éthique de ces relations, nous écrirons « érothique » (éro)éthique. La dimension érothique novalienne et sa pratique - considérée comme un des Beaux-Arts - ouvrent à une qualité d'être incomparable. Avec amour. Avec humour. Aussi n'aborderons-nous, dans la présente communication, la dimension érothique que du point de vue exclusivement socio-éthique, voire poétique et même utopique. Les quelques réflexions - nécessaires - émaillant le texte, sur la portée signifiante des organes somatiques, du rituel et de l'acte érothique, recevront certainement leur entière justification et leurs échos dans des communications ultérieures.
Tous ces textes ont été écrit à la fin du siècle précédent. Ils ont été ici réactualisés.

« L'érotisme est l'approbation de la vie jusque dans la mort »
G. Bataille

II - 1 - LE MALAMOUR

Qu'avons-nous à offrir ? à partager ? Qu'avons-nous à donner ? De l'aversion tordue ? Du froid ? De l'amertume? Du vide ? De l'inutile ? On sait très peu aimer. On passe. Par mille détours, on cherche et réussit souvent à cacher notre nudité, voire notre nullité. On n'a rien à montrer, rien à offrir, rien de valable à donner. Et on cherche à s'approprier quel autre dépossédé ? à saisir quel autre vide ? L'œil qui devait nous nourrir, nous vide, nous dévore.
Tous se convoitent les uns les autres, dans une muflerie d'hypnotisés par un sexe devenu bâtard. Tout est proie et tous vautours avec les yeux toujours en chasse. Qui dévorer ? La femme est comestible. L'homme à traire. Entre les hébétés, les puceaux, les crétins, les porcs habillés de remords, les sottes et les catins, on erre, jamais écrit, sans trace. Portrait sans légende dans cette foire au bas-ventre. On singe la vie, ne sachant vivre.
On pose, propose, baise et passe. On s'empare de la dépouille de sa proie avec un famélique acharnement de mécanique et la délaisse, pantelante. Incertitude nouée en vaine crise.
Etreinte furtive, maladroite. Feinte promise au vide dans une arène dépassionnée. S'évider. Pour rien. S'inachever. Issue morte. Halte où l'on ne puise rien. Où l'on s'épuise, performance, à exhiber, falsifier, invalider, dévier. Désertion d'aveugles vaincus. Rien à lire. Rien à écrire. Gymnastique énucléée, acte brut, indifférencié, aseptisé, climatisé, stéréotypé, stérilisé, sans surprise, sans avenir.
Passade au lieu de passage. Passe au lieu de rencontre. Pissat au lieu d'un jouir. Jeu désespéré qui vous suspend absence dans la vacuité. Les chiffres se gavent d'évasions et de défaites sans terme. Et un besoin incoercible de recommencer, dans la dispersion, l'acte avorté.
Yeux en fuite du vécu angoissant, des réalités versatiles. On cherche un corps refuge, abri où se loger, s'abriter, s'oublier, se dépeupler, se nourrir d'ombres, pour que cesse la rage de la solitude insupportable. Acharnement à chercher un étui ou un manche. Mariage et contrat d'appropriation. Echange de comptabilités. Espace d'incertitude où l'on se méfie ne sachant se fier. Tout est surface. Tout est négoce qui désoriente. Las d'inventer des satisfactions approximatives, las de s'inventer, l'autre manque, perd et passe. Les corps se désertent, se lâchent aussitôt que pris. Parce que pris par caprice, profit, vanité. Tous les subjugués, sous le joug d'une convoitise, sont condamnés aux déceptions.
La baise sur grand ou petit écran, noces obstinément infécondes, cherche des réponses vides. Les fonctions vitales érotiques sont devenues névrotiques et sans humour. « La culture, défoulement du cul ». Misère du corps et pauvreté de l'intelligence. Pornographie. « L'homme patriarcal est plus singe que les singes » a-t-on dit encore.
« - Tu l'as eu ? » se dit-on entre copains. Les uns ne pensent qu'à embrocher. Tout autre est pris ou à prendre. Ainsi se collectionnent les amants. Mais ces couples ont-ils su aimer?
« L'amour est à refaire », a-t-on écrit sur les murs de Paris. Mais a-t-il vraiment été fait ? C'est plus qu'une boutade. Autour de nous, ne voyons-nous pas des illettrés érothiques, enfermés dans des systèmes à références aberrants qui ont médiocrisé, désacralisé l'amour ? Pollution de l'art vivant.

C'est l'homme à refaire. Et il ne pourra se refaire, renaître à lui-même et au monde qu'à la condition d'acquérir la volonté de refuser la pornographie, d'assumer son refus du mal-être et d'affirmer sa volonté de vie. Un NON sauve toute une génération. L'apprentissage du refus - notre première exigence de novaliens.
Tout est une question d'éthique.
Les morales publiques de voyeurs et d'impuissants ont dégradé tous les plaisirs, atrophié, par les tabous castrateurs, tous les moyens intimes de bonheur, et mu la vie en sexualité honteuse. Décence officielle, publique, ennuyeuse, fondée sur des lois névrotiques répressives et une censure de frustrés. L’hypocrisie et le mensonge ont été ainsi institutionnalisés. La sexualité industrielle se vend désormais le long des trottoirs et les baiserooms au quart d'heure. L'humour s'est calfeutré, honteux d'exister.
L'amour est trahi parce qu'inexploité. Quel choix reste-t-il ? Le mariage qui souvent désexualise ou bien la drague, la chaîne ou le jeu. Double mystification de la société du profit et mentalité pornographique insultant l'art de la vie.
L'analphabétisme esthétique et l'inculture érotique ainsi que le trivial servant les morales de cache-sexe, ont répandu sur toutes les lèvres, les injures à l'amour : Persécution verbale de l'amour, du corps, de la jouissance : « Baiser, enculer, con, fuck... » sont devenus synonymes de tromper, abuser, blesser, humilier. Dérision sans humour dans la dépréciation des organes génitaux et de tout acte d'amour. Aveu mémorial de la bêtise et dégénérescence. L'amour - qui libère de la honte et démystifie, est devenu, par la morale séculière répressive, concupiscence, cette invention blasphématoire des dévots du XIXème siècle qui ont habillé d'étoffes les belles ethnies d'Afrique, d'Australie ou d'Amazonie. Comment faire autrement, ont-ils pensé, pour briser les élans de vie, exploiter et enchaîner les serfs des colonisateurs puritains économiques et culturels ?
Le mépris du corps a fait le corps périssable. Tandis qu'il est éternellement vivant en tous, en tout, au même titre que la pensée. Ceux pour qui la chair et le plaisir sont sans valeur méconnaissent les valeurs de l'intelligence universelle.

Sait-on aimer ? Est-on capable d'amour ? Est-on capable de génie ? de porter ce beau nom d'amant ou d'amante ? d'apporter au monde plus de beauté qu'on n'y a trouvé ?
Notre renaissance est en nous. C'est chacun de nous, seul, qui la fera. Nous nous voulons présence mature. Nous voulons l'amour : non ce que tu vas me donner, mais ce que, moi, je vais te donner. Et te donner sans me reprendre. Saurait-on vouloir, non pas plaire, mais rendre heureux ? On pense peut-être uniquement sexualité. Nous parlons d'EROS. De la sexualité entière, relation existentielle dignifiée par l'amour - et le sourire. On pense peut-être que nous accordons trop d'importance à la sexualité ? Il est vrai que nous préférons le sexe au fusil, l'amour à la mort. Et nous vivrons rien que pour l'accomplissement de l'art, de la beauté, de la vie. Notre amour de la vie c'est bien notre exigence la plus intransigeante.


II - 2 - LA FEMME

Le portrait suivant dévisage les femmes dans la plupart des pays aux traditions religieuses éprouvées, souvent totalitaires, comme en Inde ou aux Proche et Moyen-Orient.
En 1972, est né au Liban un MLFO, Mouvement de la Libération de la Femme Orientale. Malgré une couverture locale médiatique, il n'a su intéresser que quelques poètes et écrivains, des hommes et des femmes de grande culture, ouverts à l'évolution des mœurs. Il a été cependant combattu farouchement par les religieux de toutes les confessions et surtout par des femmes qui n'en voyaient pas l'enjeu et qui ne voulaient surtout pas imiter l'Occident, de peur sans doute de perdre leurs privilèges de femmes chosifiées et choyées - au foyer.
Voici, en exergue, quelques textes, d'une grande naïveté certes, qui ont mis le feu aux poudres : Le manifeste des Lance-flammes (signé par Michel Cassir, André Jazzar, Claude Khal et Joe Samaha) et « Faut-il encore désespérer des femmes ? » de Claude Khal, textes et polémiques parus dans les quotidiens l'Orient-Le Jour et Le Soir en 1972.
De nos jours, les militantes des Femen ne sont pas mieux accueillies, que ce soit en Occident ou dans le monde arabo-musulman. Certaines ont été emprisonnées en Tunisie. Amina Sboui, après avoir exposé son corps sans voile, est devenue célèbre comme Femen tunisienne. Cependant, craignant la prison, elle quitte officiellement le mouvement féministe mais proclame toujours haut et fort que « son corps lui appartient » - à elle et non à la société. Ce qui signe une révolution dans les mentalités.
Les forces obscures continuent cependant à sévir pour brider toute tentative d'ôter les carcans immémoriaux qui enserrent les femmes.
 Pour des raisons techniques dues à Blogger, il est impossible d'inclure des images dans le texte. Le lecteur pourra donc télécharger le PDF pour consulter les documents cités. (Origine : L'Orient-Le Jour et Le Soir. Décembre 1972).

Se reporter aux LIENS à la fin du texte et lire par ailleurs :
Forum Femmes et Mémoire (Cahiers d'Histoire);
Féminisme (Wikipedia) ;
Féminisme musulman (Wikipedia) ;
Le féminisme islamique Mémoire de Nejwa Al-Kettab 2012 ;
Huda Sha'rawi, féministe égyptienne, par Sonia Dayan-Herzbrun (Persée) ;


*
*      *

Femme, tu n'es pas un mâle avorté au sexe perdu, un sous-homme. Tu n'es pas la fin dernière de l'homme, son repos. Tu n'es pas un ornement de la vie des hommes. Tu n'es pas un jardin de luxe, objet-meuble résumée à ton sexe, sillon passif offert au laboureur. Tu n'es pas un petit mensonge paré, une oie insensée, incapable d'amitié, poupée vaine, frivole et irréfléchie, ou une putain - sans valeur reconnue, baisable et licenciable à volonté, piétinée... Tu n'es pas, non plus, la femme martyr, douce, patiente, passive, paralysée, muette, domestiquée, gardienne de l'honneur de ta famille, de ton époux, de son prestige, de ses possessions, et qui transmets à tes enfants les valeurs traditionnelles d'une société d'égoïsmes privés de poésie.
Galérienne longtemps condamnée au mutisme, annexée par ton contremaître comme bonne à tout faire, fêtée peut-être un jour, mais baguée, enchaînée, exploitée toute l'année, mère des enfants du seigneur, refuse désormais d'être une poule couveuse pourvoyeuse d'enfants. Refuse aussi d'être cette proie qui se précipite sur la chasseur, exigeant la bourse et la vie...
Tu sais rire, à gorge déployée. Tu es émergence centrale, non plus marginale. Centre d'activation. L'art incarné dans la chair sans cesse renaissante. Tu es porteuse de vie, de beauté, de plaisir. Ne trahis pas la poésie et l'art - ton devoir-être.
Riche de ton corps, de ton esprit, de ta beauté, désaliène-toi. Tu as à faire la gloire de l'être nouveau, au caractère solaire, feu incarné dans le sang. A toi, l'essentielle subversive, de faire la vraie révolution des mœurs. Demain tu détiendras les clés d'animation de la civilisation. Que cela soit notre chance.
Il ne s'agit pas de promouvoir une guerre de sexes. Vains débats que ces orages stupides exaltant la brutalité du pourvoyeur d'argent et la vanité exhibitionniste du sexe dépensant, l'agressivité sadique de l'un et la lâcheté masochiste de l'autre, la rivalité ou l'égalitarisme, cette hypocrisie fonctionnelle de l'ère du confusionnisme...
« La valeur de l'homme et de la femme se trouve dans leur accord,
non dans l'addition de leurs deux incompréhensions. »

II - 3 - LE COUPLE SOLUNAIRE

Nous ne nous voulons pas liés mais LIENS. S'accorder n'est-il pas le but biologique de tout élan ? Accorder deux complémentarités :
- L'un : Scripteur, amant, fécondateur, prêtre d'amour, poète, artiste.
- L'autre : Inspiratrice, inventive, amante, aimante qui régénère, poète, artiste.
- L'un : Officiant, transmutateur des forces érotiques, Adonis et Dionysos.
- L'autre : Médium d'Eros, fille de vraie joie, de bonheur, Diane et Vénus, multiple prêtresse de l'amour.
Pour toute féminité, il y a un masculin - et réciproquement. Qui te fête le mieux, qui te révèle, te découvre, t'initie, t'invente, t'accomplis.
Le couple ne forme pas un cercle, mais un angle, personne nouvelle. Le couple est l'être biotypique total.

II - 4 - LA RENCONTRE « ÉROTHIQUE »

Je choisis, donc déjà je jouis. Je te choisis pour vivre AVEC toi, ensemble, une séquence de vie. Et non pas tuer le temps ou combler notre vide. L'intelligence et l'amour relient, n'opposent pas.
Fascination. Prise du regard. Les aimants se rencontrent amants. Croisement. Chaque rencontre est différente. Aucune ne remplace l'autre. Aucune n'empêche une autre. Vivre toute rencontre jusqu'en son extrême finalité. Contact pur. Chaude présence, au-delà des complicités biologiques et de la chimie des affinités.
Te retrouver en moi. Me retrouver puissance en toi. Me reconnaître en toi. L'autre, notre double, notre jumeau et notre clé. Se découvrir c'est s'unir. Rassembler nos différences. Être ensemble. Connaître l'intimité. Re-naître intimes. Lier nos lucidités ludiques et nos paroxysmes. Prendre racine en toi. T'étreindre jusqu'à t'atteindre. Nous donner jusqu’à nous recréer un en nous-mêmes. Nous fondre sans nous confondre. Nous reconnaître. Co-naître. Naître ensemble à la dimension orgastique de la vie.
Comment fêter celui qu'on ignore ? Je suis unique, à tes yeux et aux miens. Chacun est une exception. Et je ne te connais que lorsque je jouis de ta jouissance. Et que nos exigences se rencontrent. L'amour, c'est quand nous ressentons notre complémentarité comme nécessaire, existentielle.
De la rencontre, germe une nouvelle identité, sève nouvelle. Toute sommation est mortelle. La rencontre est, seule, vivante, féconde. Ouvrir ensemble l'espace et le temps, notre espace et notre temps, à notre mesure. Croisement de destins, de deux êtres singuliers. L'un avec l'autre. Deux pour vivre l'un. L'amour, c'est le passage à travers l'autre, vers le couple renouvelé, l'identité originelle retrouvée. Se partager, s'intensifier, vivre une rencontre totale exclusive jusqu'à épuisement. Toute rencontre totale (et non partielle) est toujours unique. Nouvelle et ultime. A valeur absolue.
Mais tu sauras, même dans l'intimité, assumer ton entière individualité, ton propre visage, ta différence, ton sourire. Les cordes de la guitare sont séparées pour mieux servir l'harmonie, comme les colonnes pour soutenir. L'union des différences fonde l'harmonie.
Tout, en amour, est une question d'attirance biologique, de goût esthétique, d'intelligence et de pratique érothique. L'important est autant le geste que le désir.
  

II - 5 - LES AIMANTS

Les témoins d'Eros - de la vie. Chacun, tour à tour, amant et aimé, initiateur et initié. Je ne te prends pas. Je ne te retiens pas dans mes bras. Je te rencontre. Lucides et l'humour dans les yeux, nous joindre : Nous rejoindre.
Face à la confusion de la foule, notre union, témoignage de notre intention d'amour, de la présence du désir qui nous engage entièrement à rétablir l'androgyne, à reconstituer la synthèse, enfin délivrés de la fragmentation. L'amour, force existentielle de réintégration dans l'unité. Le servir et s'en servir. S'éprouver, se prouver, s'inaugurer amant.
Amant, le plus beau nom de l'homme..
« Je suis le chant, tu es la strophe.
Je suis le ciel, tu es la terre.
Unissons-nous ici. »
Rig-Veda XIV-1.2



II - 6 - L'ÉRODYNAMIE

Eros, affirmation de la vie, contre « Thanatos » - la mort. Elan, vie, fête de la chair et de l'intelligence. Le désir, pureté fondamentale et principe dynamique essentiel, l'énergétique biologique universelle. L'insatiable désir révèle la dimension cosmique de la tension érotique, l'absolu revécu en quelques instants d'or liquide.
Au commencement était Eros. Et chaque jour est un commencement. Par l'Eros, puissance solaire, attester l'univers, témoigner de l'amour, célébrer l'achèvement scriptural et le recommencement perpétuel du monde. L'érothique est bien la forme particulière, supérieure, de la connaissance, génie de la race humaine. Nom différent de 1'intelligence.
Il n'y a pas d'inertie dans la nature, il n'y a que la vie. Le réel est mu par l'instinct de vie. La mort n'est que la dégradation de l'énergie vitale, l'entropie. La mort voue le corps au dérisoire. L'amour soulève l'intelligence, par le corps, jusqu'à l'infini. Eros est le fondement de la réalité. Tout aime.
L'érothique est une passion de lucidité, non d'illusion ; de beauté, de courage, non de lâcheté. Elle se fonde sur l'intelligence vive, la raison, non la crédulité et la peur. Exigence entière de mutation qualitative - héroïsme presque inconnu. L'intelligence dans l'amour, l'intelligence-amour, c'est là le véritable humanisme qui vous fait dégoûter de la bêtise, de l'hypocrisie, de la laideur. L'érothique est une éthique, non une licence, une règle, un art, une éthique du bonheur.
L'érodynamie : Se donner vie et donner la vie.
L'érothique : art suprême du corps génial. Science du plaisir intégral, fondamental. E(ro)thique esthétique - qui ranime la chair à la recherche du nœud fondamental.
Eromantisme, individuation et communion : Ciment d'une vie novale.


II - 7 - L'ÉROSPHÈRE

De la sensualité à la sexualité. Du plaisir visuel, tactile, olfactif, gustatif, auditif, à son prolongement sexuel. L'art du corps.
Les rites de séductions ne sont pas, pour nous, ces mensonges ennuyeux, feintes hypocrites, fastidieuses, dérisoires, inutiles, loisir de menteurs et de castrats qui ne rêvent que d'abuser de votre crédulité. L'invite érothique est un art entier d'approche, de rencontre. Prélude. Danse pulsante ou mise à nu rituelle. Toutes caresses. La poésie de la chair commence à travers le regard. Présence à l'épreuve de l'acte.

II - 7 - A - La communion sexuelle.
La sexualité n'est pas un moment éphémère. Elle est vie à tous les moments de la rencontre, durant tout le temps et l'espace de la rencontre. On n'isole pas la sexualité exclusivement en l'acte génital considéré comme relation biologique nécessaire et instantanée. La sexualité est entière communion - à tous les niveaux. Elle relie concrètement deux potentialités complémentaires. Elle met l'homme tout entier en cause Pensée, passé, corps et avenir.
La sexualité génitale n'est qu'un des composants de la sexualité intégrale. (Et c'est pour éviter tout malentendu, vu l'acception courante du terme « sexualité », que nous le remplacerons, avantageusement, par « érothique » quand nous signifierons exclusivement la sexualité intégrale.)

II - 7 - B - La sexualité génitale
L'acte sexuel génital, somatique, n'est pas un acte insignifiant, occupationnel, ludique, gratuit, avidité immédiatement satisfaite, détente hygiénique, ou un acte exclusivement déterminé par des facteurs contingents au cycle biologique, acte auquel on accorde, au jugé, une importance qu'il est loin de mériter.
Pour nous, la sexualité génitale est un détail absolument signifiant de l'acte cosmique de création perpétuelle, de régénération continue, d'écriture indéfiniment à écrire. L'acte d'amour c'est exactement la reproduction, à notre échelle biotypique, de l'acte créatif universel, l'embrasement de la vie.
Acte profondément « religieux ». Nous reliant entre nous et nous liant, nous reliant, microcosme, au macrocosme. - L'acte religieux par excellence.
L'amour, le désir, se concrétise dans/par l'étreinte, comme la poésie dans/par l'art.

II - 7 - C - La danse des semailles
L'enlacement : Rite individuel, technique existentielle charnelle de réintégration dans l'unité androgyne. Déploiement de la différenciation somatique afin de s'en délivrer dans l'union harmonique. Surrection vers une nouvelle dimension.
L'ardeur unitive de la conjonction sexuelle tellurique, ultime ressource de 1'exigence des sens, rejoint celle de nos exigences existentielles. Le germen.
Dépassement. A un certain niveau, se dilue le soma.

II - 7 - D - Le sexe somatique
Les différences morphologiques font du sexe somatique non le but mais le chemin, outil de rencontre et source de jouissance. Nous possédons un seul sexe divisé en deux parties complémentaires (Sexus, de secus, disjoint.)
Par l'axe des sexes, nous rejoindre un dans l'infini, saisi en cet instant privilégié d'éclatement, réduction ponctuelle de la durée - le qualitatif pur. 

II - 7 - E) - L'orgasme
L'or-gasme. L'or. Décharge physiologique de la pulsion vitale. Expansion de l’énergie biologique universelle concentrée en chacun. Quand l'orgasme foudroie, tu éclates et renais, recommences ta vie. Réalisant l'En-soi entier. Du désir jusqu’à son accomplissement intégral et à son renouvellement.
L'orgasme féconde les amants. La vie est orgasme. Et la distance chrono-spatiale entre les jets règle toutes les structures phénoménologiques d'émission et de transformation de matières.
L'or, liqueur d'immortalité vraie, circule, à travers nos corps, puissance de feu ramassant le temps dans l'instant, rassemblant en soi tout l'univers. Dimension cosmique du spasme orgastique extrait du temps. Toute l'expérience de la lumière et de l'immédiat cosmique. Conscience immédiate du corps en acte de recréation. Ejaculation d'Être. L'éternité vécue en ses racines. L'instant qui te suspend dans l'instant-éternité.
Eternité de l'instant organique. Moment unique de l'acte total. L'amour, acte parfait, autonome, se suffisant à lui-même. Joie parfaite dans l'entière lucidité du spasme. Issus du soleil, y retourner par la jouissance. Le rêve intégral acquitté. Demain sera nouveau.


II - 8 - L'ART ÉROTHIQUE
« La chair est artiste ». 
 II - 8 - A - Le savoir-aimer
Ou l'amour d'aimer. Qui aime l'amour aime la vie. Aime ce qui te rend heureux. Et entoure l'amour de tout l'art des hommes. Notre exigence indéracinable de bonheur.
L'art d'aimer : Génie de l'homme. Toute l'intelligence de la nature. L'art véritable. L'homme fait art. Art gestuel, formel, de jouissance esthétique et cognitive. Amour du corps vivant, de l'universel à notre portée. Tout est dans le comment, dans la stylisation des formes d'amour. Le savoir-aimer n'est pas une affaire de postures plus ou moins sexy ou insolites, de sensationnel frénétique, de rapacité, d'euphorie, de performances ou de fureur. Et il n'y a pas de recettes. Orfèvre, chacun signe en artiste l'acte le plus exigeant. - Le corps vécu génialité d'artiste virtuose.
Tous les accès des sens - le corps entier - sont sources de jouissances. Volupté raffinée des jeux dans le foisonnement des sens. Réunis tous les plaisirs intellectuels, visuels, tactiles, olfactifs, auditifs, gustatifs, en une seule jouissance. Refusons toute tentation de facilité, l'usuel, le banal, les stéréotypes. Et ne nous lassons pas d'inventer.
Si le nombre des gestes est limité, la qualité, l'intensité des situations varie à l'infini. Choisis tes plaisirs. Devance mon désir. Sans autre référence et conséquence que la jouissance, clé de rencontre et de connaissance : Dessein érothique et esthétique.
Il n'y a pas de perversion. Tout est licite pourvu que l'autre y consente. Tout rite érogène est généreux, fier, moment complet, autonome, nutritif. Que n'arrêtent ton expérience de bonheur que les limites de ton corps et de ton sang. Si tu n'es pas fatigué, tu n'as pas suffisamment su aimer.
Tu es moi. Ton bonheur est le mien. Je te construis partie de moi-même. Sans impatience, t'approfondir. Centre à centre. Te regarder, te caresser de lumières, te dessiner, te révéler à ton propre talent. Te vivre, te dire, t'inventer. Célébrer la jouissance. Te rendre honneur. Nous réinventer. Jouir à travers et grâce à ta jouissance. Me réjouir de ta jouissance, mon exigence érothique.
Prolonge l'instant : Tout entier à ton plaisir, en mon plaisir, dans l'instant immédiat et absolu. Lucides dans l'acte.
« Etreinte est l'anagramme d'éternité. »
Montherlant 
II - 8 - B - L'artiste-Amant
L'artiste qui crée, c'est surtout la féminité en chacun de nous. Il est évident que nous ne parlons pas des chèvres. Féminité et poésie savent imposer les rites de leur bonheur, étant aussi avides de sensations neuves et de portée existentielle. Il faut être poète et artiste pour aimer. Les autres ne savent pas. D'ailleurs, ils n'ont même pas le temps. Toujours pressés, ils tressautent et passent, oubliant de jouir.
Ne juge pas. Jauge. Evalue, lucide, les possibilités amoureuses. Evite, sauf pour initier, vierges et puceaux. L'amour est un art difficile, exigeant. N'accepte que la personne qui saura t'honorer. L'un donne, l'autre transforme. L'artiste en toi, crée. Que le poète en toi aime. Alchimie profonde. Sois tout ce que tu es dans la pleine jouissance de ta nature. Le plaisir s'autodétermine selon la puissance de trouble et le désir instinctif de volupté.
Ne renonce à aucune source de plaisir. Ne parle pas trop d'amour mais caresse, comble de caresses, te donne entier au bout de tes doigts, de ta langue, de ton sexe. Fais jouir - le cadeau à offrir. Conduis le désir. Révèle le plaisir. Puise aux sources nourricières du corps. Aime comme si c'est la première et l'ultime personne que tu rencontres. Présence absolue à ton désir. Pure jouissance exhibée sans honte, sans altérité.
Jouis de ta vie. Ne la dilapide pas en vains errements. Qui aime jouir, aime faire jouir. Toute jouissance partagée ne s'affaiblit pas, mais s'augmente. Ne te rassasie pas de l'éblouissement des sens, du foisonnement du plaisir. Qui n'a pas tout donné, n'a rien donné. S'aimer c'est semer. Et renaître à sa profonde nudité. L'érothique, le plus exigeant des beaux-arts. 

II - 8 - C - Le voluptuaire
La jouissance érothique n'est pas masturbation à deux protagonistes sans amour, valse de lèvres, jerk de hanches, viol et soulagement en une étreinte vite repue, qui s’éteint aussitôt assouvie que dégrisée. Et l'acte conventionnel tue. On ne domestique pas l'amour.
Aime, non pour te débarrasser de ton désir, agressivité animale décuplant la frénésie. Le masculin n'a pas à soumettre le féminin, à l'immobiliser, à l'écarteler, à l'immoler par le viol. Le lit n'est pas une arène.
(Il nous est douloureux d'insister. Mais devant l'invasion de la vulgarité pornographique et la laideur à travers comportements, films imbéciles et revues masturbatoires, nous ne pouvons qu'insister sur la dénonciation de ces malversations qui tuent les relations humaines. La pornographie est l'aspect le plus dégradant de la course aux profits au bénéfice exclusif des marchands de sexe...)
Aimer n'est pas se perdre en l'autre, égoïsme à deux, mais se fondre ensemble, don sans retour. Comment accepter désormais qu'il y ait un sujet qui prenne et un objet pris ? Aimer n'est pas s'incarcérer l'un l'autre. Nous avons à célébrer notre fête, entière communion. A nourrir l'autre de notre corps. La vie intense n'est pas la vie bruyante. L'amour, comme tout art, refuse le vulgaire, la bousculade. La fête à deux, mouillement sensuel de l'intemporalité du désir, œuvre plastique, requiert du caractère, de l'imagination, de l'audace, de l'humour (distanciation), du talent et un goût du luxe raffiné.
Ce qui s'échange, ce n'est pas seulement le plaisir, mais l'être entier. Rencontre qui s'achève dans l'éclatement orgasmique, couronnement du besoin d'autrui pour l'accomplissement de la loi d'amour. Rien que par cet instant de commune-union, l'amour passe, sève absolue, dans les humains, - témoin du devenir incessant.

II - 8 - D - L'union tantrique
L'union, rite religieux du partage de la jouissance. S'ajuster, assis. Se regarder au fond des yeux. Entre les yeux. Garde ta lucidité. Contrôle et synchronise ta respiration profonde, lente, avec tes mouvements rythmiques. Retarde la décharge. Souvent l'éjaculation est prématurée. Rien n'est accompli tant que ton autre toi-même n'a pas atteint l'orgasme. Retiens le liquide séminal. Repousse, loin, indéfiniment, le moment orgastique, jusqu'à vous inonder tous deux de bonheur - L'orgasme différé est intense. Cette maîtrise discipline et intensifie l'énergie sexuelle, élève le potentiel sexuel, améliore les qualités de la vie amoureuse. Noter que l'échange psychique est aussi intense que l'orgasme libéré, moment dynamique de l'intimité sexuelle, où les complémentaires se réalisent dans l'unité androgyne retrouvée.
(Laissons à d'autres l'exploit inutile d'inverser le flux séminal vers leur centre cérébral...)
Lire également : Le Tantrisme (Wikipedia). 
II - 8 - E – Après l'amour.
La détumescence. Ce moment de repli heureux qui mesure, autant sinon plus que les autres moments, l'intensité, la densité amoureuse. Pure joie. Nous plaignons les gens pressés.

II - 8 - F - Le sexe vit
Un sexe mort est indifférent. Par le désir, il vit VIT.
Le vit : Centre de fission, lys, étend-dard, catalyseur d'énergies bio-cosmiques. Est aussi beau que le sexe de la femme, sexe lyre, cratère, rose, centre de fusion.
Le sexe ne ment pas. Il ne ment pas sur le plaisir qu'il a. La source vive de plaisir ne mouille pas sur commande.

II - 8 - G - Le plaisir orgasmique
Il n'y a pas de plaisir terminal. Le spasme orgastique couronne, conclut, n'achève pas la jouissance, qui continue jouissance de la présence. Le plaisir est l'exubérance du génie charnel et intellectuel. Chimie existentielle de l'œuvre d'art pas excellence. Tourbillon vertical de lucidité biocosmique. Expression essentielle de ce qui prouve notre existence. Champ de temps nul, sans mémoire. Chant de la chair à lèvres nues. L'unique éblouissant à notre portée charnelle.

II - 9 - LA SANTÉ ÉROTHIQUE

II - 9 - A - On n'est beau que dans l'amour.
L'amour couronne de beauté. Il ne crucifie que les malades d'eux-mêmes. N'approche donc pas de qui se fuit. Ce malade n'a rien à donner. Rechercher le plaisir érothique signe la vitalité, la santé. L'érothique exorcise les maladies par ses vertus toniques. L'équilibre érothique fonde tous les équilibres. L'énergie sexuelle renforce l'énergie psychique, la créativité, ne l'épuise pas. L'émotion érothique renforce la puissance magnétique, raffine les sens.
L'inhibition de l'énergie biologique est source de névroses, de troubles physiologiques, de comportements irrationnels, individuels et collectifs, puisque l’inhibition est négation de la vie. (A la limite, mieux vaut avoir un orgasme solitaire que n'en avoir pas du tout.) Le spasme orgastique couronne la communion. Mais l'intensité, témoignage de présence et d'union, la qualité de l'union des deux totalités en une seule puissance orgastique, est bien plus importante que la pure performance.

II - 9 - B - L'efficience génitale
L'efficience génitale n'est pas un pouvoir de consommation effrénée - une des formes d'oppression et d'auto-oppression. La pleine capacité érothique n'est pas dans la répétition de gestes trop connus, mais dans l'intensité d'une geste toujours nouvelle, renouvelée, réinventée.
Il n'y a de problèmes sexuels que chez les frustrés. Ce sont souvent des désirs contenus par les inhibitions morales, résultat d'une éducation contraignante, qui créent cette résistance à la sexualité. L'attitude défensive, cause de toute frigidité, se cerne de déceptions, de limites et, finalement, d'obsessions. Les infirmes érothiques s'amputent eux-mêmes d'un sexe, d'un sens, de l'intelligence de vie, victimes du conditionnement moral et des valeurs de la respectabilité sociale.
Toute privation crée l'obsession. Toute abstention dégrade l'intelligence. Et ne croyons pas ceux qui déclament qu'il vaut mieux se ménager sexuellement afin de pouvoir se dépenser en service social. Les sans-appétits au plaisir érothique sont étrangers à la loi de la vie, à l'intelligence biocosmique. Un homme ou une femme érothiquement satisfaits dans leur jeunesse ne connaîtront jamais l'usure.

II - 9 - C - De quelques fictions et malversations
- L'homme accorde, par ignorance et frustration, une importance excessive au sexe féminin et valorise, de ce fait, la structure physique de la femme, accentuant la réalité par une schématisation esthétique luxuriante. La femme, elle, surestime le Priape et schématise l'homme en héros musclé. Les frustrés des deux sexes ont une appréhension idéelle de l'acte sexuel. Les femmes frigides, une appréhension plus concrète, bien que totalement injustifiée. Le « je ne peux pas » est un « je ne veux pas » ou, plus souvent, un « je ne dois pas ». Le malade craint le sexe féminin qu'il imagine carnassier. Sa peur de la castration, bloquant son désir, lui fait mépriser le sexe féminin et le tourner en dérision.
- Et le terrorisme puritain relevant des structures patriarcales (ou coloniales), accable le sexe de honte. (« Con » « fuck » sont devenus des injures admises). La société patriarcale méprise la femme, la considère comme inférieure à l'homme, et exalte la virilité possessive. Ainsi la femme-outil ne sert-elle à l'homme que pour qu'il puisse satisfaire son plaisir, et s'imposer aux autres hommes dans ses perpétuelles rivalités. Nous devons apprendre désormais à reconnaître les causes religieuses et socio-économiques des malversations et des détournements érothiques.
Abordons, à présent, brièvement, certaines pratiques marginales de la sexualité :
- La pratique autorastique : L'instinct sexuel primaire est hédoniste. Mais le narcissisme autorastique reste un préliminaire juvénile. L'autonomie charnelle est un leurre. La finalité autarcique est une fiction.
- Le pluralisme sexuel est un jeu masturbatoire par personnes interposées, libérant de fantasmes inassouvis.
- Un mot à propos des alliances de groupe et du communisme sexuel. Il est évident que la communion d'hommes également bien-aimés à travers la même femme bien-aimée et de femmes par le même homme, d'hommes et de femmes entre eux, représente une source probablement profuse d'enrichissement sensuel mais que ne peuvent atteindre que de très rares personnes, dans le plein épanouissement de leur exceptionnel tempérament.
- L'orgasme collectif reste une addition d'orgasmes, non pas une synthèse. Le croisement couple à couple et la synchronisation parfaite des rythmes est, d'ailleurs, pratiquement impossible.
- La pratique homosexuelle masculine : L'amour homosexuel est une pratique constante des civilisations, qu'elles en reconnaissent la pratique, la portent au pinacle comme les Grecs de l'Antiquité, ou qu'ils la dénoncent pour des raisons d'opportunités religieuses. L'effervescence actuelle est due essentiellement à l'attrait de la sexualité ludique et à la découverte de multiples sources différentes de jouissances du corps, sans pour autant négliger l'importance du sexe psychologique et des fantasmes d'identification. Certains pourraient évoquer également et analyser la peur de la sexualité biologique voire l'autorégulation de l'espèce humaine, acculée, dans la hantise de la surpopulation, à arrêter sa multiplication anarchique... Aucune morale religieuse, cependant, ne peut concrètement interdire une pratique vieille comme le monde devenue aujourd'hui fait de société.
- L'éonisme : Il y a des travestis qui savent mieux se servir de leur féminité que nombre de femmes.
- Le saphisme : Tout acte saphique est un exercice pratique de sensualité. Aux hommes d'apprendre à être aussi attentifs et délicats en amour que les lesbiennes.
Nous rappellerons ici que tout est licite pourvu que l'autre y consente.

II - 10 - L'INITIATION ÉROTHIQUE

II - 10 - A - Le parcours et l'apprentissage
L'érothique, le plaisir, l'amour, le bonheur sont incommunicables par livret programme. Il ne s'agit pas de gestes, d'actes, de soupirs... Il ne s'agit pas de technique. Mais d'art. Et tout art s'apprend, de maître à apprenti. L'art nécessite une formation. Et une formation fondée sur l'expérience acquise, non seulement sur une science transmise.
L'analphabétisme érothique, l'ignorance de la sexualité et de sa finalité, ou l'insuffisance informationnelle et formationnelle, déchaînent les angoisses, les conflits, les hontes, la solitude, l'insécurité et toutes les misères sexuelles, l'impuissance, la résignation, l'aliénation, les troubles, la peur, le trivial, l'irrationnel.
La formation sensuelle, érothique, et l'éducation esthétique exigent un guide. On ne s'élève pas seul - ou rarement. Dans la Grèce antique, les aînés instruisaient les plus jeunes à l'art érothique. Autres temps, autres mœurs. Plus rarement les femmes initiaient à la jouissance. Faut-il au XXIème siècle des « Love teachers » qui communiquent leur expérience érothique et enseignent le maniement du corps au lieu des armes de mort ?
Le parcours initiatique comporte plusieurs étapes : Découvrir son corps afin de l'exprimer, non de le réprimer. L’auto-sublimation narcissique préliminaire est-elle nécessaire à l'épanouissement complet ? Afin de réussir à faire jouir, afin d'amener l'autre vers les sources de son propre plaisir, on doit connaître son corps, savoir l'éprouver, valoriser ses sources de jouissances, connaître ses exigences, ses limites, le rythme de sa chair. Sinon, on aimera médiocrement. Aimer, c'est d'abord savoir s'aimer. Se chercher d'abord pour trouver l'autre. L'acte fondamental : Communier. L'amour, en faire sa loi. Le bonheur est d'être lien. Cela aussi s'apprend.
D'où la nécessité d'acquérir une structure caractérielle ferme pour vivre insaisissable, puissance quiète, sereine, lucide. Et chacun, à son tour, offrira sa science érothique de bonheur. « On ne naît pas homme. On ne naît pas femme. On le devient. » On ne perd pas sa virginité, on acquiert sa condition d'adulte. Le pouvoir fantasmatique de la virginité s'effondre. Le garçon mourra en tant que fils de femme et naîtra amant. Toute jeune fille, créée par une femme, se crée elle-même femme, amante, créatrice de vie.
Aux femmes à la peau riche, et aux hommes poètes-artistes, qui savent aimer, à eux d'initier aux arts et réflexes du plaisir intellectuel et sensuel, fécondant l'intelligence. Initier à découvrir sa sensualité, à accepter la responsabilité de sa propre sexualité de plaisir et de reproduction, de création, comme partie intégrale de sa personnalité, de son intelligence. Et, maître de son propre terroir, savoir, à son tour, semer.
Initier, découvrir en toute intelligence : C'est ce qui nous rend indispensables.

II - 10 - B - Le corps faste
L'homme est fait autant de conscience que de chair. Double aspect de l'intelligence biologique. Le corps n'est pas insignifiant. Il n'aurait pas été. Le corps n'est pas le tombeau d'un cadavre mais le navire d'un capitaine. Il n'est pas une entrave mais un instrument de connaissance, de saisie des racines charnelles de l'Être. Il est le support organique pour l'accomplissement de l'art, de l'amour - notre intelligence. Toute souffrance provient de notre méconnaissance des lois naturelles.
Le corps, tapis de prière du poète. Cultivons son caractère de beauté, notre devoir impérieux. Prenons soin de notre corps. Tout y est important. Que tout exprime la santé et la fierté. Le corps est à sculpter chaque jour. Le corps nu ignore la honte. Enfin, le temps des corps et du « noble talent du corps ». Nous accepter nus - la première des politesses. Chaque corps est un rêve esthétique. Qu'il soit un chef-d'œuvre, au même titre que l'intelligence. La laideur insulte. La beauté est une éthique. L'apparence reflète le fond. La beauté n'est pas que subjective. Elle féconde la sérénité.
Accomplir son corps. Bannir les déplaisirs. Ne jamais perdre la capacité d'en jouir et de faire jouir, de rendre heureux. Si on n'aime pas d'abord son corps, si on ne s'apprécie pas soi-même, comment saura-t-on aimer ?
Beauté vigoureuse d'hommes et de femmes au corps faste. Civilisation novalienne d'esthètes.

II - 10 - C - L'élégance et l'art de la parure
La vêture. Là, commence l'art. Le vêtement n'habille que pour révéler, souligner, mettre en valeur, exprimer, parer, inventer, servir le corps et son élégance. La forme vivifiée par l'art. La parure, signalisation visuelle dynamique afin de se distinguer originalité d'être unique, de se signaler, descriptible, de s'identifier, par le vêtement, à sa vocation. Se mettre soi-même en spectacle, suprême raffinement du goût esthétique. Sans dandisme. Et si un maître tailleur savait l'habiller de son talent, comment l'originalité unique de chacun ne serait-elle pas rehaussée ?
La sensualité de la vêture éprouve un certain exhibitionnisme narcissique. Révéler son corps, ses attraits, sa musculature ou sa finesse, par des qualités de tissus incomparables ou des coupes amples ou ajustées, est un bonheur pour le regard que l'on porte sur soi et pour le regard de l'autre. Cacher son corps, dans la crainte de s'exposer au regard de l'autre, ou de cacher son néant, détourne la clairvoyance biologique vers des impasses. Cette bigoterie outrage la vie. Là aussi se trouve la pornographie.
Nous, nous privilégions la beauté de la parure, parce qu'elle manifeste l'art. L'habit enveloppe de lumière, nous révèle : Expression de la liberté et de l'intégrité de l'individualité, il exalte, célèbre notre affirmation nue, notre volonté d'aimer la vie, l'amour, l'art, la beauté et d'en jouir.
S'habiller de beauté n'est pas s'aliéner à une mode, ou bien s'afficher pour déclamer son standing ou dissimuler son corps dans un vêtement uniforme, qui encage l'homme et la femme dans des rôles figés dans le passé. C'est une politesse, sans affectation, de la vie sociale, à l'égard de soi et des autres. Le novalien préfèrera toujours l'élégance et la chatoyance des tissus et des couleurs à la négligence et au laisser-aller des tongs ou des pantacourts informes qui coupent la silhouette... Avez-vous remarqué, l'été et en Occident, la laideur des tenues débraillées de la plupart des hommes et par opposition la grâce renouvelée des femmes ? Dignité, élégance semblent avoir disparu du vocabulaire courant, noyés dans la conformité à la négligence normalisée.
Mais les talents de la Haute Couture veillent heureusement aux renaissances renouvelées du charme et de la séduction, de la fantaisie colorée, de l'humour inattendu et de l'art de la beauté...
L'art de la décoration esthétique, temporaire ou permanente du corps, plus qu'une mode passagère, est une pratique éloquente vieille comme le monde (voir l'historique du maquillage, du bodypainting -peinture corporelle-, du tatouage, et du piercing sur Wikipedia). C'est un regard bienveillant posé sur soi et un mode de vie. Tout dessin devient destin. Il initie à la magie inspirée de l'affirmation de soi. Il personnalise, par sa délicatesse ou sa force, les nervures de notre être au monde, embellit et sublime, en toute candeur, notre propre miroir.

II - 11 - L 'AMOUR 

L'amour parfait l'union. L'amour n'est pas sentimentalité ou attachement servile. Il n'est pas agressif, appropriatif, aliénant. Et il n'est pas désintéressé, au contraire. L'amour, état d'être par où passe l'absolu de l'intelligence biologique, est la règle véritable des relations inter-humaines. Il est sa propre éternité. Et il exige une exclusivité acceptée durant toute la durée de la rencontre.

II - 11 - A - L'exclusive en amour
La chair amoureuse n'admet généralement pas le partage. Seuls frustrés et mal-aimés croient au changement de partenaires, par égoïsme forcené et incapacité d'aimer, ou bien par peur de s'attacher et d'assumer ses responsabilités.
Jusqu'à la mort de l'amour, par entropie, usure, accoutumance, assouvissement facile, satiété, limites de résistance génésique, vivre, par accords charnel et intellectuel, une union exclusive, - et des unions exclusives successives, plutôt que simultanées, la simultanéité devenant très vite conflictuelle. On ne peut vivre plusieurs rencontres en même temps. A qui s'éparpille entre plusieurs amant(e)s, manque toujours un(e) amant(e). Et d'ailleurs, il se gaspillerait en mensonges, lyriques ou sobres, ou en fraudes... Nous ne signifions pas, par exclusivité, une fixation affective paralysant les potentialités, mais, au contraire, une fidélité à soi-même nécessaire pour aller jusqu'au bout de toute rencontre.
Trahison n'aurait donc plus de sens. Et ne sont jaloux que les mauvais amants - qui ne sont pas sûrs d'eux-mêmes -, et qui croient pouvoir s'approprier, pour leur plaisir et vanité, une autre personne, réduite ainsi au servage. Leur désir est féodal. Leur jalousie provient aussi de leur angoisse d'être niés, de voir leur existence-même niée. N'ayant rien à donner, ils souffrent d'être dépossédés. Leur incapacité à aimer les tourmente. Leurs réactions harcelantes sont instinctuelles, irrationnelles. Leur violence se mue en haine. Lucidité et intelligence sont enterrées. (Et des avares jaloux - qui ont oublié de vivre et d'aimer - alimentent les discordes dans les salons, à mi-voix...)
L'amour n'est pas dû. Il faut le mériter. Qui démérite s'en va, ou, du moins, ne s'oppose pas au départ de l'autre. Toute rupture - même partielle - signe soit une impossibilité d'harmonie et un constat d'échec, soit la mort naturelle de l'amour, tous désirs épuisés.
Ne dissimule jamais. Tu te lierais. Ne prolonge pas les situations équivoques ou ambiguëes. Détache-toi. N'accepte jamais de subir une étreinte non chérie. C'est une question d'honnêteté.
Toute rencontre est plus ou moins enrichissante, selon la qualité des amants. Sinon c'est une passe. Et s'il y a virtuellement une infinie possibilité de rencontres, il n'y a, en fait dans une vie, qu'une ou deux rencontres cruciales qui vous renouvellent. Et ce, quelle que soit leur durée.

II - 11 - B - Le mariage
Le mariage (quoique nous lui préférons le mot « alliance ». Voir infra) a toujours été avant tout une convention sociale et économique, gouvernée par un objectif, la procréation et la cohésion sociale et économique. De nos jours et dans le monde occidentalisé, il scelle une union, dans le sens où il prend le risque de la tuer en changeant le vivant en statue de convenance. Souvent, il légalise, officialise, une paresse érotique. Ce contrat tue l'œuvre d'amour et fait de la quête érotique une affaire de possession ou de préservation de patrimoine.
Tout nouveau mariage est exploité par la moralité publique ou religieuse qui coince les mariés et les soumet à la norme admise d'une sexualité statutaire. La vie de chacun est ainsi soumise au regard des autres, à l'approbation officielle de la société.
Partout, dans le monde phallocratique notamment dans les pays non-occidentalisés traditionnels, l'homme se marie parce qu'il a besoin d'une femme, d'une mère pour ses enfants et d'une ménagère. La femme a besoin d'un pourvoyeur d'argent et de sécurité. Se marier, pour elle, c'est se libérer du joug paternel, comme au Moyen-Orient. Tout moyen contraceptif est exclu. Double exploitation justifiée par ce dur besoin de subsister et d'exister socialement. L'autorité (d'autres diraient l'oppression) phallocratique se manifeste sur tous les plans : - physique, par le chantage ou la domination, par la brutalité ou par l'argent. - Intellectuel, par le mépris affiché ou un paternalisme détaché. L'homme impose à sa femme jusqu'à son niveau de conscience, voire son bulletin de vote. - Sexuel : la femme est, pour le bon plaisir de l'homme, un objet où se dévider de temps en temps. - Social : le mâle détient le pouvoir. La femme perd son nom dans le mariage, se diminuant, s'atrophiant, au profit de son nouveau maître et seigneur. La femme accepte, se tait, semble aimer cette oppression. Fainéante, elle est contente de recevoir bijoux, argent et ordres. Rapace, elle donne très peu, à peine du bout des doigts, et prend des deux mains, - Va gagner notre vie, dit-elle à son mari. Rapports marchands. Donnant donnant. Donnant si peu et prenant tout, la bourse et la vie. Le désir est si rentable ! Prostitution plus ou moins élégante, affichée ou maquillée. Au fond, une douloureuse lâcheté éxigée par les conditions difficiles de survie dans des sociétés verrouillées.
Ce tableau caricatural, volontairement outré, s'applique surtout dans les pays où les religions dirigent la pensée et les mœurs et s'approprient les corps et les consciences. La femme, en pays laïque, s'est réveillée et, depuis un siècle déjà, a gagné son indépendance. Et le « mariage pour tous », tous genres confondus, recherché surtout pour ses avantages patrimoniaux, y est officialisé par la loi et l'évolution des mœurs.
« Le mariage pour tous », revendication universelle
Carte des pays qui l'autorisent ou qui l'interdisent (Libération) 

II - 11 - C - La famille traditionnelle patriarcale
Les mariés, bien pensants, rentrent immédiatement dans le rang des obéissants au système traditionnel cloisonné. Ils fondent une famille c'est-à-dire reproduisent une nouvelle cellule de vie et de survie économique, considérée comme la base fondamentale des sociétés religieuses dans leur structure sociale, morale et comportementale.
Quel système étatique religieux a-t-il jamais toléré la libre disposition du corps ? La famille patriarcale, dans son état actuel, ne sert-elle pas à maintenir le système traditionnel sans possibilité d'évolution et, sous l'emprise religieuse, à verrouiller les esprits ? A travers l'autorité parentale, l'Etat théocratique peut ainsi contrôler cette structure de reproduction, d'intégration et d'obéissance des populations. En généralisant, les enfants deviennent fils de la Matrie, que ses dirigeants, bien entendu fins connaisseurs politiques et bienfaiteurs de l'humanité, pourront envoyer verser leur sang pour la défense d'une culture, d'un mythe religieux, d'un projet politique, d'un mode de vie, des acquis, des ressources vitales ou de territoires. Il y a même des primes pour les familles nombreuses.
En Occident, les outils qu'utilise le système social et économique dominant, laïque ou para-religieux, pour se reproduire sont variés. Cela ne va-t-il pas de la sublimation des contacts relationnels, de l'érotisation des échanges, de la commercialisation des sentiments jusqu'à l'exploitation publicitaire du désir, de l'amour possessif et du corps-marchandise ? Le désir est enrôlé par le savoir-faire des communicants afin d'inciter à la consommation. Tout dans nos sociétés libérales n'est-il pas bon pourvu que la machine productrice de profits tourne ?
La cellule familiale est-elle pour autant devenue un désastre ? Est-elle psychologiquement et physiologiquement épuisante, harassante émotionnellement, intellectuellement atrophiante, conséquence de la dégradation des liens relationnels, de l'autoritarisme colérique ou de l'impatience des égoïsmes... ? 

II - 11 - D - Les alliances
Si nous préférons l'alliance au mariage traditionnel et à la famille phallocratique dont nous avons brossé un portrait caricatural afin d'en faire ressortir les profondes cicatrices, c'est parce que, simplement, nous refusons l'hypocrisie, les marchandages tristes, les ventes du corps, les lâchetés quotidiennes, et que nous aimons l'amour, la vie, la clarté. Tout, en définitive, n'est-il pas une question d'éthique ?
Vivre à deux est une alliance. Les amants sont des alliés - et non plus des rivaux. Et personne n'appartient à l'autre. Nous vivons ensemble. Et nous formons un angle.
Alliance : Une exclusive acceptée, afin d'aller jusqu'au bout de la rencontre.
Alliance. Par consentement mutuel. Déclaré aux amis témoins. Monogamie sérielle, de durée variable. Tout couple est mari et femme. Tout amour est légitime. Et chacun garde et affirme son propre nom, ou réinvente un nom nouveau au couple.
La dissolution, le divorce, sans explications fournies aux autres, dit la fin de l'amour, l'amorce d'une nouvelle rencontre. N'est indissoluble que la pulsion érothique unitive universelle en nous, et non l'union microcosmique des couples - mises à part les grandes passions...
L'alliance nécessite une maturité affective, une harmonie intellectuelle et un complet accord physique. Une intelligence lucide dans la passion. La paresse (l'épreuve d'usure), la familiarité, l'habitude (dite complaisamment fidélité), autant que la brutalité, l'obsession possessive (la jalousie, fixation névrotique) sont profondément incompatibles avec l'amour, ou la moindre sensualité.
Si l'un des amants (ou les deux, ensemble) sent le besoin de rupture, ne pas hésiter : Rompre. Définitivement. Sans retour en arrière. (Il y faut du caractère.) Exigence de probité au regard de soi-même avant tout autre. Exigence d'intelligence, de lucidité et de courage. On gagne son estime propre. Et celle des autres.
Les lâches qui se plaignent et se lamentent et qui s'obstinent, après désaccords et disputes renouvelées, à recoller les morceaux, à chercher à sauver la face sociale ou à retarder l'échéance de rupture, resteront malheureux, mal-aimés, conscients de leur incohérence, cernés par leur impuissance au bonheur, rateront leur vie et de nouvelles rencontres, survivant, ridés, les pieds à la place du cœur, dans la névrose sournoise, la hargne vénéneuse, ou bien dans la soumission patiente, l'habitude complaisante, le mensonge écœurant le cœur et l'esprit, fuite dans l'artifice de la dissimulation, en-deçà de la vraie vie au regard clair qui est, pourtant, là, devant nous.
L’exigence de notre é(ro)thique n'admet pas les demi-mesures. Quitter le passé à l'haleine dure et revivre une nouvelle rencontre, un nouveau souffle, une nouvelle vie : gageure d'une renaissance entière à soi-même retrouvé...

II - 11 - E - L'amitié amoureuse
Nommons première amitié ce lien qui subsiste après l'amour, après l'achèvement de la rencontre, entre deux amants. « Si je ne t'ai pas étreint, connu, tu ne saurais être réellement mon ami. » L'intimité érothique révèle l'être entier et vous met en confiance. Mais gardons quand même la distance du regard : la complète lucidité, la tendresse et le respect. « Que l'autre existe, non en toi ou par toi, mais avec toi » - rattachement authentique qui n'est pas abstention mais ouverture lucide. La société novalienne ne saurait étouffer les amants. Bien au contraire, elle saura protéger leur intimité en les entourant de chaleur fraternelle. Elle leur offre des joies simples et une sécurité émotionnelle.
L'autre amitié est la fraternité entre personnes sympathisantes, ouvertes l'une à l'autre, loin de toute familiarité, et qui se reconnaissent par l'étreinte du regard ou de la main. Les grincheux vous diront : « Ne tends pas trop vite la main. Beaucoup risquent de te dévaliser de toi-même. Evite celui qui n'est pas à ta mesure ou tâche de l'élever mais ne t'abaisse jamais à la petite taille des lèches-paumes. » Les circonstances décideront...

II - 12 - L'ENFANT 

La rencontre érothique culmine à la naissance d'un enfant, fruit réalisé œuvre de l'union des amants. L'enfant ferme l'angle formé par le couple. Le triangle s'accomplit. Dans certaines sociétés traditionnelles, celui qui n'a pas engendré, dit-on, reste atrophié, car il n'a pas transmis la vie. Il a manqué l'écriture charnelle du devenir. En revanche, dans nos sociétés libérales relativement peu fertiles, un couple sans enfant et qui assume son état, se suffit à lui-même. Il forme cercle.
Un seul enfant suffit à compléter une rencontre. La puissance sexuelle n'est pas dans la quantité de la progéniture. L'enfant est fruit de la décision consciente volontaire, complètement assumée, des amants. Mais il ne leur appartient pas. Ils donnent naissance sans s'approprier. « Ton enfant naît par toi (et non pour toi) » G.K.Gibran. Il ne nous appartient pas et ne nous prolonge pas. Et son nom, demain, à l'âge adulte, quand il rejettera éventuellement son nom imposé, provisoire, il le choisira lui-même : Le nom qui le définit le mieux, qui dit le mieux sa vocation d'être. On enfantait par tradition, perpétuer la vie, ou par soucis économique de transmission de patrimoine. Qu'on enfante désormais pour l'amour de la vie. Chaque enfant est l'enfant des hommes. De la terre novale.

II - 13 - CONCLUSION

La relation entre les sexes est encore dans la plupart des pays une relation économique, un arrangement coercitif pour un plus grand contrôle de la femme, de son ventre, de la démographie. Le sort des femmes est donc lié à celui des enfants, des hommes. Tous sont à la merci des structures socio-économiques et culturelles qu'ils fondent et perpétuent. La famille sert-elle donc dans ce cadre à protéger la femme et les enfants, en attendant de sacrifier ceux-ci sur les champs de guerre à venir...
Dans les sociétés phallocratiques, les attitudes culturelles sexistes préjugent de la qualité de la personne en fonction de son genre et de ses tendances sexuelles. Elles mutilent la femme et sa dignité et la conditionnent pour mieux l'asservir comme objet de plaisir et de reproduction, fidèle par nécessité aux structures socio-économiques et religieuses qui le commande. Peut-on libérer les hommes des stéréotypes d'agressivité à l'égard du féminin en eux-mêmes d'ailleurs ? Vouloir abolir les différences en matière de vêtements, de parure, de maintien, par une vie « androgyne », n'est-il pas plutôt traumatisant et en tout cas insuffisant ? Les structures physiologiques et de comportement ne sont-ils pas naturellement distincts ?
Y a-t-il une voie décisive qui mette fin à toute possibilité d'exploitation et d'humiliation de l'autre ? Cessons de soutenir de vaines controverses. La révolution érothique, c'est à nous tous de la commencer. Par l'exemple. Communiquer par le témoignage. Témoigner de la beauté de l'amour, de l'art, de la poésie. Ne pas décevoir ceux qui attendent de chacun de nous leur libération. Toute lâcheté démoralise. En chacun passe le mouvement de libération des chaînes qu'il s'impose ou que son entourage impose.
Saurons-nous tous assumer, contre les puissances de mort, la puissance de la vie ? Contre les mœurs d'hypocrisie et de lâcheté sur une terre polluée, des mœurs claires de lucide intelligence et de courage, une érothique lumineuse pour une terre novale ?
Toute réponse est ancrée en soi-même, indélébile. Saurons-nous la déchiffrer ? Chacun n'est-il pas son propre témoin ?

 © Claude Khal
                                                                                                                                           

LIENS
et sur le Féminisme :
Forum Femmes et Mémoire (Cahiers d'Histoire);
Féminisme (Wikipedia) ;
Féminisme musulman (Wikipedia) ;
Le féminisme islamique Mémoire de Nejwa Al-Kettab 2012 ;
Huda Sha'rawi, féministe égyptienne, par Sonia Dayan-Herzbrun (Persée) ;



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TRAVAUX DE RECHERCHE INDIVIDUELS OU D'ATELIER

1)- La rencontre-communion existentielle est UNE, harmonique dans ses multiples aspects relationnels. Le déchiffrement actif de l'autre, lecture - apprentissage sans cesse recommencé, qui nous éprouve et nous évalue, réalise la communication à tous les niveaux conscientiels, intellectuels et charnels, fondée sur le désir et la confiance réciproque ainsi que sur une entraide effective de portée rayonnante.
La qualité de la rencontre dépend donc de ta réponse à l'appel intime de l'autre. Partielle, elle limiterait la rencontre et nous limiterait. Chaque rencontre-communion est une expérience singulière de naissance.
Se reporter à la communication précédente, chapitre Nov I - 8 - B, et essayer d'appliquer ce qui se rapporte à la relation-rencontre avec une œuvre d'art, à la relation-rencontre avec une personne aimée.
2)- Comment se situer personnellement par rapport aux conceptions évoquées.
3)- Essayer de remonter le cours du temps historique et de noter toutes les malversations et mutilations que les sociétés ont infligé à la dimension érothique de l'homme, à travers tabous, lois restrictives et condamnations...
                                                                                                                                
 

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