Les Communications qui forment "Les Novaliens", suite du blog "Les Relations d'Intelligence Créative", sont diffusées exclusivement sur le Net en avant-première. L'accès aux textes est donc pour l'instant libre et gratuit. Dans le respect des droits de chacun, merci de mentionner la source : © Claude Khal.

mardi 19 novembre 2013

DE LA LIBÉRATION À LA LIBERTÉ


Communication Nov V




L'ESPACE D'ÊTRE

DE LA LIBÉRATION À LA LIBERTÉ



RESSOURCES PÉDAGOGIQUES - V - 

« Il n'est jamais trop tard pour sortir de sa propre nuit.
Tu es la terre de ta naissance. »

« La conscience qui rêvait dans l'animal se réveille pensée dans l'homme. »


« L'essentiel, en ce temps de pauvreté morale, est de créer de l’enthousiasme. » 
Pablo Picasso


SOMMAIRE de la Communication Nov V

1 - L'homme d'intelligence 
Sum
L'actant

2 - La santé psycho-somatique 
Le devoir de bonne santé

3 - Pratique quotidienne de l'être 
Être, c'est être élan. 
C'est être lien. 
(Aphorismes)

Quelques quatrains d'Omar Khayyam

                                                                                                              


V - 1 - L'HOMME D'INTELLIGENCE


SUM.
Je suis vivant. Mon accomplissement accomplit la nature. Je suis être, composant nommé de l'Être-Tout. Tout est moi et je suis tout. Je suis vie. Et je suis là. Je n'ai pas une vie, je n'habite pas une existence. Je suis l'existence. Je m'écris vie. Mon existence est toujours en représentation. Je ne viens pas au monde mais je suis du monde. Tout existant préexiste à lui-même de toute éternité. Et jamais ne cessera d'être, quelle que soit la forme qu'il revêt. Si nous sommes, c'est parce que, de toute éternité, nous devons être pour assurer une étape dans le progrès de la charge de conscience universelle. Toute mutation n'est-elle pas émergence à un champ de conscience plus vaste ? L'homme n'est donc pas un objet erratique, un jouet, un exilé, un miracle inutile, une polyvalence sans projet, une insignifiance qui naît, rit, crie, mange, sue, s'accouple, dort, excrète et passe. Mais un déjoueur. Un bâtisseur. Mais il ne crée pas. Il re-forme. Racine de sens, il est le résurrecteur. Sécrétion de la Terre, accouché de l'histoire, levé droit parmi ses outils, il est une œuvre singulière qui ouvre le laboratoire de l'univers.

Homme fils de l'homme, point dans l'éternité. Mais non pas un point séparé. Chacun est partie(cule) organique intégrante de l'Être-Tout. Chacun n'est rien par soi-même et de soi-même. Mais chacun est, tout comme membre du biotype humain, fragment du Tout-Un. Chacun de nous est une puissante force d'accomplissement, caractérisée par sa relativité et sa permanence, sa brièveté et son importance. Sa valeur est dans sa relation au Tout.

L'humanité n'est pas une somme d'individus, une masse coagulée au psychisme anonyme. C'est un organisme exactement analogue à celui de chaque individu qui le forme. L'humanité, agrégation organismique, complexité harmonisée, c'est chacun de nous, dans sa pleine réalité. Chaque segment, identité partielle et universelle, vit le destin de l'humanité. Le corps n'est séparé des autres corps que par sa peau. Tout est tissu. Tout porte conscience. Tout est élan. Tout est lien. Chaque cellule participe à la vie de toutes les autres cellules en un échange constant.
 

« L'homme, goutte sans limites dans un océan sans bornes. » 
G .K.Gibrane 
« Le petit cercle n'est pas moins cercle qu'un grand cercle. » 
Sénèque

L'actant 

Nous ne le répéterons pas assez : « Ta place te cherche. » Depuis hier. A travers aujourd'hui. Vers demain. Chacun est le scripteur de son vrai nom. Refuse de vivre tes pseudonymes et simulacres. Sois l'auteur, non les rôles que tu joues, qui te jouent et qui se jouent de toi et te déjouent. Acquiers ton nom d'Homme. 
Que chaque moment soit pour toi un présent décisif, jamais plus indécis. Quitte à être l'auteur d'un seul acte, celui qui t'écris le mieux Homme d'un but, expression de ton besoin et de ta nécessité. Entier, va jusqu'au bout de toi-même. Et te réalise aussi loin que possible. Individuellement. Seul. Mais non isolé, car tu restes avec les autres. Intégralement. Personne n'est un être absolument autonome. 
Tu es l'évolution - ton exigence. Et il n'y a pas d'arrêt possible. Ne t'engourdis jamais. Sinon, tu seras possédé, écrasé. L'homme avorterait - par notre faute - sur une terre épuisée. Chacun est responsable non seulement de son univers mais de tout l'univers. Le devoir de chacun, maintenant, n'est plus de se multiplier, mais de s'élever. Et ne pas penser annuler sa responsabilité en niant ce but. 
Dresse l'éthos, l'éros. Vis une éthique volontaire, universelle, résolutoire des oppositions. Sans statuts qui figent. Sois simplement, pleinement, élan et lien. Te personnalise. Te centre. Te concentre, germe de la sphère, centre ouvert à tous les centres.
Se parfaire, clos sur soi-même d'abord, collecteur, et se focaliser pour donner, et, ouvert sur le monde, rayonner sa différence singulière. Le personnel et l'universel en soi se rejoignent. Le point s'élargit sphère et rayonne Soleil. Quand je suis un, je suis tous, je suis Tout.
Libre d'être qui tu es, fais ce que tu veux. Mais d'abord, sois de ceux qui peuvent vouloir. Le plus dur d'une montagne, ce n'est pas sa hauteur, mais sa pente. Cesse de miser sur les choses qui t'entourent. Elles se consument inexorablement. Ne mise que sur toi-même à la barre. Assigne à toi-même ton bien, ton mal, ta loi, ton but et ta victoire sur toi-même. Clair et net, évite l'ostentation, le paraître faux sur le marché des conflits. Chacun est soi-même son propre juge, son propre témoin et son propre justicier. Poing ouvert de la Terre, chacun est porteur de geste, voué à l'espace. La Terre n'est qu'une station dans ton immense voyage...

« La révolution vraie est affaire d'individus » 
Artaud


Ton vrai visage n'est pas renvoyé par les miroirs. Retrouve ton identité, ton histoire vraie. L'identité retrouvée ouvre l'avenir. Désamorce le chaos en toi pour renaître homme à la face de l'univers. Ne demande pas ton chemin. Il est là. En ton cœur. Et n'attends pas les autres. Avance. Demain n'est pas une sortie de secours, un espoir, une expectative. Demain est un défi à relever. Demain c'est maintenant. Et qui n'avance pas vers les hauteurs, recule...
Chante. Ne parle plus. Laisse la parole aux lourdauds qui se traînent et mentent. Le chant et le silence ne mentent pas. Ils dansent. Désapprends la patience. Ne t'accepte pas piégeur ou proie. Mais actant. Acte. Et que tout devienne ton miroir. Vivre c'est communiquer et communier. Etre élan et lien. Donne. Retenir c'est mourir. Donne. Mais mérite d'abord d'être donateur. Et mieux que donner, confier. 
Et, fidèle à ton but, prouve-toi créateur, transmets la vie et féconde à ton tour un créateur, et non simplement un héritier. Libère-toi de toute haine. Délivre-toi des résignations. Désapprends d'obéir pour t'obéir. Apprends la ténacité, la solitude (sans t'exclure des autres, en étranger). Noueux, clair, simple, sans feintes. Lucide. Sans fièvre ni peurs. Hors culpabilité. 
La liberté totale est un leurre. Tout est mutuelle interdépendance. Mais cherches à te dégager du plus grand nombre de dépendances. Qui possède peu est d'autant moins possédé. La liberté se mérite, comme la vie. Et elle est bien plus exaltante quoique plus dangereuse et risquée que la servitude tranquille du bétail de ferme...


V - 2 - LA SANTÉ PSYCHO-SOMATIQUE


La santé c'est être en harmonie avec soi-même et avec le monde. Etre bien c'est être un. C'est être élan. C'est être lien. La santé est l'état d'équilibre organismique sous-tendu par les instincts bio-narcissiques de conservation de soi et de l’espèce.
Tout état de conscience agit comme un filtre répartissant l'énergie disponible dans le corps de façon à assurer le meilleur fonctionnement des organes. Si ce filtre défaille, il se produit un déséquilibre, une déviation, une distribution irrégulière du courant énergétique. Et qui se manifeste sous la forme de troubles, insomnies, céphalées, toux, risquant de provoquer à la longue des altérations organiques. 
C'est l'action collective des glandes endocrines et des ganglions neuronaux qui organise la réponse de l'organisme et lutte pour le rétablissement de la distribution régulière de l'énergie. La disharmonie entre les relations endocrines provoque la douleur - signal d'alarme, avertissant de la nécessité de remédier, dans les plus brefs délais, à cette disharmonie. La douleur - la maladie, choisit son siège dans l'organe le plus sensible ou le plus affaibli. Son intensité éclipse ou exclut les autres sensations durant un certain temps. Cependant le siège et la nature de la maladie déclarée ne sont que les différents aspects d'une défaillance générale dans la répartition énergétique. La cause est unique. 
La nature tend toujours à réparer, à remédier tout déséquilibre, à fortifier 1'organisme, à reconstruire les tissus atteints, bref à rétablir l'harmonie. La laisser faire donc mais l'aider, en cherchant à guérir plutôt le malade que la maladie. En cessant de violer la loi d'harmonie, en se reposant complètement, et en se nourrissant aux différentes sources d'énergies selon les besoins.
Mais il vaut mieux prévenir que guérir. Et il ne s'agit pas seulement de comprendre, d'approuver, mais de vouloir et d'agir en conséquence. La vie est ce qu'on en fait. Et nos actions, et notre entourage, toute notre vie, nous renvoient notre image...


Le devoir de bonne santé

Comment prétendre aider efficacement à la construction de la société ou de quoi que ce soit si l'on ne jouit pas d'une bonne santé ? Si l'on est à la traîne ? Nous avons tous besoin de santé - la vraie richesse. Et nous sommes tous responsables de nous-mêmes. Dans un corps rayonnant de santé, assoupli, les nerfs sont apaisés, la circulation du sang améliorée, l'activité intellectuelle et sexuelle renforcée, l'éclat personnel assuré. On y gagne en endurance et on se sent libre et léger. 
Honorer donc sa santé. Et la conserver rayonnante de dynamisme. On ne peut rien contre les problèmes génétiques, les déficiences ou les atteintes virales, quoique nous pouvons tenter de nous en préserver. Et personne ne peut prévenir les conséquences d'un accident, d'une épidémie ou des retombées nucléaires. Le hasard, dans ces cas, est maître du jeu.
En-dehors des cas évoqués, tout dysfonctionnement est dû généralement au manque d'attention à soi-même. Elle est le prix que nous payons pour nos négligences et nos transgressions. On subit tôt ou tard les conséquences de ses négligences. Les erreurs fondamentales, aggravant les défaillances du système immunitaire et les déficiences organiques, résident particulièrement dans le manque d'un but de vie satisfaisant qui soutienne le dynamisme psycho-somatique. Elles résident également dans la négligence dans l'approvisionnement énergétique du corps, comme une nourriture impropre, ou insuffisante ou excessive ; s'enfumer, se goinfrer et paresser... Pourquoi s'abandonner au hasard, comme une épave ? Toute faiblesse est un symptôme d'intoxication et ne conduit qu'à l'aliénation de sa liberté. Chacun est, finalement, et pour une grande part, responsable de lui-même.

Se centrer. Toute décentration fait dériver et dévier du chemin par soi-même fixé. En cas de défaillance, il devient difficile de retrouver son intégrité compromise. Il est ,certes, difficile de ne jamais entraver le fonctionnement normal de son organisme psycho-somatique ou d'ignorer ses exigences bio-narcissiques.

Sourire. Vivre en souriant. De sourires. Trouver ainsi le calme, la sérénité et les communiquer. Eviter les conflits parasitaires, source d'angoisses vaines. Toutes les commotions émotionnelles, l'instabilité, les contrariétés, sont délétères. (Elles provoquent, entre autres, l'hyperacidité gastrique, les caries dentaires, l'alopécie...). Eviter les ambiances où l'on se sent mal à l'aise, en disharmonie.

Pratiquer le silence. Les gens parlent lorsqu'ils cessent d'être unis en eux-mêmes. Ils se dilapident en vaines paroles. Tandis qu'ils ne devraient parler que lorsque les paroles sont plus éloquentes que le silence. Mais les gens, par peur de la solitude, se fuient et recherchent la compagnie des bavards. Les mots sont des dérivatifs à l'angoisse. Les gens, souvent, se dispersent, se délayent en mots, ayant perdu leur densité. Parlant trop, ils s'évident, à vide. D'autre part, la parole est vouée aux maladresses, aux malentendus, à l'erreur, et souvent à l'imposture. La culture, moins on l'a, plus on l'étale, a-t-on dit. Cela est aussi vrai pour l'in-culture. En effet, qui parle trop ne sait pratiquement rien... Une bouteille vide qui se remplit fait entendre le gargouillis du bavardage régressif. Mais elle progresse vers le silence concrétisant la pensée. Pleine, elle offre son silence, sa joie rayonnante... Les gens parlent d'habitude pour utiliser leurs connaissances, à bon ou mauvais escient. A nous d'utiliser nos connaissances pour communiquer et enrichir. Ou se taire. « Le mot que tu n'as pas dit est ton esclave, tandis que celui que tu as dit est ton maître. »

Et lève-toi quand se lève le Soleil. Pour enrichir le monde de notre présence. Ton objectif essentiel. Le recréer unitaire. En toi, pour toi, à travers toi.

V - 3 - Pratique quotidienne de l'être


Il nous gêne de prescrire quoi que ce soit. Mais à la vue de tout le gâchis existentiel que nous côtoyons, il nous incombe de proposer certaines clartés sur le comportement individuel. Ce que nous proposerons donc n'est pas une doctrine sèche mais une expérience généreuse de vie. Et nous la formulons comme suit :

ÊTRE, C'EST ÊTRE ÉLAN. C'EST ÊTRE LIEN


Nous formulons ainsi la bio-éthique universelle. Cette formule devrait donc nous suffire. Elle est tellement claire ! Toutes les autres formulations n'en sont que des miroirs. Mais la plupart d'entre nous demandent encore des éclaircissements. Et c'est à leur intention que nous proposons les prescriptions et aphorismes suivants issus, tous, de la formule-mère.

Mais d'abord, de l'humour. Souris. Le sérieux pontifiant, laisse-le aux ânes. Ris-toi des travers plutôt que de les maudire. Ne t'endurcis jamais. Sois souple, jamais figé dans des habitudes.

Ta vie est tout ce que tu es. Ne la gaspille pas. Et renouvelle-toi chaque jour.

Tu es toi-même ton souverain maître. Si tu n'es pas toi, qui le sera ? Tu es l'auteur de ta destinée. Tu es toi-même la cause de tout ce qui t'arrive. Il n'y a d'autre destin que celui qu'on se crée soi-même. Et chaque jour crée le destin du lendemain.

Vis le secret de ta graine. Et accomplis-toi jusqu'au bout, selon tes propres lois.

Ta maison est en toi, nulle part ailleurs. Ton chemin va de toi-même à toi-même. Et tout ce qui t'en éloigne est source d'anxiété.

Chaque matin, éveille-toi à ton authenticité. Découvre qui tu es. Tu es ce que tu deviens. Et deviens qui tu es. Dans l'autonomie de ta décision et de ta responsabilité. Redécouvre-toi voix et corps. Nourriture luxuriante. Dis et chante à haute et claire voix Source tonique de lucidité...

Existe d'abord pour toi. Puis, avec les autres, pour les autres. Ne désire que tout l'absolu et rien que l'absolu. A travers tout le quotidien.

Sois une passion une et unique, pleine et entière. Et ne laisse pas ton rêve s'effriter dans les compromis.

Ton univers est ce que tu veux qu'il soit. Affermis ta volonté de présence entière à la vie.

Tu n'as pas besoin d'églises, de temples, de mosquées et de prières. Tu es l'église, le temple, la mosquée, la prière et l'encens.

Ne reconnais que l'autorité de la sagesse. Celle qui est puissance d'élan et de lien. Puissance de vie. Qui engendre la vie.

Ta vraie patrie, c'est toi. Elle est là, en toi, autour de toi, là où tu es. Et devant toi, là où tu vas.

Monte l'échelle, ton échelle. Sans distractions. Et regarde toujours plus haut. Au sommet, néglige le dernier appui, car tu émerges à la connaissance.

Et ne va jamais seul sur le chemin de la vie, quand tu peux avoir un compagnon qui te reçoit, te complète et qui te construit avec/par/et à travers lui. Toute rencontre est source. La vie est source.

Etre deux pour se fondre au creuset de l'amour, de la vie, et être un ensemble pour avancer. Aimer c'est voyager - l'épreuve de la vie et sa preuve.

*

Avance. Risque tout dans une fidélité sans défaillance à ton but. La détermination suscite les moyens à utiliser afin de surmonter les épreuves, de franchir les obstacles. Se décider, c'est se lier librement. Ne pas se décider, c'est se rendre esclave de ceux qui décident. Une vie sans but est vide et amère.

Il n'y a qu'une seule voie qui mérite d'être suivie : La voie d'amour. Qui s'alimente d'elle-même.

Plus on s'élève dans la perfection, plus on désire s'élever encore et atteindre un plus haut degré. Le désir croît avec l'élargissement des horizons.

De chaque fin, fais-en un commencement. Tu es la pierre angulaire.

Donne à chaque acte de ta vie toute son importance. Et en retire le maximum de joie. En chaque instant, sois naissance, renaissance. Pouvoir ainsi s'engendrer perpétuellement neuf dans l'éternel présent.

Se consacrer à des choses sans importances, c'est se perdre dans l'aléatoire, le futile, la confusion, le bavardage incessant, perdre de vue son vrai but, et leur permettre, à ces choses in-sensées et vaines, de nous submerger et de nous emprisonner.

Donne-toi sans restrictions à ta tâche constructive. Donne généreusement le meilleur. Sans réserve. Mais au préalable, il importe de te qualifier pour que tu puisses donner le meilleur de toi. Il faut être heureux soi-même pour pouvoir donner du bonheur, partager le bonheur.

Etre, c'est être élan. Mais, au préalable, se savoir solitaire, irrémédiablement. Se vouloir seul. Puis connaître le sens, la portée et les limites de sa solitude. Et c'est se découvrir brusquement lien. Solidaire. Se savoir ainsi irrémédiablement lien. Et se vouloir lien et se vivre élan et lien.

Ton voyage est d'abord solitaire. Apprends à devenir ton propre aimé, à te suffire de toi-même, à être à ton propre service, à vivre indépendant, autonome, sans t'appuyer sur qui que ce soit en-dehors de toi. Puis tu te découvriras solidaire et lien. Et tu t'ouvriras au monde. Et tu sauras ainsi l'enrichir pour le bien de tous.

Ne t'exile jamais hors de toi-même, ta source. Garde ton sanctuaire imprenable, ton espace inviolable. Le génie humain se caractérise par le pouvoir de s'isoler, de se réfléchir et de s'orienter. « Savoir se garder est la plus forte preuve d'indépendance ».

Vise la connaissance, en homme d'intelligence. Pour maîtriser son existence, il nécessaire d'acquérir un savoir et un savoir-être. Se maintenir dans l'ignorance, c'est accorder plus de pouvoir aux potentats de la bêtise.

Il est facile d'avoir des opinions - qui enferment dans un cercle. Seule la connaissance entière en dégage.

De l'exigence envers soi-même, avant toute chose, pour être fort de caractère, d'intelligence et d'amour. Seuls faibles, incertains et lâches se regardent avec indulgence. Est lâche qui se néglige et obéit en esclave à ses caprices et suit en aveugle le courant d'autres aveugles...

Etre sain de corps et d'esprit, c'est s'aimer, se respecter, se vivre nexus, plexus et sexus. C'est être libre pour oser et vivre son exigence entière d'authenticité dans l'interrogation, la recherche et l'expérience - enracinement d'être.

Qu'est-ce qui te meut ? - Un projet, une idée. Tu deviens ce que tu penses que tu es. Tu es ce que tu penses être. Tout est dans le désir. Et si le cerveau et le cœur sont en conflit, suis le cœur. Il ne se trompe pas.

Se construire d'abord pour pouvoir construire le monde. Ton matériau c'est toi-même. Et ta finalité.

Passe du vouloir-être au pouvoir-être. Affermis ta liberté. Toute intention non portée par un acte est vaine. L'intention, au lieu de la laisser se balancer au gré du vent, fais-en une empreinte gravée sur ton front.

Attache ta puissance à la nécessité d'être élan et lien. Tes seuls ennemis sont tes faiblesses.

Et ne te satisfais jamais de rien moins que le sublime.

Tu es le médecin et le juge de toi-même. La panacée c'est être élan et lien. C'est l'exercice de sa volonté dans ce sens.

De la vigilance. Qu'elle soit l'exercice de tous les instants. Penser n'est pas une aspiration confuse. C'est exercer sa logique dans toute sa rigueur. Œil ouvert et cœur ouvert.

De la sérénité tranquille. Elle n'est pas l'apparence de la sérénité, c'est-à-dire une faiblesse de caractère, un confort intellectuel, l'amabilité et la mollesse qui t'obligent à mettre sans cesse de l'eau dans ton vin. Elle est droiture lucide. Elle s'allie à la fermeté.

De la fermeté. Sans aucune contrainte, sans auto-tyrannie. La fermeté n'est pas dureté, une discipline affectée et prétentieuse, une attitude préméditée et affichée. Elle s'allie à la sincérité, à la simplicité nue. On ne s'appuie que sur ce qui résiste fermement.

Sois sobre de gestes et de paroles. Sans être austère ni accommodant. Charge-toi de forces claires. Ne t'alcoolise ni ne t'enfume le corps ni l'esprit. Les forces confuses ne sont que blocages...

De la clarté et de la simplicité nue. Sans familiarité. Toute ébriété est malvenue. Aies l'exigence d'être propre, net, et clair de regard, beau et harmonieux, impartial et désintéressé, simple et sincère sans détours, original mais sans négligence. Libre et alerte d'esprit et de corps, ouvert. Exigence de la clarté en soi et autour de soi. La sobriété souligne le relief de l'attitude.

Sois fier dans la joie de la haute liberté et la simplicité dense. La puissance vraie ne s'affiche pas. Elle est dans sa transparence, son évidence.

Et vis les extrêmes, au faîte de toi-même. Vis d'audace et d'amour dans le champ des nouvelles découvertes...

*

Tout est sacré. N'avilis jamais ton corps, l'affaiblis, le brime et le bride.

Que toute ta vie soit compatible avec l'idée que tu te fais de toi. Tes œuvres te jugeront. Il n'y a pas d'actes indifférents. Les effets sont analogues au motif de l'acte et à sa portée.

« Fais ce que dois » - volontairement. Et ne fais jamais ce que tu ne voudrais pas qu'on te fit. Omettre de faire ce qu'on doit ou commettre ce qu'on n'aurait pas dû est également lâche.

Vis comme si tu as des siècles devant toi et comme si tu peux mourir d'un instant à l'autre. Sinon, tu passes, perds et manques.

Ne cours pas pour rester à la même place. Mais t'élève, verticale au centre de la roue.

Ne te gaspille pas en futilités. Pour ne pas te disjoindre dans l'incohérence. Amuse-toi des puérilités.

Privilégie l'être, non l'avoir. L'être, non le paraître. Ta destinée est de porter témoignage. Ce que tu as est fini, transitoire. Tu t'en sers. Mais ce que tu es est infini. Il te fonde.

Ta vie t'appartient. Tu es la vie. Rien ne t'appartient. Tu n'as que le privilège éphémère de pouvoir disposer, te servir de tel ou tel objet, pour tel ou tel usage, durant un certain temps. C'est l'usage seul qui justifie ce privilège. Partage comme la nature. Tu reçois dans la mesure où tu donnes.

Ne t'alourdis donc jamais de quoi que ce soit. Lié à tout et détaché de tout. Affranchi de toute obligation mais lié, lien. Ne t'entrave jamais de tensions inutiles, d'agitations, de superflu, de formules, de formalités et de conventions...

Va sans hypocrisie, arrogance ou dogmatisme, sans suffisance, morgue ou fausse humilité, sans mentir ni médire. Et donne sans avarice.

Décide et persiste dans la voie que tu t'es choisie. Agis sans diversion, sans relâche. Sans t'affaiblir. Dans l'unité du but et de l'action. Résiste à toute contrariété. Ne te diminue jamais. Ne te laisse pas troubler par des futilités.

Agis sans regrets ni hésitation, ni doute, ni remords. Rien, en fait, n'entrave. Les blocages, les pièges, c'est toi qui les crées. On ne s'accroche pas à l'eau pour nager. On flotte, on fait confiance. L'homme se terrorise lui-même. Tâche de te libérer de toute peur. En restant ton propre maître.

Sois indifférent au temps qui passe. Qu'importe la brièveté de la vie. L'essentiel est ta présence au monde et ce que tu en fais.

La vertu d'oubli. Ne dis plus « ce fut » mais « cela sera ». Mieux « cela est ». Refuse les haltes vaines, les retours en arrière, la rumination des souvenirs. Toute halte injustifiée calcifie. Ne regarde pas en arrière. Détache-toi du passé. Et s'il faut le survoler, tâche de ne pas y sombrer. Les yeux regardent devant.

Tout geste, fais-en un rituel d'existence, acte noué de beauté et de sens. Exerce-toi souvent aux privations volontaires. Tu supporteras mieux les privations involontaires.

Saisis l'unité dans la multiplicité, le silence à travers tous les bruits. Ta valeur est dans ta relation au Tout.

Le mouvement est puissance d'être. Alterne l'action et le repos; la faim et la satiété ; la sévérité et la douceur. L'absence dispose à la joie des retrouvailles. Agir dans le même sens fatigue et déséquilibre. Un feu constant fait éclater. Alterne les extrêmes.


*


Ne t’inquiète pas du succès et libère-toi du besoin d'être sans cesse approuvé.

Les autres : si leur opinion te trouble, tu en es l'esclave. Laisse dire et médire. Reste au centre de toi-même.

Isole-toi souvent pour concentrer en toi ta force, jusqu'à t'être suffisamment aimanté pour pouvoir rayonner.

Choisis tes relations au lieu qu'elles s'imposent à toi. Retire-toi des cercles où tu n'as aucune initiative. Evite tous ceux qui survivent à la surface d'eux-mêmes. Il est nécessaire de te soustraire aux influences chaotiques.

Le prestige s'allie soit au mystère soit à la clarté. L'un intrigue, tient en haleine. Le second pacifie et rend heureux. Toi, n'aies besoin que de clarté.

Ne vise que l'égalité de ceux qui sont clairs.

Entoure-toi de réveils afin de te protéger de la dispersion. Ne te dégrade pas le goût en t'entourant de laideurs ou de discordances.

Les gens sont différents. Bons en eux-mêmes mais les conditions de lutte pour la survie dans une société de requins les rendent méchants et mesquins.

Les autres ne sont pas parfaits. Ne les désire pas à ton image - tu en souffrirais inutilement -, mais toi-même donne-toi en exemple vivant. Ne te préoccupe pas de l'attitude des autres. Ne considère que ta propre attitude envers eux.

Pour orienter les confiances et les volontés de ceux qui ne savent pas s'obéir à eux-mêmes, comme 1'aimant oriente le fer, et pour former des chaînes solidaires, il te faut pouvoir être toi-même ton propre maître, te posséder, te reconnaître, te gouverner toi-même. En toute rigueur et en toute simplicité. En toute sérénité et en toute fermeté. Deviens aimant pour aimanter et tu aimanteras naturellement.

Au lieu de souffrir les uns par les autres, s'offrir lien, les uns aux autres. Mais la voie est d'abord individuelle.

Garde toujours la distance du regard, sans jamais te rendre inaccessible. Ça servirait à quoi ? Garde le cœur ouvert et l'œil ouvert, sans imprudences.

Mais entre la présence d'esprit et la présence de cœur, n'hésite pas. La présence de cœur est généreuse, chaleureuse. La présence d'esprit brille mais souvent trompe, aveugle et dévoie...

Si tu es cerné par une meute malintentionnée, défais sans attaquer. On n'attaque que ce que l'on craint. Si tu es sans peur, rien ne pourra contre toi. Et si tu suis ta voie fidèlement, tu seras sans crainte.

Ne te pétrifie jamais derrière un masque. En porter un est dû à la peur d'autrui, à la considération excessive du jugement d'autrui, à l'aliénation au regard de l'autre. Ne laisse pas les autres te forger ton identité publique. Généralement, on porte le masque que les autres nous prêtent, ou celui qui plaît à la personne dont l'opinion nous tient à cœur. On adopte un style particulier pour plaire à tel ou tel autre ou lui en imposer... Toi, sois net de tous ces préjugés et de toutes ces singeries...

Ne te terre pas dans les conventions et te pétrifie dans les convenances. N'endosse pas l'apparence irréprochable, trop respectable, affable, décente, complaisante bien sûr, charitable, paraissant honnête, d'accord avec tout le monde. Cela ne trompe personne d'autre que toi.

Cultive le silence. Ne parle que de ce qui peut être utile à ton bonheur et à celui des autres. Evite la dispersion dans les bavardages. Pas d'artifices dans tes paroles. Va droit au but. En accord avec ta pensée.

Ne mens jamais. Ton affirmation fait loi. Ta sincérité est le gage de ta liberté. Tu es responsable de toute parole exprimée ou tue. Pas d'artifices ni de détours. Parle en accord avec ta pensée. Et regarde droit dans les yeux. Sois inaccessible aux corruptions, aux succès, aux affronts... Ne profère aucun serment pour attester la vérité. Ta parole donnée suffit.

Qui se vante perd tout mérite. Protège, dans le secret, le sacré de tes certitudes. L'insensé étale sa vie. Toi, concentre-la.

Pas de discussions négatives, épuisantes et qui n'aboutissent à rien. Tais-toi quand bourdonne la dispute. Évite les négations, les sujets de division. Protège-toi contre toute situation source d'allergies, c'est-à-dire refusée. Et les obstacles sont renaissants. Ferme, n'accepte aucun compromis. Toute situation, psychiquement refusée, mais apparemment tolérée, est à 1'origine de multiples troubles psychosomatiques. La pression des compromissions provoque les plus durs effondrements.

Par ton épanouissement, s'épanouit la société. Par ta négligence, elle dépérit. Commence par freiner ta pollution personnelle. Et il n'est pas d'excuse comme « Qu'est-ce que je peux faire tout seul ? » Tout peut commencer quand on cesse de se croiser les bras...

Donne et te donne. Ne te suffis pas de vouloir donner généreusement. Mais, réellement, ouvre les mains, transmets tes dons, ouvre-toi à 1'universel. Qui ferme le poing, que peut-il retenir ? Ouvre les mains, disponible à l'instant.

Ne profane ou n'abîme jamais une dignité. Qui est sans amour, avilit tout ce qui l'approche. Qui convoite une œuvre d'art la profane.

Ne fais de tort à personne. Ni directement ni indirectement ni par omission. Ne provoque pas les colères. Et ne cherche pas à te mesurer aux autres. Il est malsain de faire du tort, de frustrer, de nuire, de mépriser et de se faire des ennemis. L'amour entraîne l'amour, la haine entraîne la haine. Aimer c'est nous aimer, nuire c'est nous nuire, haïr c'est nous ruiner. La haine dévore, avilit. Toute malédiction détruit. Toute injustice appelle la vengeance. On s'empoisonne soi-même de laideurs et de rancunes.

Recherche la beauté autour de toi. Tous, au fond d'eux-mêmes, aspirent au bonheur, à la beauté.

Ne jamais travailler contre les autres. Mais avec les autres. Pour le plus grand bien de tous.
 
*

Ton fils, apprends-lui qu'il vivra du travail de ses mains. En le nourrissant, dis-lui : Mange ce qu'on t'a préparé pour que tu puisses en préparer, à ton tour, pour toi et pour tous tes frères.

La mort. Les tombes sont glacées et vides. Une insulte à la vie. Comment perdre la vie puisque tout est vie, que tout se transforme ? La matière ne meurt pas. Pourquoi la pensée mourrait-elle ? Ce qui tue réellement c'est les années corrompues chargées de l'accumulation d'avidités, c'est le mal-être... Mais ne te lamente ni sur les malvivants ni sur les morts ni sur toi-même. Affronte la réalité, change les conditions d'existence et enrichis la vie. Pour un peu plus de bonheur et de beauté...

Ta vie sur cette Terre est comme un radeau que tu construis pour traverser un fleuve et que tu abandonnes après la traversée.

Et le seul trophée à emporter, c'est d'avoir vécu élan et lien. 

*

*        *

Ce que nous avons voulu, c'est rencontrer la soif de vivre authentiquement, chez chacun; c'est inciter à l'expérience d'une pleine-vie généreuse; c'est relever des impasses; c'est engendrer à la vie un homme au regard clair.
Pour renouveler l'homme d'abord, - de l'intérieur.

© Claude Khal

                                                                                                                                 

Quelques quatrains de Omar Khayyam
Bien que je fasse envie. au cyprès, bien que je sois beau
Que mon teint rivalise avec celui de la tulipe,
Rien ne peut m’expliquer pourquoi mon peintre de là-haut
A daigné m’ébaucher pour que son souffle me dissipe…

Comme moi, cette cruche était un être pantelant;
Son bec a soupiré pour les beaux yeux d’une insensible.
Cette anse que tu vois tâter la rigueur de son flanc
Fut un bras vigoureux autour d’une taille flexible.

Qui peut croire jamais que celui qui porte ses soins
A parfaire une coupe, en détruise la réussite ?
Mais tous ces corps charmants, ces belles têtes, ces beaux seins,
Quel amour les créa ? Quelle haine les précipite ?

Un souffle éloigne seul l’incrédulité de la foi.
Il n’est entre le doute et la certitude qu’un souffle.
De ce souffle si court, faisons le plus joyeux emploi.
De la vie à la mort, on glisse en l’espace d’un souffle.

D’illustres idiots ont l’univers entre leurs mains.
Ils croient, innocemment, que la lumière est dans leur crâne.
Ne t’inquiète pas car ces pontifes souverains
Donnent de l’hérétique à ceux qui ne sont pas des ânes.

La course de nos jours arrive bien vite au relais.
La mort les suit en croupe. Aussi, tant que j’aurai la vie,
Deux de mes jours comptés ne me tourmenteront jamais :
Hier, cet oublié; demain, dont je n’ai nulle envie.

Suis les hommes de bien que l’intelligence fleurit;
Applique à fuir les sots, de ta vitesse la plus agile.
Accepte le poison que te verse un homme d’esprit
Et renverse à tes pieds l’antidote d’un imbécile.

Extraits des « Roubaïyat » de OMAR KHAYYAM
Traduits par Théophile Gautier (?)


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